« Empressez-vous d’accomplir le bien » – Dernier sermon du Chaykh Sâlih Taha Aboû Islam رحمه الله (Vidéo)

Le dernier sermon prononcé par Chaykh Aboû Islam Sâlih Taha, qu’Allah lui fasse miséricorde, quelques semaines avant son décès.
Il fut l’un des proches élèves de Chaykh al Albânî et officiait dans sa mosquée à Amman depuis plus de 30 ans.

Dans cette vidéo, le Chaykh apparaît faible et fatigué.
En effet, il luttait contre une maladie grave depuis de longs mois déjà.
Il est mort le mardi 03 octobre 2017.
Qu’Allah le récompense pour les conseils qu’il prodigua à la communauté durant son vivant et qu’Il le fasse rejoindre les Prophètes, les véridiques, les martyrs, et les vertueux.

Source : la chaîne Youtube « Cours religieux »

 

Sa purification est la condition d’entrée [au Paradis]

La troisième chose démontrant l’importance du cœur est que l’entrée au Paradis est conditionnée par sa purification.

C’est pour cela qu’Allah blâma ceux qui ont des cœurs mauvais : {Voilà ceux dont Allah n’a pas voulu purifier les cœurs. Ils seront couverts d’ignominie ici-bas, et dans l’au-delà un châtiment immense leur est réservé.} [Al-Mâidah, v.41]

Et ce verset est une preuve irréfutable que celui qui ne purifie pas son cœur subira inévitablement une ignominie ici-bas et un énorme châtiment dans l’au-delà.

Voilà pourquoi Allah سبحانه وتعالى a interdit le Paradis à celui qui a en son cœur le poids d’un atome de mal. Le Prophète ﷺ a dit : « N’entre pas le Paradis celui qui a en son cœur le poids d’un atome d’orgueil. »[1]

Personne n’y entrera jusqu’à ce que son cœur devienne entièrement bon et propre, et ce, car le Paradis est la demeure des bons, et c’est ainsi qu’il leur sera dit alors qu’ils se trouveront devant la porte du Paradis : {« Puisque vous avez été bons [sur terre], entrez au Paradis où vous demeurerez éternellement !».} [Az-Zoumar, v.73]

Il leur sera fait, à eux seuls, la bonne annonce par les Anges : {Ceux dont les Anges prennent l’âme alors qu’ils sont bons (exempts de tout polythéisme) et auxquels ils disent : « Que le salut soit sur vous ! Entrez au Paradis en récompense de ce que vous faisiez ».} [An-Nahl, v.32]

Ibn Al-Qayyim رحمه الله  a dit : « Le mauvais n’entrera pas le Paradis, ni celui possédant un brin de mal.
Ainsi, quiconque se sera purifié ici-bas et aura rencontré Allah absout et sain de toute impureté y entrera sans aucune gêne.
Quant à celui qui, ici-bas, ne se sera pas purifié, si son impureté était majeure tel le mécréant, alors il n’y entrera nullement ; mais si son impureté a été acquise, [tels les péchés du cœur et des membres que commet le musulman,] il y entrera qu’après avoir été nettoyé de celle-ci dans le feu de l’Enfer. Quant à certains croyants, lorsqu’ils auront traversé le pont As-Sirât, ils seront arrêtés sur le pont Qantarah situé entre le Paradis et l’Enfer où ils se feront corriger et débarrasser de ce qu’il leur reste d’impuretés qui les empêchent d’accéder au Paradis. A ceux-là, il ne leur a pas été prescrit d’entrer en Enfer, mais une fois qu’ils auront été lavés et nettoyés de ces souillures restantes, alors l’entrée au Paradis leur sera accordée. »

Et c’est dans ce but qu’est venu l’ordre clair adressé au Prophète ﷺ {Purifie tes vêtements [de toute souillure].} [Al-Mouddaththir, v.4]

Ibn Al Qayyim a dit : « La majorité des exégètes parmi les Pieux Prédécesseurs (As-salafs) et ceux qui les ont suivis sont d’avis que le sens voulu par « vêtements » désigne ici, le cœur ; et que la signification de la purification correspond à la réforme des actes et des nobles comportements et caractères. »

La plus grande impureté :

Allah le Très Haut a dit : {Les polythéistes ne sont que souillure.} [At-Tawbah, v.28]

Il سبحانه وتعالى utilisa une forme nominale « najas – نَجَسٌ » (souillure) afin d’hyperboliser. C’est comme s’ils étaient le cœur de la souillure, car les souillures internes (cachées) doivent être évitées en premier lieu ; et y a-t-il plus impure que le polythéisme ?!

