Toutes les louanges appartiennent à Allah. Nous Le louons, Lui demandons Son aide et Son pardon. Nous cherchons refuge auprès d’Allah contre le mal qui est en nous-mêmes et contre celui de nos mauvaises actions. Celui qu’Allah guide nul ne peut l’égarer, quant à celui qu’Il égare nul ne peut le guider. J’atteste qu’il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah, l’Unique, Celui qui n’a aucun associé. Et j’atteste que Mouhammad est le serviteur d’Allah et Son messager.
يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ حَقَّ تُقَاتِهِۦ وَلَا تَمُوتُنَّ إِلَّا
وَأَنتُم مُّسۡلِمُونَ
{Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah comme il convient de Le craindre, et ne mourez qu’entièrement soumis.}[1] [Âlou ‘Imrân, v.102].
يَٰٓأَيُّهَا ٱلنَّاسُ ٱتَّقُواْ رَبَّكُمُ ٱلَّذِي خَلَقَكُم مِّن نَّفۡسٖ وَٰحِدَةٖ وَخَلَقَ مِنۡهَا زَوۡجَهَا وَبَثَّ مِنۡهُمَا رِجَالٗا كَثِيرٗا وَنِسَآءٗۚ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ ٱلَّذِي تَسَآءَلُونَ بِهِۦ وَٱلۡأَرۡحَامَۚ إِنَّ ٱللَّهَ كَانَ عَلَيۡكُمۡ رَقِيبٗا
{Ô hommes ! Craignez votre Seigneur Qui vous créa d’un seul être et Qui, de cet être, créa son épouse, puis des deux, fit se répandre hommes et femmes en très grand nombre. Et craignez Allah au nom de Qui vous vous implorez mutuellement, et craignez de rompre les liens de parenté, car Allah vous observe en permanence.} [An-Nisâ, v.1].
يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَقُولُواْ قَوۡلٗا سَدِيدٗا ٧٠ يُصۡلِحۡ لَكُمۡ أَعۡمَٰلَكُمۡ وَيَغۡفِرۡ لَكُمۡ ذُنُوبَكُمۡۗ وَمَن يُطِعِ ٱللَّهَ وَرَسُولَهُۥ فَقَدۡ فَازَ فَوۡزًا عَظِيمًا
{Ô vous qui croyez ! Craignez Allah ! Tenez des propos justes ! Il rendra vos œuvres meilleures et vous pardonnera vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son Messager jouira d’une immense félicité.} [Al-Ahzâb, v.70 – 71].
Ceci dit :
Ô musulmans ! Craignez Allah le Très-Haut et soyez conscients qu’Il vous observe constamment. Obéissez-Lui et abstenez-vous d’enfreindre Ses ordres. Sachez qu’Allah a envoyé Son Prophète Mouhammad ﷺ après une longue période sans Messagers, à une époque où le polythéisme s’était répandu sur toute la terre, y compris la plus noble des contrées : La Mecque. Le Prophète ﷺ commença par appeler ses proches parents à l’Islam. Un petit nombre d’entre eux répondit favorablement à son appel, tandis que la majorité le rejeta. Son appel demeura quelque temps discret, et les mécréants de Qouraych n’y prêtent guère attention. Mais lorsque le Messager d’Allah ﷺ proclama ouvertement son message, discrédita et blâma leurs divinités, les polythéistes changèrent alors d’attitude afin de préserver leurs idoles et par fanatisme envers elles.
Ils tentèrent alors de le dissuader par l’argent, afin qu’il devienne le plus riche d’entre eux ; ils lui proposèrent de se marier avec les plus belles femmes ; ils lui promirent la souveraineté sur eux ; ils allèrent même jusqu’à lui suggérer qu’il adore leurs divinités une année, tandis qu’eux adoreraient Allah l’année suivante. Mais il refusa catégoriquement ﷺ.
وَدُّواْ لَوۡ تُدۡهِنُ فَيُدۡهِنُونَ
{Ils voudraient que tu leur fasses des concessions, étant eux-mêmes disposés à transiger.} [Al-Qalam, v.9].
