L’un des moyens pour que l’œuvre soit acceptée est de la considérer comme insuffisante, mais aussi de ne pas s’en enorgueillir et être trompé par celle-ci.
Quel que soit la quantité d’œuvres que l’on puisse accomplir, personne ne peut remercier dument ne serait-ce qu’un seul bienfait, comme la respiration. Que dire alors des bienfaits tels que l’ouïe, la vue, la parole, etc.
C’est pourquoi, l’une des caractéristiques des croyants est de considérer leurs œuvres comme insuffisantes et insignifiantes, afin de ne pas tomber dans l’arrogance ni être trompés par leurs œuvres, car cela les conduirait à accomplir les œuvres de bien avec paresse.
Parmi les choses permettant de considérer son œuvre comme insignifiante :
1) La connaissance d’Allah, reconnaître Ses bienfaits et se remémorer nos péchés et nos manquements.
Donc quoi que nous fassions, nous devons considérer cela comme peu chose envers d’Allah.
2) La crainte de voir l’œuvre refusée et rejetée. Nous devons œuvrer tout en ayant cette crainte. Nous avons la crainte et l’espoir : nous espérons qu’Allah accepte notre œuvre et nous craignons qu’Il ne l’accepte pas et la refuse.
Les pieux prédécesseurs accordaient une telle importance à l’acceptation de leurs œuvres qu’ils étaient habités par la peur et inspiraient la pitié.
C’est ce qu’a dit Allah en les décrivant : {Ceux qui s’acquittent de leurs œuvres et dont les cœurs tremblent de crainte à l’idée de comparaître devant leur Seigneur, voilà ceux qui s’empressent vers les bonnes actions qu’ils sont les premiers à réaliser.} [S.23, v.60 – 61].
La grande question que ‘Âichah posa au Prophète ﷺ au sujet du verset : {Ceux qui s’acquittent de leurs œuvres et dont les cœurs tremblent de crainte} « Ce verset parle-t-il des hommes qui boivent de l’alcool et volent ? » C’est-à-dire ceux qui commettent des péchés et craignent le châtiment d’Allah. Il répondit : « Non, ô fille du Véridique. » – C.-à-d. que ceci n’est pas le sens du verset –
{Ceux qui s’acquittent de leurs œuvres et dont les cœurs tremblent de crainte} : {Ceux qui s’acquittent de leurs œuvres} ne désigne pas ceux qui désobéissent à Allah.
« Il s’agit plutôt de ceux qui jeûnent, prient, font des aumônes et craignent de ne pas voir leurs œuvres acceptées. {Voilà ceux qui s’empressent vers les bonnes actions}. »
Et ceci est une leçon éducative très importante : l’homme ne peut continuer à œuvrer pieusement avec empressement que s’il considère ce qu’il a accompli comme peu de chose et craint que cela ne soit pas accepté. Il va donc accomplir une deuxième œuvre, puis, craignant qu’elle ne soit pas acceptée, il va en réaliser une troisième, puis une quatrième…
Il continue ainsi d’œuvrer sans se reposer sur ses œuvres. Au contraire, il les minimise. Il voit que tout ce qu’il accomplit reste insignifiant aux Yeux d’Allah. C’est pourquoi il sent qu’il a toujours besoin d’Allah et espère constamment Son indulgence. Son cœur se remplie de frayeur et de crainte. Il a peur que son œuvre soit rejetée.
Parmi les choses permettant à l’œuvre d’être acceptée : 3) La multiplication des invocations et l’espoir. La simple crainte Allah n’est pas suffisante, mais il faut aussi espérer de Lui afin de ne pas tomber dans le désespoir. L’espoir sans la crainte pousse le serviteur à se sentir à l’abri du stratagème d’Allah, alors que la crainte sans espoir suscite le désespoir et le fatalisme.
Le serviteur œuvre donc avec sincérité, conformément à la Sounnah, et espère qu’Allah accepte son œuvre.
Par le chaykh : Mouhammad Sâlih Al-Mounajjid