Donc, les impuretés du cœur, outre le fait qu’elles soient des turpitudes ici-bas, sont destructrices dans l’au-delà.

Mais il y a une autre signification à cela : celle que la purification et l’impureté ne soient pas restreintes uniquement à l’apparence ; car le polythéiste peut porter de beaux vêtements, ou être propre, alors que son cœur est souillé.

Et c’est ce qu’ont adopté les quatre grandes écoles juridiques en disant que le mécréant n’est pas une souillure en lui-même car Allah nous a rendu licite leurs nourritures[2], et cela nous a été rapporté par les faits et les dires du Prophète ﷺ. En effet, il mangea et bu dans leurs récipients, fit ses ablutions dans ceux-ci et il fit même entrer des mécréants dans sa mosquée.

Nous pouvons également ajouter que les souillures dites « abstraites » ou incorporelles, ne sont pas toutes du même niveau, elles diffèrent. Et elles n’ont pas comme seuls endroits les cœurs des mécréants, bien au contraire, elles peuvent aussi se loger dans les cœurs des musulmans. Ainsi, la colère, l’orgueil, la jalousie, et les autres types de maladies du cœur sont des souillures.

Et si le Prophète ﷺ a certes dit que « Les Anges n’entre pas une maison où se trouve un chien ou une image »[3] et bien Aboû Hâmid Al-Ghazâlî رحمه الله a médité ce hadîth d’un angle qui peut paraître au premier abord loin de son apparence, mais qui, en réalité, indique une signification très correcte, il dit :

« Le cœur est [semblable à] une maison qui est la demeure des Anges, l’endroit où ils laissent leurs traces et s’y établissent, tandis que les mauvaises caractéristiques telles que la colère, la passion, la haine, la jalousie, l’orgueil, la vanité et toutes leurs semblables ne sont que des chiens qui aboient. Comment les Anges peuvent-ils y entrer alors que la maison est remplie de chiens ?!

Quant à la lumière de la science, Allah le Très Haut ne l’envoie dans le cœur que par l’intermédiaire des Anges : {Quand Allah s’adresse à un homme, Il ne le fait que par révélation, ou derrière un voile, ou par l’envoi d’un [ange] messager qui lui révèle, par Sa permission, ce qu’Allah veut.} [Sourate Ach-Choûrâ, v.51]

De cette façon, il n’y a pas de science clémente et bénéfique qui est envoyée au cœur sans que les Anges, à qui a été confiée cette tâche, s’en chargent. Et ce sont des êtres sains, purifiés et innocents de toutes caractéristiques détestables ; ainsi, ils ne constatent que le bon, et, avec ce qu’ils possèdent parmi les trésors de la miséricorde d’Allah, ils n’habitent que ce qui est bon et pur. »

[1] Sahîh Mouslim, N°91
[2] Sauf les animaux sacrifiés (Note du traducteur)
[3] Sahîh Al-Boukârî, n°4002

Source originale : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction : Le Cœur des Croyants)

Lire la suite

Les catégories de péchés

Sache que l’homme possède de nombreux caractères et attributs, mais les sources des péchés sont au nombre de quatre :

La première concerne les caractères de seigneurie qui suscite l’orgueil, la fierté, l’amour des louanges et éloges, l’arrogance, la recherche de domination, et autre. Ce sont là des péchés destructeurs, mais certains les négligent et ne les considèrent pas comme des péchés.

La deuxième concerne les caractères sataniques qui donnent naissance à la jalousie, la transgression, la ruse, la tromperie, la machination, la fraude, l’hypocrisie, l’incitation à la corruption et autre.

La troisième concerne les caractères bestiaux qui donnent naissance à l’avidité, et à l’attachement à assouvir les désirs du ventre et du sexe qui entraînent la fornication, l’homosexualité, le vol et le fait de s’adonner aux vanités de ce bas-monde pour satisfaire les désirs.

La quatrième concerne les caractères de prédation qui donnent naissance à la colère, la haine, l’agression des gens par le meurtre, les coups, et l’accaparement de leurs biens.