Ils se mirent alors à torturer ceux de ses Compagnons qu’ils pouvaient atteindre, parmi ceux qui ne disposaient ni d’influence ni de clan pour les protéger. Ils leur infligèrent les pires supplices afin de les contraindre à revenir au polythéisme et d’effrayer ceux qui envisageraient d’embrasser l’Islam. Lorsque le Messager d’Allah ﷺ vit les épreuves endurées par ses Compagnons, et qu’il n’était alors pas en mesure de les protéger, il leur autorisa d’émigrer vers l’Abyssinie. Ils y émigrèrent à deux reprises : la première lors de la cinquième année de la mission prophétique, et la seconde durant la sixième. Par la suite, ils émigrèrent vers Médine, avant que lui-même ﷺ ne les rejoigne, afin de mieux propager l’Islam et de pouvoir adorer Allah en toute sécurité et sérénité.
Ô musulmans ! Quiconque médite sur l’émigration prophétique y découvre des sagesses immenses et en tire de grandes leçons. Parmi celles-ci, on peut citer :
- Le sacrifice des biens, de la patrie et du clan pour la cause d’Allah. Lorsque le Prophète ﷺ quitta La Mecque, il se tourna vers elle et s’exclama : « Par Allah ! Tu es la meilleure terre d’Allah et la plus aimée d’Allah. Et si je n’en avais pas été expulsé, je ne t’aurais jamais quittée. »[2]
- Lorsque l’appel à Allah se heurte à des obstacles dans un lieu donné, il convient de se tourner vers un autre lieu pour y poursuivre cet appel. Ainsi, lorsque le Prophète ﷺ désespéra de voir les Qouraych être guidés, il se dirigea vers Médine afin d’y appeler à Allah.
- La manifestation de la loi divine de l’épreuve. Le prix du Paradis est extrêmement cher ; il ne s’obtient pas dans le repos du corps, mais par l’effort dans l’obéissance à Allah et par la patience face aux épreuves :
أَمۡ حَسِبۡتُمۡ أَن تَدۡخُلُواْ ٱلۡجَنَّةَ وَلَمَّا يَعۡلَمِ ٱللَّهُ ٱلَّذِينَ جَٰهَدُواْ مِنكُمۡ وَيَعۡلَمَ ٱلصَّٰبِرِينَ
{Pensez-vous donc entrer au Paradis sans qu’Allah ne distingue ceux d’entre vous qui sont prêts à lutter pour Sa cause et à endurer les épreuves ?} [Âlou ‘Imrân, v.142].
Il aurait pourtant été facile pour Allah – exalté soit-Il – de détourner tout mal du Prophète ﷺ et de le transporter instantanément de La Mecque à Médine, comme Il l’avait fait de La Mecque à Jérusalem lors du voyage nocturne sur la monture Al-Bourâq. Mais Allah voulut l’éprouver afin qu’il soit un modèle pour sa communauté et pour ceux qui viendront après lui, afin que l’attachement sincère [à la religion] se manifeste, que la véracité soit dévoilée, que la récompense soit accrue auprès d’Allah, et afin que les prêcheurs apprennent la patience face aux préjudices qu’ils rencontrent sur le chemin de l’appel à Allah.
- La nécessité d’accomplir les causes matérielles. Et cela apparaît clairement dans la préparation minutieuse du Prophète ﷺ. En effet, il n’émigra pas avant qu’Allah ne le lui autorise ; il choisit un compagnon digne de confiance : Aboû Bakr رضي الله عنه; il s’appuya sur ‘Abdoullâh ibn Abî Bakr pour lui transmettre les nouvelles de Qouraych ; il sollicita également l’aide de son affranchi ‘Âmir ibn Fouhayrah pour leur apporter du leben – celui-ci était berger ; il eut recours à ‘Abdoullâh ibn Ourayqit Al-Laythî pour leur indiquer la route, bien qu’il fût polythéiste, car il était digne de confiance et connaissait parfaitement le chemin.
Parmi les moyens qu’il prit également :
– Il emprunta un itinéraire inhabituel afin de tromper les polythéistes.
– Il se cacha dans la grotte du mont Thawr, au sud de La Mecque, durant trois nuits.
– Il ne quitta la grotte pour Médine qu’une fois les recherches des polythéistes interrompues.
– Il garda secret son itinéraire, ne le divulguant qu’à ceux dont la participation était indispensable (ceux qui ont été mentionnés plus haut).
