Le Livre est lu. De crainte s’inclinent donc leurs têtes?
Oh que non! Ces compères sont distraits et distraites
Voici venu le chant! Comme des ânes les voilà
Braillant fort et dansant – sûrement pas pour Allah
Percussion et les vents accompagnent cette voix
Depuis quand la musique berce-t-elle la foi?
Leurs tympans agonisent à l’écoute du Livre
Car contraintes, défenses, injonctions il délivre
Tonnerre ils entendirent… Éclairs et foudres ils virent
Il menace le pécheur d’être frappé de l’ire
« Quel obstacle entre nous – pensent-ils – et nos loisirs!
Quel écueil sur lequel se brisent tous nos plaisirs! »
En revanche la chanson leur caresse les sens
Dans le sens du poil d’où son omniprésence
« L’adjuvant des penchants plutôt que leur bourreau! »
Murmurent ces illettrés qui pourtant tiennent bureau
Si le chant n’est pas fils de la grappe de raisin
Il n’empêche qu’il enivre aussi vite que le vin
Regardez un homme ivre la bouteille à la main
Puis regardez l’effet du chant sur les humains
As-tu vu ces béats déchirer leurs vêtements!
Car leurs cœurs sont en loque, qui te dit « non » te ment
A toi donc de juger : laquelle des deux boissons
Est la plus illicite dans notre religion?
Source : Musique & Chants Anachids de Ibn Qayyim Al Jawziyya – Edition Dar Al Muslim