Ces caractères évoluent dans la nature humaine. Ainsi c’est le caractère bestial qui domine en premier, puis il est suivi du caractère de prédation, et lorsque ces deux caractères sont réunis, ils utilisent la raison en ce qui concerne les caractères sataniques, comme la ruse, la tromperie, le stratagème, puis ce sont les caractères de seigneurie qui dominent.

Ce sont la les fondements et sources des péchés, puis, les péchés jaillissent de ces sources vers les membres : certains dans le cœur, comme la mécréance, l’innovation, l’hypocrisie et la dissimulation du mal ; d’autres dans l’ouïe, la langue, le ventre et le sexe, les mains et les pieds ; et d’autre encore dans tout le corps. Il n’est pas nécessaire de le détailler, tant cela est clair.

Ensuite les péchés se subdivisent entre ceux qui se rapportent aux droits des êtres humains et ce qui est entre le serviteur et son Seigneur. Ce qui se rapporte aux droits des serviteurs est plus grave, quant à ce qui est entre le serviteur et son Seigneur, le pardon y est plus espéré et escompté, sauf s’il s’agit de polythéisme, qu’Allah nous en préserve, car il n’est pas pardonné. […]

Autre division : sache que les péchés se divisent entre mineurs et majeurs. Il est de nombreuses divergences à ce sujet, et les hadiths diffèrent sur le nombre de péchés majeurs. Les hadiths authentiques les mentionnant sont au nombre de cinq :

Le premier est le hadith d’Aboû Hourayrah  رضي الله عنه qui rapporte que le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :  «  Écartez vous des sept qui mènent à la perdition ! « . Ils ont dit: Quels sont ces choses ? Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit:  » L’association à Allah, la sorcellerie, tuer une âme qu’Allah a interdit sans droit, manger l’usure, manger l’argent de l’orphelin, fuir le jour de la bataille et accuser injustement de fornication les croyantes chastes et insouciantes « .
[Al Boukhârî (6857) et Mouslim (89)]

Le deuxième est le hadith de ‘Abd Allah Ibn Mas’oûd  رضي الله عنه qui dit : « Ô Messager d’Allah ! Qu’elle est le plus grand péché? -Que tu donnes un égal à Allah, alors que c’est Lui qui t’a créé. -Et ensuite? -Que tu tues ton enfant de crainte qu’il ne partage ta nourriture. -Et ensuite? -Que tu commettes l’adultère avec l’épouse de ton voisin. »[Al Boukhâri (4702) et Mouslim (86)]

Le troisième est le hadith de ‘Abd Allah Ibn ‘Amr رضي الله عنه qui rapporte que le Prophète صلى الله عليه وسلم dit : « Les péchés majeurs sont l’association à Allah et le non-respect de la piété filiale. » [Al Boukhârî (6870)]

Le quatrième est la hadith est le hadith : « Voulez-vous que je vous indique le plus grand péché majeur? C’est le mensonge – ou il dit : le faux témoignage. » [Al Boukhârî (5977) et Mouslim (88)]

Le cinquième est le hadith d’Aboû Bakr رضي الله عنه qui rapporte que le Prophète صلى الله عليه وسلم dit, lorsqu’on mentionna les péchés capitaux en sa présence : « L’association à Allah, et le non-respect de la piété filiale. -Puis, alors qu’il était accoudé, il se mit assis et dit : Et le faux témoignage.Et il ne cessa de la répéter, au point que nous nous disions : si seulement il s’était tu » [Al Boukhârî (2654) et Mouslim (87)]

Les savants ont tenu à ce sujet de nombreux avis, mais les hadiths mentionnant les péchés majeurs n’indiquent pas qu’ils soient mentionnés exhaustivement. Le Législateur a peut-être voulu cette indétermination, afin que les gens craignent les péchés. Les hadith permettent néanmoins de connaître les catégories de péchés majeurs, et les plus graves d’entre eux.

Quant aux plus minimes des péchés mineurs, il n’est aucun moyen de les connaître.