À travers ces dix exemples tirés de la biographie du Prophète ﷺ, apparaît l’importance de planifier les choses et d’accomplir les causes pour y parvenir.
- Le Prophète ﷺ ne se reposait pas uniquement sur les causes matérielles, dont certaines ont déjà été évoquées. En effet, son cœur s’en remettait pleinement à Allah. L’une des preuves de cela est que, lorsque les polythéistes atteignirent la grotte, Aboû Bakr رضي الله عنه dit : « Ô Messager d’Allah ! Si l’un d’eux regardait au niveau de ses pieds, il nous verrait. » Le Prophète ﷺ répondit alors sereinement : « Ô Aboû Bakr ! Que penses-tu de deux personnes dont Allah est le troisième d’entre eux ?»[3] Et Allah a dit vrai lorsqu’Il dit :
إِلَّا تَنصُرُوهُ فَقَدۡ نَصَرَهُ ٱللَّهُ إِذۡ أَخۡرَجَهُ ٱلَّذِينَ كَفَرُواْ ثَانِيَ ٱثۡنَيۡنِ إِذۡ هُمَا فِي ٱلۡغَارِ إِذۡ يَقُولُ لِصَٰحِبِهِۦ لَا تَحۡزَنۡ إِنَّ ٱللَّهَ مَعَنَاۖ فَأَنزَلَ ٱللَّهُ سَكِينَتَهُۥ عَلَيۡهِ وَأَيَّدَهُۥ بِجُنُودٖ لَّمۡ تَرَوۡهَا وَجَعَلَ كَلِمَةَ ٱلَّذِينَ كَفَرُواْ ٱلسُّفۡلَىٰۗ وَكَلِمَةُ ٱللَّهِ هِيَ ٱلۡعُلۡيَاۗ وَٱللَّهُ عَزِيزٌ حَكِيمٌ
{Si vous refusez votre soutien au Messager, sachez qu’Allah lui a apporté le Sien lorsque, forcé par les impies à l’exil avec son compagnon, il dit à celui-ci dans la grotte où les deux hommes avaient trouvé refuge : « Ne t’afflige pas, Allah est avec nous ! » Allah fit alors descendre quiétude et sérénité sur Son Messager et l’assista d’armées invisibles. Puis Il renversa le culte des mécréants et éleva bien haut la religion de l’unicité. Allah est Tout-Puissant et infiniment Sage.} [At-Tawbah, v.40]
Au cours de leur émigration, ils furent même rattrapés par Sourâqah ibn Mâlik ibn Jou‘choum, monté sur son cheval. Aboû Bakr رضي الله عنه dit alors : « Ô Messager d’Allah ! Nous avons été rattrapés. » Ce dernier répondit : « Ne t’afflige pas. Certes, Allah est avec nous. »[4]
- L’obligation de patienter et de rester ferme lorsque l’on appelle à Allah. À travers l’émigration, le Prophète ﷺ a enseigné à sa communauté la nécessité de demeurer ferme face aux partisans du faux, même lorsque ceux-ci font preuve de dureté et d’arrogance. Le faux peut connaître des périodes de domination, et ses partisans un élan de force, afin d’éprouver les croyants et d’être une tentation pour les mécréants. Cependant, l’issue finale sera, sans aucun doute, en faveur de ceux qui ont cru et enduré :
وَكَانَ حَقًّا عَلَيۡنَا نَصۡرُ ٱلۡمُؤۡمِنِينَ
{Nous nous faisons toujours un devoir de faire triompher les croyants.} [Ar-Roûm, v.47].
- La certitude que l’issue appartient toujours aux gens pieux. Quiconque observe les débuts de l’émigration pourrait penser que le prêche était voué à disparaître et à s’éteindre, tant le déséquilibre des forces matérielles entre les gens de la vérité et ceux du faux était immense. Or, celui qui est accompagné d’Allah est, en réalité, le véritable fort.
