De la nécessité de préserver la langue de toute parole, sauf si c’est pour dire le bien.

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Allah (عز و جل) dit : « Ô vous qui croyez! Craignez Allah et parlez avec droiture ; afin qu’Il améliore vos actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son messager obtient certes une grande réussite. » (Sourate Al-Ahzâb; V.70-71)

Allah (عز و جل) dit également : « Ô vous qui avez cru! Évitez de trop conjecturer (sur autrui) car une partie des conjectures est péché. Et n’espionnez pas ; et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort? (Non!) Vous en auriez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. » (Sourate Al-Houjoûrât, V12)

Allah (عز و جل) dit également : « Nous avons effectivement crée l’homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que de sa veine jugulaire quand les deux recueillants, assis à droite et à gauche, recueillent. Il ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l’inscrire. » (Sourate Qâf, V.16-18)

Allah (عز و جل) dit également : « Ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu’ils l’aient mérité, se chargent d’une calomnie et d’un péché évident. » (Sourate Al-Ahzâb, V.58)

Dans Sahîh Mouslim (2589) il est rapporté d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه), que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Savez-vous ce que c’est la médisance? » Ils (Les Compagnons) dirent : « Allah et Son Messager savent mieux. » Il dit : « C’est le fait de parler de ton frère en évoquant ce qu’il déteste. » On lui dit : « Et si mon frère a effectivement le défaut dont je parle? » Il répondit : « S’il a ce défaut, c’est que tu as médis de lui, et s’il ne l’a pas, c’est que tu l’as calomnié. »

Allah (عز و جل) dit également : « Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. L’ouïe, la vue et le coeur : sur tout cela, en vérité, on sera interrogé. » (Sourate Al-Isrâ, V.36)

D’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه), le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Allah agrée pour vous trois choses et déteste pour vous trois choses ; Il agrée pour vous que vous L’adoriez sans rien Lui associer, que vous vous cramponniez tous ensemble au « Habl » (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés ; et Il déteste pour vous les commérages, l’excès de questions et le gaspillage des richesses. » (1)

Toujours d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit : « On inscrit contre le fils d’Adam sa part d’adultère, qu’il doit absolument commettre. L’adultère des yeux est le regard ; l’adultère des oreilles est l’écoute, l’adultère de la langue est la parole ; l’adultère de la main est le toucher, et l’adultère des pieds est la marche ; le coeur penche vers un objet et le désire, et ce désir est approuvé ou désapprouvé par le sexe. » (2)

Al-Boukhâry a rapporté dans son livre As-Sahîh (10) d’après ‘Abdoullah Ibn ‘Amr (رضي الله عنه) que le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Le musulman est celui dont le musulmans n’ont à redouter ni la langue, ni la main. » Ce hadîth est également rapporté par Mouslim dans son livre As-Sahîh (64) en ces termes : Un homme ayant demandé au Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) quel était le meilleur musulman, celui-ci répondit : « C’est celui dont les musulmans n’ont à redouter ni la langue, ni la main. »

Mouslim a également rapporté un hadîth d’après Jâbir (65) avec les termes du hadîth rapporté par Al-Boukhâry d’après ‘Abdoullah Ibn ‘Amr.

Al-Hâfidh (Ibn Hajar) a dit en commentant ce hadîth : « Le hadîth est de portée générale en ce qui concerne la langue, contrairement à la main. En effet la langue peut parler des générations précédentes, des présents et de ceux qui viendront après. Il est même possible que la langue prolonge son oeuvre par l’écriture, et son impact dans ce domaine est vraiment considérable. »

Dans le même sens, un poète dit :

J’ai écrit en étant convaincu le jour où j’écrivais
Que ma main périra tandis que mon écrit restera
Si elle fait du bien, elle aura une rétribution de la même nature
Et si elle fait du mal, ce n’est qu’à son détriment.

Al-Boukhâry a rapporté dans son livre As-Sahîh (6474) d’après Sahl Ibn Sa’d (رضي الله عنه) que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Celui qui me garantit ce qu’il a entre ses deux lèvres et ses deux jambes, je lui garantis le Paradis. » Ce qu’il y a entre les deux lèvres et les deux jambes, c’est-à-dire la langue et le sexe.