Les savants ont parlé du nombre de péchés majeurs, ainsi on rapporte que pour Ibn Mas’oûd رضي الله عنه ils étaient au nombre de quatre, et pour Ibn ‘Oumar رضي الله عنه au nombre de sept. Lorsqu’on rapportait à Ibn ‘Abbâs رضي الله عنه qu’Ibn ‘Oumar estimait qu’ils étaient au nombre de sept il disait : « ils sont plus proches de soixante-dix que de sept. » De même Aboû Sâlih rapporte d’Ibn ‘Abbâs : « Les péchés majeurs sont ceux qui exigent l’application d’une peine légale en ce bas-monde. » Pour Ibn Mas’oûd, les péchés majeurs figurent au début de la sourate An-Nissâ jusqu’à la Parole d’Allah :

 {Si vous évitez les grands péchés qui vous sont interdits, Nous effacerons vos méfaits de votre compte, et Nous vous ferons entrer dans un endroit honorable (le Paradis).} [Sourate 4, v.31]

Sa’îd Ibn Joubayr رضي الله عنه et d’autres ont été d’avis que cela englobe tout péché pour la pratique duquel Allah a menacé de l’Enfer.

Aboû Tâlib Al-Makkî dit : « Les péchés majeurs sont au nombre de dix-sept, que j’ai retenus de ce qui a été rapporté :

  • Quatre concernent le cœur : le polythéisme, l’obstination dans le péché, le fait de désespérer de la miséricorde d’Allah, et l’assurance contre la ruse d’Allah. 
  • Quatre concernent la langue : le faux témoignage, l’accusation mensongère portée à l’encontre des femmes chastes, le faux serment délibéré, et la sorcellerie. 
  • Trois concernent le ventre : la consommation d’alcool, l’accaparement dans droit des biens de l’orphelin, et la consommation de l’usure. 
  • Deux concernent le sexe : l’adultère et l’homosexualité. 
  • Un concerne les pieds : la fuite au combat. 
  • Un concerne l’ensemble du corps : le non-respect de la piété filiale. »

Cela peut être augmenté ou diminué, car le fait de frapper et châtier l’orphelin est plus grave que la consommation de ses biens. Et Allah est plus savant.

Source : « L’Esprit de L’âme », éditions Tawbah

Il est la cible commune

Assurément, le diable (Ach-Chaytân) comprit le rôle du cœur et son importance ; ainsi, il ne perd pas son temps dans de futiles batailles ou de marginales échauffourées, mais il focalise constamment toute son énergie pour un but unique.

Ibn Al-Qayyim رحمه الله a dit : « Lorsque l’ennemi d’Allah, Iblîs, su que tout tourne autour du cœur c’est alors qu’il vint à lui par le biais des insufflations et des passions, en lui enjolivant les paroles et les actes qui le détourneront du droit chemin, et en lui facilitant l’accès à des égarements qui l’empêcheront d’accéder à la réussite. Il plaça des pièges et des leurres à son encontre, et même si le cœur ne s’y prend pas il ne pourra échapper à certains dommages. »

Le cœur est donc l’objectif qui est commun entre le Roi سبحانه وتعالى et le diable, tous deux le visent[1]. Il est la zone du conflit, le champ de bataille et la zone de tension ; et résultera de ce combat soit la guidée du cœur et sa vie, soit sa dureté, sa mort et sa perdition.

Qu’il est donc étonnant celui qui prend le conseil de l’ennemi rejetant ainsi la recommandation du bien-aimé ﷺ, qui achète l’amitié du diable contre l’inimitié des Anges, et qui déclare la guerre à ce qui lui reste de sa foi en coopérant avec son pire ennemi !

Et c’est de cet étonnement-là qu’Ibn Al-Jawzî رحمه الله  exprime dans sa parole : « Comment peux-tu être apaisé en soutenant la partie de l’âme contre celle du cœur, alors que cette dernière est croyante et celle de l’âme mécréante ?! »[2]

Le cœur diffère des membres :

Si quelqu’un disait : « Mais les membres sont également visés par les Anges et les démons (Ach-Chayâtîn), alors quelle différence peut-il y avoir entre eux et le cœur ? »

[Pour y répondre], je citerai la parole d’Aboû Hâmid Al-Ghazâlî رحمه الله qui a expliqué cette différence indéniable qu’il y a entre eux :

« Ce qui touche le cœur est bien plus nombreux [que ce qui touche les membres].
Car les pensées [qui le heurtent] sont telles des flèches qui ne cessent d’atteindre leur cible, à l’instar d’une pluie se déversant continuellement sur lui nuit et jour. Tu n’es pas en mesure d’empêcher cela.
Et le cœur n’est pas du même rang que l’œil : car les paupières de l’œil se referment sur lui et peut ainsi se reposer, ou bien, il se trouve dans un endroit désert ou une nuit obscure et sera donc peu sollicité.
Il n’est pas non plus du même rang que la langue qui se trouve derrière deux voiles : les dents et les lèvres ; tu es en mesure de l’empêcher [de s’agiter] et de la contenir.
Mais ce n’est pas le cas pour le cœur ! Il est la cible de toutes pensées, tu ne peux les refouler et elles ne cessent de te toucher en tout temps et à tout moment. »