Quiconque observe les conséquences de cette émigration, huit années plus tard, avec l’entrée de La Mecque dans le giron de l’Islam et de la conversion de ses habitants, puis la propagation progressive de la religion d’Allah aux quatre coins du monde, ne peut qu’être certain que la force décisive ne réside pas dans la puissance humaine matérielle, mais bien dans la puissance divine. La religion d’Allah est inévitablement victorieuse, car sa force émane de la force d’Allah le Très-Haut – et Allah ne peut être vaincu :
إِن يَنصُرۡكُمُ ٱللَّهُ فَلَا غَالِبَ لَكُمۡۖ وَإِن يَخۡذُلۡكُمۡ فَمَن ذَا ٱلَّذِي يَنصُرُكُم مِّنۢ بَعۡدِهِۦۗ
{Si Allah vous porte secours, nul ne pourra vous vaincre. Mais s’Il vous abandonne, qui donc après cela pourra vous secourir ?} [Âlou ‘Imrân, v.160].
- La certitude que quiconque délaisse une chose pour Allah, Allah la lui remplace par quelque chose de meilleur encore. Lorsque les Émigrés abandonnèrent leurs demeures, leurs familles et leurs biens – qui sont les choses les plus chères à l’âme – Allah leur accorda en contrepartie bien mieux : Il leur ouvrit les portes de ce bas-monde et leur donna autorité sur l’Orient et l’Occident. La grande Syrie (Châm), la Perse et l’Égypte se soumirent à eux. Puis, après l’époque des Compagnons, les musulmans prirent la direction de l’Afrique du Nord et conquirent Al-Andalous.
- Quiconque préserve Allah, Allah le préserve; et quiconque craint Allah, Allah le protège et lui accorde une issue favorable. Lorsque les chefs de Qouraych complotèrent pour arrêter le Prophète ﷺ, le tuer ou l’expulser de sa terre, Allah le protégea de leur stratagème et de leur ruse, le fit sortir de La Mecque et le fit parvenir à Médine renforcé et honoré, sans qu’aucun mal ne l’atteigne.
- Le mérite d’Aboû Bakr رضي الله عنه. Le Prophète ﷺ l’a choisi pour l’accompagner durant l’émigration, et il y avait pleinement droit. Aboû Bakr demanda en effet au Prophète ﷺ de l’accompagner, pleura de joie à l’idée d’être son compagnon et lui prépara sa monture. En chemin, il marchait tantôt devant lui lorsqu’il craignait une embuscade, tantôt derrière lui lorsqu’il redoutait une poursuite. Aboû Bakr mit à profit toute sa famille dans la voie d’Allah : il confia à son fils ‘Abdoullâh la mission de leur transmettre les nouvelles de Qouraych, et fit appel à son affranchi ‘Âmir ibn Fouhayra, qui menait paître les moutons d’Abou Bakr et s’en occupait. Le soir, il les ramenait auprès d’eux afin qu’ils puissent en traire le lait ; et lorsque ‘Abdoullâh ibn Abî Bakr repartait à l’aube, ‘Âmir ibn Fouhayra suivait ses traces avec les moutons afin d’effacer et de faire disparaître les empreintes de ses pas. En résumé, le Véridique رضي الله عنه mit sa propre personne, sa famille et ses biens à disposition pour secourir l’Islam. Qu’Allah l’agrée et soit satisfait de lui.
- La mise en lumière du rôle immense de la femme. Cela apparaît clairement à travers le rôle qu’a tenu Asmâ bint Abî Bakr رضي الله عنهما : elle déchira sa ceinture – ce qui servait à serrer la taille – en deux parties ; elle attacha avec l’une les provisions du Prophète ﷺ et d’Aboû Bakr sur le dromadaire, et avec l’autre leur outre d’eau. C’est pourquoi elle fut surnommée par la suite Dhâtou-n-Nitâqayn (La femme aux deux ceintures).[5]
Également, lorsque son père Aboû Bakr رضي الله عنه quitta La Mecque en compagnie du Prophète ﷺ pour Médine, il emporta avec lui tous ses biens, dont la valeur atteignait environ cinq mille ou six mille dirhams. Elle raconte : « Il les emporta avec lui. Puis mon grand-père, Aboû Qouhâfa, entra chez nous ; il était devenu aveugle. Il s’exclama : “Par Allah, je pense qu’il vous a causé du tort en emportant ses biens avec lui.” Je lui répondis : “Non, ô grand-père, il nous a laissé beaucoup de bien.” Je pris alors des pierres que je plaçai dans un renfoncement de la maison où mon père mettait habituellement son argent, puis je les couvris d’un tissu. Ensuite, je pris la main de mon grand-père et lui dis : “Ô grand-père, pose ta main sur cet argent.” Il posa sa main dessus et dit : “Ça va ; s’il vous a laissé cela, il a alors bien agi, et cela vous suffira.” Alors qu’en réalité, par Allah, il ne nous avait rien laissé, mais je voulais simplement apaiser le vieil homme par ce stratagème. »[6]
- La mise en évidence du mérite de Médine et de ses habitants, issus des tribus Aws et Khazraj. Médine n’était pas connue avant l’Islam pour posséder un quelconque mérite par rapport aux autres contrées ; elle n’a acquis son mérite qu’avec l’émigration de l’Élu ﷺ et de ses Compagnons vers elle, puis par le soutien que ses habitants lui ont apporté. C’est ainsi que les mérites de Médine sont apparus.
