Selon Aboû Hourayrah رضي الله عنه le Prophète ﷺ a dit : « Certes, le croyant prononce une parole digne de la satisfaction d’Allah, sans lui accorder de l’importance (لا يُلْقِي لَهُ بَالاً) et voilà qu’Allah l’élève en degré à cause d’elle. »[1]
Le terme « Al-Bâl – البَال », en arabe, désigne le cœur. Médite sa parole : « sans lui accorder de l’importance ». Cette parole sort malgré elle sans qu’il n’ait réellement réfléchi, ni médité et sans qu’il ne l’ait fait passer dans son cœur. Malgré cela il prononce une parole bonne et pure ; car tout récipient abreuve de ce dont il contient, et ne se répand du jardin de roses que leur odeur.
Celui dont le cœur est vivant goûte toute parole présente dans son cœur avant de les prononcer. Ainsi si elle est douce, il saura que son goût dans l’Au-Delà est encore plus doux, c’est pourquoi il la prononcera. Mais si elle est amère, il saura que son goût dans l’Au-Delà est bien plus amère, alors il se taira.
Écoute [ce qu’est] la pureté d’un cœur qu’aucune autre pureté ne peut égaler. Un cœur pur est similaire à l’eau pure ; à l’origine l’eau est pure et elle purifie [celui qui l’utilise] à l’instar du cœur pur qui purifie les cœurs autour de lui. Ce cœur est celui de ‘Abd-Allah Ibn ‘Awn dont Khârijah Ibn Mous’ab dit à son sujet : « J’ai accompagné ‘Abd-Allah pendant 24 ans, et je n’ai pas connaissance que les Anges lui aient écrit une quelconque faute. »
Qu’importe le fait que le diable le provoque avec une partie de son armée, ses ruses et que se réunissent contre lui tous ses alliés, ils ne réussiront jamais [dans leur entreprise]. Selon Bakkâr Ibn Mouhammad et Ibn Qa’nab : « Ibn ‘Awn n’était pas quelqu’un de colérique, mais si une chose le mettait en colère il disait : « Qu’Allah te bénisse. »
Un jour, un servant d’Ibn ‘Awn vint à lui en disant : « J’ai crevé l’œil de la chamelle. » Il répondit : « Qu’Allah te bénisse. » Le servant dit alors : « Je t’ai dit que j’avais crevé son œil et toi tu me dis « Qu’Allah te bénisse ?! » Il dit : « Je dis… te voilà libre pour la face d’Allah. » Qu’elle est donc cette éducation ?! Qu’elle est cette pureté ?! Et qu’elle combat [a-t-il fournie] pour avoir hérité ce niveau élevé de magnanimité, de bonnes paroles et cette splendide piété au point de devenir un exemple pour les autres, l’aspiration de tout vertueux et le plus grand souhait des gens sincères de son temps et de tout temps ?!
Enfin, Mou’âdh Ibn Mou’âdh a dit : « Plus d’un compagnon de Yoûnous Ibn ‘Oubayd m’ont raconté cela : « Je ne connais pas un homme qui, depuis 20 ans, n’aspire pas à vivre un jour tels que ceux vécus par Ibn ‘Awn mais sans jamais y parvenir. Et ça ne se résume pas au fait que la personne se taise et ne parle pas… au contraire. Elle parle mais sans tomber dans l’erreur à l’instar d’Ibn ‘Awn. »
Mais il n’est pas le seul à être sur le ring, de nombreuses autres personnes [aux cœurs purs] le concurrencent. Il y a parmi eux Al-Foudayl qui a voulu parfumer nos langues et embellir nos paroles à sa manière si particulière, et avec son style convaincant en disant : « Les bonnes actions que te donne ton ennemi sont plus nombreuses que ceux qui proviennent de ton ami. » On lui demanda : « Et comment cela Ô Aboû ‘Alî ?!« – Il répondit : « Certes, lorsque l’on t’évoque auprès de ton ami, il dit : « Qu’Allah le guérisse. » Mais si l’on t’évoque auprès de ton ennemi, il conjecture sur toi nuit et jour ; et ce pauvre individu te donne de ses bonnes actions. Donc s’il t’est évoqué alors ne dis pas : « Ô Allah, anéantis-le »… Non ! Invoque plutôt Allah : « Ô Allah réforme-le » … « Ô Allah fais le revenir à la vérité ».