Al-Boukhâry a aussi rapporté dans son livre As-Sahîh (6475) ainsi que Mouslim dans son livre As-Sahîh (74) d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه) que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier dise du bien ou qu’il se taise… »

An-Nawâwy a dit dans Charhoul Arba’în en commentant ce hadîth : « Ach-Châfi’y a dit : Ce hadîth veut dire que s’il veut parler, qu’il réfléchisse d’abord. Dans le cas où il ne voit aucun préjudice à cela, qu’il parle, mais s’il y voit un préjudice possible ou bien a quelques doutes, qu’il s’abstienne. » On rapporte que certains savants ont dit : « Si vous achetiez du papier pour les Anges qui consignent vos paroles, vous éviteriez beaucoup de paroles. »

L’imâm Aboû Hâtim Ibn Hibbân Al-Bassaty a écrit dans son livre Rawdaoul ‘Ouqalâ wa Noushatoul Foudalâ (page 45) : « Il incombe à la personne douée de raison de garder le silence jusqu’à ce qu’elle soit obligée de parler ; qu’ils sont nombreux, ceux qui regrettent après avoir parlé, et peu nombreux, ceux qui regrettent d’avoir gardé le silence. La personne dont le malheur est le plus durable et dont l’épreuve est la plus grande est celle dont la langue est bavarde. »

Il a également dit (page 47) : « Ce qui incombe à tout individu doué de raison, c’est d’être juste envers ses oreilles par rapport à sa bouche, et de savoir qui si on lui a donné deux oreilles et une seule bouche, c’est justement pour qu’il écoute beaucoup plus qu’il ne parle ; parce que s’il parle, peut-être qu’il éprouvera des regrets mais s’il ne parle pas, il n’aura rien a regretter. Il est plus en mesure de se prémunir contre ce qu’il n’a pas dit que contre ce qu’il a dit. Dès qu’il profère un mot, ce dernier devient son maître, mais s’il ne le prononce pas, c’est lui qui en est le maître. »

On lit également plus loin (page 49) : « La langue de la personne sensée se trouve derrière son coeur, lorsqu’elle veut parler, elle revient vers son coeur, si c’est à son avantage, elle parle ; sinon elle se tait. En revanche l’insensé a un coeur au bout de sa langue : il prononce ce qui vient à sa langue ; or celui qui ne préserve pas sa langue n’a pas compris sa religion. »

Al-Boukhâry et Mouslim ont rapporté dans les Sahîhain (6477 et 2988) et les termes sont ceux que l’on retrouve dans le recueil de Mouslim, que d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه), le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « En vérité, l’individu prononce parfois un mot sans savoir ce qu’il implique, et se précipite avec cela dans le feu de l’Enfer à une distance supérieure à celle comprise entre le Levant et le Couchant. »

A la fin du hadîth où le Prophète (صلى الله عليه و سلم) fait ses recommandations à Mou’âdh rapporté par At-Tirmidhy (2616) qui l’a jugé dit authentique (Hassan Sahîh), le Prophète (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Et y a-t-il autre chose qui bascule les gens en Enfer sur leurs visages ou leurs nez en dehors de la moisson de leurs langues? » en réponse à la question de Mou’âdh (رضي الله عنه) : « Ô Prophète d’Allah! Sommes-nous donc blâmés pour ce que nous disons? »

Al-Hâfidh Ibn Rajab a commenté ce hadith dans son livre Jâmi’oul Ouloûm wal Hikam (2/147) : « La moisson (Hassâid) des langues désigne la rétribution de la parole illicite et son châtiment. En effet, l’individu sème par sa parole et ses oeuvres les bonnes et les mauvaises actions ; ensuite, il récoltera le Jour de la Résurrection ce qu’il a semé. Celui qui sème la bonne parole ou la bonne oeuvre récoltera la dignité, et celui qui sème la mauvaise parole ou la mauvaise oeuvre récoltera demain le remords. »

Il a également dit (2/146) : « Ceci prouve que le fait de retenir sa langue, de la maîtriser et de l’enchaîner est la base de tout le bien, et que celui qui maîtrise sa langue a en effet maîtrisé toutes ses affaires, les a rajustées et les a contrôlées. »

Il a aussi rapporté (2/149) que Yoûnous Ibn ‘Oubayd a dit : « Je n’ai vu personne ayant sa langue dans son esprit sans constater cela en bénéfice dans toutes ses autres oeuvres. »