- L’émigration est une réfutation de tout athée qui prétend que Mouhammad ﷺ recherchait uniquement la célébrité, la richesse ou le pouvoir. Des richesses lui furent proposées, de même que des postes politiques et économiques, mais il les refusa. Si tel avait été son objectif, il les aurait acceptées et serait resté à sa place en roi. Il n’aurait alors ni peiné pour émigrer de La Mecque à Médine, ni risqué sa propre vie, ni abandonné son habitation, sa patrie et son clan. Son unique souci était l’unicité d’Allah et le fait de faire sortir les gens des ténèbres vers la lumière.
- La légitimité de l’émigration d’une terre de mécréance vers une terre d’Islam, dans laquelle le musulman peut établir les rites de sa religion et les pratiquer ouvertement. Ainsi, quiconque n’est pas en mesure d’accomplir les rites de sa religion dans un lieu donné est tenu d’émigrer vers un autre endroit où il pourra établir sa religion ; à défaut, il commet un péché en délaissant cette émigration.
- Certains signes rapportés lors de l’émigration viennent attester la mission prophétique du Prophète ﷺ. Parmi eux, figure ce qui survint à Sourâqah ibn Mâlik lorsqu’il tenta de capturer le Messager d’Allah ﷺ après l’avoir aperçu, espérant obtenir la récompense de sa capture promise par Qouraych à celui qui l’amènerait. Les jambes de son cheval s’enfoncèrent alors dans le sol jusqu’aux genoux. Le Messager d’Allah ﷺ lui annonça ensuite une bonne nouvelle en disant : « Il me semble te voir, ô Sourâqah, porter les deux bracelets de Chosroês. »[7] Cette prédiction se réalisa effectivement sous le califat de ‘Oumar رضي الله عنه.
- L’importance de saisir chaque occasion pour appeler à Allah. Ainsi, alors qu’il émigrait vers Médine, le Messager d’Allah ﷺ passa par Bouraydah ibn al-Housayb Al-Aslamî à « Kourâ‘ Al-Ghamîm »[8], où celui-ci se trouvait avec quatre-vingts membres de sa tribu. Le Prophète ﷺ les invita à l’Islam, et tous se convertirent. Il dirigea ensuite la prière de ‘Ichâ avec eux, puis, cette même nuit, il leur enseigna les premiers versets de la sourate Maryam.[9]
Chers frères ! Le Prophète ﷺ agit ainsi alors qu’il se trouvait dans une situation de crainte et redoutait d’être rattrapé par les polythéistes. Cependant, son désir de proclamer la vérité et sa confiance sincère en Allah faisaient qu’il se préoccupait davantage de l’appel à Allah que de sa propre sécurité ﷺ.
Ceci dit, serviteurs d’Allah ! Voici seize enseignements tirés de l’émigration prophétique. La biographie du Prophète ﷺ et celle des autres Prophètes regorgent de leçons et d’enseignements. Qu’Allah fasse que nous en tirions profit et les mettions en pratique.
Qu’Allah me bénisse et vous bénisse à travers le Glorieux Coran ! Qu’Il me fasse tirer profit, ainsi qu’à vous, de ses versets et de ses sages rappels ! Voilà ce à quoi je vous exhorte, et je demande à Allah l’Immense de me pardonner ainsi qu’à vous de nos péchés. Demandez-Lui donc pardon ! Il est certes Pardonneur et Très Miséricordieux.
