La récompense des œuvres varie selon le contenu des cœurs.
Ainsi, pour la prière, il est possible que deux hommes prient dans un même rang mais que leur récompense respective diffère énormément telle la distance qu’il y a entre le ciel et la terre.
Il se peut aussi que deux frères dépensent un même montant [dans le sentier d’Allah] mais que l’un n’obtienne qu’une seule récompense alors que l’autre en obtient 700, voire plus.
Il est également possible que deux cœurs atteignent la nuit du destin, mais que la récompense de l’un soit considérablement multiplié contrairement à l’autre.
Et cela est aussi valable pour le Jihâd ! Lors de la bataille de Mou°tah, quand Ja’far fut tué, c’est ‘Abd-Allah Ibn Rawâhah qui prit l’étendard. Dès lors, il s’avança sur son cheval avec l’étendard, mais il eu un moment d’hésitation[1]. Finalement, il dégaina son épée et s’avança de nouveau pour combattre jusqu’à être tué à son tour رضي الله عنه. Le Prophète ﷺ a dit : « J’ai vu lors d’un songe qu’ils, (Oussâmah Ibn Zayd, Ja’far et ‘Abd-Allah Ibn Rawâhah)[2], furent élevés au Paradis sur des lits ornés d’or.
J’y ai également vu le lit de ‘Abd-Allah Ibn Rawâhah qui était en retrait par rapport aux lits de ses deux compagnons.
J’ai demandé : « Qu’elle en est la cause ? »
Il m’a été dit : « Les deux premiers (Oussâmah Ibn Zayd et Ja’far) s’en sont allés, quant à ‘Abd Allah Ibn Rawâhah, il hésita quelques peu avant de s’en aller à son tour. »
Un seul instant d’une œuvre émanant du cœur fut la cause du retrait d’Ibn Rawâhah. Le temps d’un clignement d’œil le plaça en dessous de ses deux compagnons. Ainsi, il obtint le statut du martyre et la grande réussite[3] mais d’un degré inférieur (à celui de ses deux congénères).
Tout cela est la conséquence d’un acte d’un très cours instant qui s’est passé dans le cœur !! Qu’en est-il alors de celui dont le cœur est noyé dans des insouciances successives et qui en est enivré pendant des jours et des années ?! De combien sera son retard et son retrait dans le Paradis ?! Faut-il encore qu’il y soit entré.
Voilà pourquoi Ibn ‘Atâ° As-Sakandarî comprit la valeur de l’œuvre émanant du cœur en dressant une règle relative aux poids des œuvres [en termes de récompense]. Et c’est une règle qui est applicable en tout temps : « Jamais les œuvres qui émanent d’un cœur refusant ce bas-monde sont minimes[4] ; et les œuvres qui émanent d’un cœur désirant [les biens mondains] ne sont jamais assez nombreuses[5]. »
C’est aussi ce qu’affirma Yahya Ibn Mou’âdh de façon saisissante : « Les distances de ce bas monde se parcourent avec les pieds, alors que ceux de l’au-delà se parcourent avec les cœurs. »
Et c’est aussi ce qu’attesta avant eux, le Compagnon et Enseignant, ‘Abd-Allah Ibn Mas’oûd رضي الله عنه lorsqu’il s’adressa à plusieurs groupes de Tâbi’în concernant les adorations des membres : « Vous, vos prières sont plus longues et vous faites plus d’efforts que les compagnons du Messager d’Allah ﷺ, alors qu’ils sont meilleurs que vous. »
On lui demanda : « Par quelle chose [sont-ils meilleurs] ? »
Il répondit : « Ils étaient en réalité plus détachés de ce bas monde et plus désireux à vouloir l’au-delà que vous. »
[1] Car il pensa léguer cette énorme responsabilité à autre que lui. (Note du traducteur)
[2] Oussâmah Ibn Zayd fut désigné par le Prophète à la tête de l’armée musulmane. S’il venait à être tué, Ja’far prendrait sa place, et si ce dernier venait à être tué, c’est ‘Abd-Allah Ibn Rawâhah qui prendrait sa place. Ainsi, lorsqu’Oussâmah fut tué, Ja’far prit l’étendard ; et lorsque ce dernier fut tué, c’est ‘Abd-Allah Ibn Rawâhah qui le prit. (Note du traducteur)
[3] Par l’obtention du Paradis (Note du traducteur)
[4] Même si d’apparence elles paraissent peu nombreuses (Note du traducteur)
[5] Même si, d’apparence, elles paraissent nombreuses (Note du traducteur)
Source original : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction par Le Cœur des Croyants)
