Fait d’hiver…

Anecdote aussi réelle qu’édifiante survenue il y a quelques années en Île-de-France et relatée ici pour nous. A méditer…

Il y a à peine vingt jours, un frère m’a mis en contact avec un autre qui souhaitait étudier la langue Arabe. Peu avant que je fasse connaissance avec ce dernier, il m’a dit à son sujet : « Il y a un frère qui est intéressé [par les cours]. Il a une maladie grave qui fait qu’il est hospitalisé chaque mois. Donc, je ne sais pas si vous pouvez vous organiser. Je te laisse son numéro… ».

La première fois que j’ai eu l’occasion de parler à Mamadou au téléphone, il était à l’hôpital. Nous avions du mal à nous entendre. La connexion était faible. Je lui ai expliqué, tant bien que mal, quand et comment devaient se dérouler les cours puis nous avons échangé quelques textos afin de nous mettre d’accord. Il m’a dit qu’il désirait vraiment apprendre la langue Arabe et que, vu que les inscriptions auraient lieu à partir du lundi suivant, il passerait s’inscrire dès sa sortie de l’hôpital, incha Allâh.

Après la clôture des inscriptions – quatre jours plus tard – ne m’ayant toujours pas donné signe de vie, je lui ai envoyé un message afin de prendre de ses nouvelles. Trois jours après, il m’a répondu ce qui suit tout en présentant ses excuses du fait de n’avoir pas pu venir s’inscrire. Si je me permets de partager cette discussion privée, c’est que les mots qu’il a utilisés sont autant de leçons à retenir aussi bien pour celui qui écrit cet article que pour ceux et celles qui auront l’occasion de le lire.

Mamadou a écrit : « As salâmou ‘aleikoum wa rahmatouLlâh… Je suis vraiment désolé de ne répondre que maintenant. Suite à mes problèmes de santé, al hamdouliLlâh, je suis actuellement à l’hôpital… Je te contacterai, bi idhniLlâh, dès que ça va mieux. Ya akhi, j’ai tellement d’amour pour Allâh… ».

C’était lundi dernier.

Bien évidement je lui ai répondu qu’il n’y avait pas de problème et qu’il n’avait pas à s’en faire. Je lui ai aussi demandé à quel hôpital il se trouvait et jusqu’à quand était-il prévu qu’il y reste.

Il m’a répondu qu’il se trouvait à l’hôpital Bichat à Saint-Ouen, en Seine Saint-Denis. Et qu’il ne savait pas pour combien de temps il devait y rester.

Jeudi, alors que je venais de monter en voiture, j’ai remarqué que mon téléphone affichait un appel en absence du frère à 14h. Je l’ai appelé du parking. Il était 16h. Nous avons échangé quelques mots sur l’état de sa santé, il m’a informé qu’il avait été transféré à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Alors que je lui ai annoncé que j’allais faire mon possible pour essayer de le visiter ce week-end et que j’espérais qu’il ne m’en voudrait pas si je n’arrivais pas à réaliser ce souhait. Il m’a aussitôt lancé :

« Ne te dérange pas akhi ! Ce n’est pas la peine de te déplacer si tu es trop pris, je comprends… »

J’ai répondu : « Ça ne me dérange pas du tout ! Et c’est une sunna du Prophète de visiter nos frères lorsqu’ils sont malades »

Ce à quoi il a rétorqué : « C’est aussi une sunna de trouver soixante-dix excuses à son frère ! ». Une telle remarque dans ces circonstances se passe de commentaire. J’ai pensé : « Ma châ Allâh… », mais sans rien ajouter. Nous avons rigolé un peu puis nous nous sommes salués avant de raccrocher.

Vendredi, je n’ai pas pu le visiter.

Samedi, comme nous avions parlé du sujet, je suis passé lui prendre l’explication du livre « Sharh as-Sunnah » de l’imâm Al-Bahbahâry. Comme il vient juste d’être traduit en français, je me suis dit que ça lui ferait plaisir de le lire.

En rentrant hier soir, j’ai dit à mon épouse que j’emmènerai Ahmad faire de la trottinette au parc en fin de matinée puis qu’ensuite, incha Allâh, je passerai voir le frère Mamadou après dhor.

Ce matin, j’ai reçu un appel à 7h31. Les batteries de mon téléphone étant déchargées à ce moment-là, je ne l’ai vu qu’après mon petit déjeuner.

J’ai envoyé un message à Mamadou à 9h54 afin de vérifier si j’avais bien noté les informations nécessaires. Je voulais lui faire une petite surprise.

Une fois l’envoi effectué, la messagerie s’est mise à jour et un message qui n’était pas apparu jusqu’ici s’est affiché à l’écran.

Il avait été envoyé suite à l’appel de 7h31.

« Salam…

C’était pour vous dire que Mamadou est mort.

Vous pouvez venir à l’hôpital Avicenne ».

 

***

 

Il y a des rencontres qui ne se font pas mais qui marquent plus que celles que l’on fait tous les jours.

Prenez quelques secondes pour invoquer en faveur de notre frère Mamadou et sa famille.

Qu’Allah, Exalté soit-Il, accorde à Mamadou les plus hauts degrés du Paradis.

Qu’Il accorde à sa famille la patience et les rétribue pour cette épreuve.

Ainsi qu’à nos frères et sœurs qui souffrent aux quatre coins du monde.

C’est à Lui que nous appartenons et c’est vers Lui que se fera notre retour.

Toute âme goûtera la mort.

Il y a en cela un rappel pour quiconque est doté d’un cœur ou prête l’oreille tout en étant témoin.

Et fais bonne annonce aux croyants.

Et fais bonne annonce aux endurants.

 

Écrit à Épinay-sur-Seine, le lundi 22 février 2015.

Abou Ahmad.

Source : http://bintadnan.fr

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