2ème sermon
Toutes les louanges reviennent exclusivement à Allah, et que la prière et le salut soient sur celui qui n’est suivi d’aucun prophète. Ceci dit, ô musulmans ! Sachez – qu’Allah vous fasse miséricorde – qu’honorer l’émigration ne consiste pas à organiser des célébrations à son occasion, même si celles-ci comportent parfois certains enseignements qui lui sont liés. Bien au contraire, la véritable manière d’honorer l’émigration prophétique – de manière particulière –, et la biographie prophétique en général, consiste à suivre l’exemple de celui qui en est l’auteur ﷺ et à s’écarter des pratiques innovées qui s’y sont greffées.
Sachez – qu’Allah vous fasse miséricorde – qu’Allah vous a ordonné d’accomplir une grande chose :
إِنَّ ٱللَّهَ وَمَلَٰٓئِكَتَهُۥ يُصَلُّونَ عَلَى ٱلنَّبِيِّۚ يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ صَلُّواْ عَلَيۡهِ وَسَلِّمُواْ تَسۡلِيمًا
{Allah et Ses anges bénissent le Prophète. Ô vous qui croyez ! Bénissez-le et saluez-le vous aussi !} [Al-Ahzâb, v.56].
Ô Allah ! Couvre d’éloges et de salutations Ton serviteur et messager Mouhammad. Sois satisfait de ses Compagnons, des Suiveurs et de tous ceux qui le suivent avec conformité jusqu’au Jour de la Rétribution.
Ô Allah ! Renforce l’Islam et les musulmans, avilis le polythéisme ainsi que ses adeptes, et protège le sanctuaire de l’Islam.
Ô Allah ! Accorde-nous la sécurité dans nos contrées et réforme nos savants et les dirigeants.
Ô Allah ! Facilite à tous les dirigeants musulmans d’appliquer Ton Livre et d’élever Ta religion, et fais d’eux une source de miséricorde pour leur peuple.
Ô Allah ! Nous cherchons refuge auprès de Toi contre la disparition de Tes bienfaits, le changement de la santé et du bien-être dont Tu nous as comblés, la soudaineté de Ton châtiment et contre tout ce qui attire Ta colère.
Serviteurs d’Allah ! Allah a ordonné d’établir la justice, la bienfaisance et de pourvoir aux besoins des proches. De même qu’il a interdit la turpitude, le blâmable et l’injustice. Il vous exhorte, peut-être allez-vous vous rappeler. Évoquez-Le, Il vous évoquera ! Remerciez-Le pour Ses bienfaits, Il vous rajoutera ! Allah sait parfaitement ce qu’ils trament.
ٍSermon prononcé par le Chaykh Mâjid ibn Soulaymân Ar-Rassî
[1] Pour la traduction du sens des versets, nous nous référons principalement à l’ouvrage de notre frère Rachid Maach « Le Coran, traduction du sens de ses versets d’après les exégèses de référence », édition P2H. Vous pouvez télécharger la version pdf en cliquant sur le lien suivant : https://editionp2h.com/wp-content/uploads/2024/01/Traduction-Coran-Daawah-P2H.pdf
[2] Rapporté par At-Tirmidhî (3925), authentifié par Al-Albânî
[3] Rapporté par Al-Boukhâri (3653) et Mouslim (2381), mais les termes du hadith sont ceux de Mouslim.
[4] Rapporté par Al-Boukhâri (3653).
[5] Consulter le hadith (3905) rapporté dans le « Sahîh Al-Boukhârî ».
[6] Rapporté par Ahmad (t.6, p350), rendu bon par les vérificateurs du « Mousnad » (26957).
[7] Consulter « Dalâ’ilou-n-noubouwwah » (t.6, p.325), par l’éditeur : Dâr al-koutoub al-‘ilmiyyah.
[8] Al-Ghamîm est une vallée située en face de ‘Asafân, et Kourâ‘ désigne l’extrémité de celle-ci.
[9] « Al-bidâyah wa-n-nihâyah », les événements de l’an 62 de l’hégire, t.11, p.611, édition : Dâr Hajar.