Et Allah te récompensera pour ce dont tu auras invoqué. Car celui qui dit à une personne « Ô Allah, anéantis-le » aura répondu à la demande du diable (Ach-Chaytân). En effet, ce dernier souhaite la perdition de la créature.[2]«
Que la miséricorde d’Allah soit sur ceux ayant de tels cœurs. Et certes a dit vrai celui qui les décrivit par sa parole : « Assurément, il y a parmi les hommes celui qui est à l’image d’un manuscrit ; il se peut qu’il ait [des pages] manquantes, des déchirures ou que ses extrémités aient été touchés et détériorés par de l’huile[3], pourtant il est le plus précieux et le plus cher car il n’y a qu’un seul exemplaire, pas deux. »
Le Messager est notre modèle :
Pourquoi chercher loin alors que se trouve devant nous le meilleur des exemples, notre Prophète ﷺ ? Jâbir Ibn Soumarah رضي الله عنه a rapporté de lui : « Le Messager d’Allah ﷺ gardait longtemps le silence et riait peu. »[4] Et malgré son silence, s’il s’exprimait il ne sortait [de sa bouche] que le nectar, l’odeur suave, le remède et la guérison. C’est de la sorte que le Messager d’Allah ﷺ décrivit le croyant : « Le croyant est comme l’abeille ; elle ne mange que de bonnes choses, et ne laisse (ne produit) que de bonnes choses. »[5]
Ibn Al-Athîr a dit : « Quant à la ressemblance présente entre les deux, [croyant et abeille], on trouve :
-
- L’intelligence de l’abeille et sa perspicacité
- Ses préjudices sont très minimes
- Elle est un être faible
- Elle est profitable
- Elle se suffit de peu
- Elle accomplit de nuit son objectif[6]
- Elle s’écarte de ce qui est malpropre
- Elle ne mange que ce qui est bon
- Elle ne mange pas de la récolte des autres
- Sa maigreur
- Elle obéit à son émir. »
Un morceau d’or pur, exempt de tout défaut ; il n’y a pas d’atome étranger à celui de l’or. Il n’y a donc ni falsification, ni impureté, ni pigmentation, ni mutation ; mais c’est un or parfaitement robuste et pur. Tu ne trouves pas même l’infime trace d’impureté que le feu aurait séparer. Et cette description vient approuver celle faite par le Messager d’Allah ﷺ concernant le croyant : « Le croyant est comme un lingot d’or ; si [le feu] souffle sur lui, il rougit ; et s’il est pesé, son poids ne diminue pas. »[7]
[1] Sahîh Al-Boukhârî, n°6478
[2] Allah dit : (Satan dit : « Par Ta puissance ! Je les fourvoierai tous.) (Sâd, v.82) (Note du traducteur)
[3] L’huile présente dans les lampes anciennes et qui aurait pu toucher accidentellement le manuscrit. (Note du traducteur)
[4] Sahîh Al-Jâmi’ n°4822, jugé bon par Chaykh Al-Albânî
[5] Sahîh Al-Jâmi’ n°5846, jugé bon par Chaykh Al-Albânî
[6] Tout comme le croyant qui concrétise son objectif de vouloir plaire à Allah en priant la nuit, s’occupant de sa famille, aidant les autres etc. (Note du traducteur)
[7] Sahîh Al-Jâmi’ n°5846, jugé bon par Chaykh Al-Albânî
Source original : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction par Le Cœur des Croyants)
عن أبي هريرة رضي الله عنه عن النبي صلى الله عليه وسلم قال : « إن العبد ليتكلم بالكلمة من رضوان الله لا يُلقي لها بالا يرفع الله بها درجات » .
والبال هو القلب ، وتأمل قوله « لا يُلقي لها بالا » ، أي أنها تخرج رغما عنه دون تفكير أو تدبر ودون أن يُمرَّها على قلبه ، ومع ذلك تخرج منه طيبة نقية ، لأن كل وعاء بما فيه ينضح ، وحديقة الورد لا يفوح منها غير شذى الورد ، إن حي القلب يتذوَّق كل كلمة بقلبه قبل النطق بها ، فإن كانت حلوة علم أن طعمها في الآخرة سيكون أحلى فأطلقها ، وإن كانت مُرَّة عرف أن طعمها في الآخرة أشد مرارة فسكت.