Yahyâ Ibn Abî Kastîr a dit : « Aucun homme n’a été intègre dans son langage sans que cela ne se reflète dans le reste de ses oeuvres. De même, aucun homme n’a été corrompu dans son langage sans que cela ne se reflète dans le reste de ses oeuvres. »

Mouslim a rapporté dans son livre As-Sahîh (2581) d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه) que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Savez-vous qui est le ‘Mouflice’? » Les gens répondirent : « Le Mouflice parmi nous est celui qui n’a ni argent, ni provision. » Il dit alors : « En vérité, le Mouflice de ma communauté est celui qui viendra le Jour de la Résurrection avec prière, jeûne, et zakât ; il viendra alors qu’il a injurié celui-ci, calomnié celui-là, mangé l’argent de cet autre, versé le sang de celui-ci, et à celui-là ; et si ses bonnes actions s’épuisent avant qu’il ne se soit acquitté de ses dettes, on prendra de leurs péchés pour les jeter sur lui, et ensuite, il sera précipité en Enfer. »

Mouslim a rapporté dans son livre As-Sahîh (2564) un long hadîth d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه) à la fin duquel on peut lire : « Il est suffisant comme mal pour une personne de mépriser son frère musulman. Le musulman est entièrement sacré pour son frère musulman : son sang, sa fortune et son honneur. »

Al-Boukhâry et Mouslim ont rapporté dans les Sahîhain – et les termes sont ceux rapportés par Al-Boukhâry – d’après Ibn ‘Abbâs (رضي الله عنهما) que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) s’adressa aux croyants le jour de l’immolation et dit : « Ô hommes! Quel jour sommes-nous? » Ils répondirent : « Un jour sacrée. » Il demanda encore : « Quelle est cette ville? » Ils répondirent : « Une ville sacrée. » Il demanda ensuite : « Quel est ce mois? » Ils dirent : « Un mois sacré. » Il dit alors : « En vérité, vos sangs, vos biens et vos honneurs vous sont sacrés, aussi sacrées que le sont ce jour d’aujourd’hui, cette ville-ci et ce mois-ci. » Il répéta cela plusieurs fois puis leva sa tête et dit : « Ô Allah, ai-je transmis? Ô Allah, ai-je transmis? » Ibn ‘Abbâs (رضي الله عنهما) a dit : « Je jure par Celui qui détient mon âme dans Sa main! C’est en vérité un testament à sa communauté ; que celui qui est présent transmette donc à l’absent. Ne redevenez pas après moi des mécréants, vous tranchant la tête les uns les autres. »

Mouslim a rapporté dans son livre As-Sahîh (2674) d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه) que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Celui qui invite à la bonne voie obtient une récompense égale à celles de ceux qui l’ont suivi, sans que cela ne diminue rien de leurs récompenses. Celui qui invite à un égarement obtient des péchés équivalents à ceux des gens qui l’ont suivi, et cela ne diminue rien de leurs péchés. »

Al-Hâfidh Al-Moundhiry a dit dans At-Targhîb wal Tarhîb (1/65) en commentant ce hadîth : « Celui qui consigne la science utile a la récompense de celui qui lit son écrit, le recopie ou oeuvre conformément d’après lui, même après sa mort, tant que cet écrit perdure. En revanche celui qui consigne une science inutile, voir néfaste, qui entraîne le péché, portera son péché et le péché de ceux qui lisent son écrit, le recopient ou oeuvrent d’après lui, tant que cet écrit existera, conformément aux hadîths précédents (Celui qui instaure une bonne sunna ou une mauvaise…) ; et Allah sait mieux. »

Al-Boukhâry a rapporté dans son livre As-Sahîh (6502) d’après Aboû Hourayrah (رضي الله عنه) que le Messager d’Allah (صلى الله عليه و سلم) a dit : « Allah (عز و جل) dit : Quiconque sera l’ennemi d’un de mes élus, (waly), je lui déclarerai la guerre… »


(1) Rapporté par Mouslim (1715) Ces trois choses détestées sont également évoquées dans le hadîth rapporté par Al-Boukhâry (2408) et Mouslim d’après Al-Moughîrah.

(2) Rapporté par Al-Boukhâry (6612) et Mouslim (2657) et les termes sont ceux de Mouslim.

Source : « Appel à la bienveillance entre les gens de la Sunna », du Cheikh ‘Abd Al-Mouhsin Ibn Hamad Al-‘Abbâd Al-Badr, Assia éditions.

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