واسمع إلى طهارة لا تدانيها طهارة ، وقلب طهور كالماء الطهور طاهر ومطهِّر لما حوله من القلوب ، وهو قلب عبد الله بن عون الذي قال عنه خارجة بن مصعب : » صحبتُ عبدالله أربعا وعشرين سنة ، فما أعلم أن الملائكة كتبت عليه خطيئة » .
فمهما استفزه الشيطان ببعض جنده وكافة حيله واجتمع عليه من أعوانه ما اجتمع ؛ فلن يفلحوا إذا أبدا ، فعن بكار بن محمد وابن قعنب قال : » كان ابن عون لا يغضب فإذا أغضبه الرجل قال : بارك الله فيك » .
ومن ذلك أن جاءه غلام له فقال : فقأت عين الناقة!! قال : بارك الله فيك. قال : قلت فقأت عينها فتقول بارك الله فيك!! قال : أقول .. أنت حر لوجه الله.
أي تربية؟! وأي صفاء ونقاء؟! وأي مجاهدة أورثت هذا السمو الراقي من سماحة النفس وطيب الكلم وروعة التقى حتى صار مضرب الأمثال ، ومنتهى غاية الصالحين ، وأسمى أمنيات المخلصين ؛ في عصره وغير عصره ، فعن معاذ بن معاذ قال :
» حدثني غير واحد من أصحاب يونس بن عبيد قال : إني لأعرف رجلا منذ عشرين سنة يتمنى أن يسلم له يوم من أيام ابن عون فما يقدر عليه ، وليس ذاك أن يسكت رجلٌ لا يتكلم ، ولكن يتكلم فيسلم كما يسلم ابن عون » .
لكنه ليس وحده في الميدان بل ينافسه في الحلبة أطهار كُثر ، منهم الفضيل الذي أراد أن يعطِّر ألسنتنا ويطيِّب كلامنا بطريقته الخاصة وأسلوبه المقنع فقال :
» حسناتك من عدوك أكثر منها من صديقك!! قيل : وكيف ذلك يا أبا علي؟! قال : إن صديقك إذا ذُكِرتَ بين يديه قال : عافاه الله ، وعدوك إذا ذُكِرت بين يديه يغتابك الليل والنهار ، وإنما يدفع المسكين حسناته إليك ، فلا ترضَ إذا ذُكِر بين يديك أن تقول : اللهم أهلكه .. لا ، بل ادعُ الله : اللهم أصلحه .. اللهم راجع به ، ويكون الله معطيك أجر ما دعوت به ، فإنه من قال لرجل : اللهم أهلكه ، فقد أعطى الشيطان سؤاله ، لأن الشيطان إنما يدور على هلاك الخلق » .
رحمة الله على أصحاب تلك القلوب ، وصدق فيها وصف من وصفها بقوله :
» إن من الرجال ما هو كالنسخة المخطوطة ؛ ربما كانت ناقصة أو مخرومة ، أو مسَّ الزيت أطرافها فأفسدها ، ولكنها أثمن وأغلى لأنها واحدة لا ثانية لها » .
الرسول قدوتنا
ولماذا نذهب بعيدا وبين أيدينا سيد القدوات نبينا صلى الله عليه وسلم الذي روى عنه جابر بن سمرة رضي الله عنه : « كان رسول الله صلى الله عليه وسلم طويل الصمت قليل الضحك » ، وهو مع صمته كان إذا تكلم لا يُخرِج غير الرحيق والعبير والدواء والشفاء ، وبهذا وصفه رسول الله صلى الله عليه وسلم : « مثل المؤمن مثل النحلة ؛ لا تأكل إلا طيبا ولا تضع إلا طيبا » .
قال ابن الأثير :
» ووجه المشابهة بينهما : حذق النحل وفطنته ، وقلة أذاه ، وحقارته ، ومنفعته ، وقنوعه ، وسعيه في الليل ، وتنزهه عن الأقذار ، وطيب أكله ، وأنه لا يأكل من كسب غيره ، ونحوله ، وطاعته لأميره » .
إنه قطعة ذهب نقية ليس فيها شائبة واحدة ولا ذرة غريبة من غير الذهب ، فلا زيف ولا خبث ولا تلوُّن أو تغير بل ثبات وطهارة تماما ، وليس فيها أدنى خبث تنفيه النار ، مصداق وصف رسول الله صلى الله عليه وسلم للمؤمن :
« ومثل المؤمن مثل سبيكة الذهب ؛ إن نُفِخت عليها احمرت ، وإن وُزِنت لم تنقص »