[1] Allah dit : {Il n’agrée pas la mécréance de Ses serviteurs, alors qu’Il agrée que vous fassiez preuve de reconnaissance.} [Az-Zoumar, v.7] Ainsi, Il veut que le cœur de Ses serviteurs soit pénétré par la foi, et ce, à l’inverse du diable qui ne souhaite que l’égarer  (Note du traducteur)

[2] Ce qui est voulu par sa parole : « Comment peux-tu être apaisé alors que tu soutiens le diable contre ton cœur et laisses ton âme suivre les passions qu’il (le diable) lui insuffle pénétrant ainsi ton cœur qui est une citadelle dans laquelle loge la foi et la connaissance d’Allah. » (Note du traducteur)

Source originale : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction : Le Cœur des Croyants)

Lire la suite

Certes, il est le roi


Le cœur est l’émir du corps et le souverain des membres ; il est leur unique berger et leur leader.
Les membres et les sens sont ses disciples, ils n’extériorisent que ce qu’on leur ordonne.
Ainsi, tous les actes qui en découlent résultent du décret du cœur qui utilise les membres uniquement dans ce qu’il désire, ils sont à sa merci. 

C’est du cœur que s’acquiert la droiture ou l’égarement. 

D’ailleurs, il y a entre lui et les membres une relation étonnante et une étrange similitude, car chacun impacte sur l’autre[1].

Dès lors, si le regard dévie c’est qu’il en a reçu l’ordre, si la langue ment c’est parce qu’elle n’est qu’une esclave soumise [au cœur], et si le pied marche vers l’illicite c’est que le cœur s’y est déplacé en premier. C’est pour cette raison que le Prophète ﷺ a dit concernant celui qui prie de manière distraite : « Si le cœur de celui-ci avait été humble et concentré, alors ses membres l’auraient été également. »[2] Et il dit à celui qui dirige la prière [commune] de dire aux fidèles : « Alignez-vous et ne déviez-pas [de vos rangs] de crainte que vos cœurs ne divergent. »[3]
Les actes des membres sont donc le fruit des actes du cœur.

En résumé : Le cœur est la première ligne défensive et la dernière, ainsi, s’il faiblit, se corrompt ou qu’il capitule alors les membres s’écrouleront.

Et inversement, si le serviteur évoque son Seigneur c’est parce que le cœur L’a évoqué ; s’il laisse sa main s’adonner à l’aumône c’est parce que le cœur lui a permis cela ; et si l’œil verse des larmes c’est parce que le cœur lui en a donné l’ordre. De ce fait, c’est lui qui dicte à la langue ce qu’elle doit prononcer, à la main ce qu’elle doit écrire et aux pieds où se déplacer.

Le Prophète ﷺ a évidemment défini le droit du cœur et le rang qu’il occupe. Il alla jusqu’à le décrire comme « un morceau de chair qui, s’il est bon, alors tout le corps le sera. »[4]. Et c’est la première chose vers laquelle il nous orienta afin que nous puissions l’éduquer, lui accorder une attention particulière et le purifier.

Par conséquent, tous les actes reviennent au cœur et émanent de lui. Et on entend par « tous les actes », tous les faits et gestes que l’on accomplit tel le vêtement que l’on revêt ou le corps que l’on embellit ! Et c’est ce qu’a compris le noble compagnon ‘Abd Allah Ibn Mas’oûd  رضي الله عنه, à qui on donna la compréhension du Coran, en disant : « Les apparences ne se ressembleront que si les cœurs se ressemblent. » 

Il est l’objectif premier du bien-aimé ﷺ :

La mère des croyants, ‘Âicha رضي الله عنها , a dit : « Parmi les premiers passages du Coran à avoir été révélés, il y a une sourate parmi les sourates moufassal, dans laquelle il est question du Paradis et de l’Enfer ; et puis, lorsque les hommes retournèrent vers l’islam, le licite et l’illicite furent révélés. Si dès le début Allah avait révélé : « Ne buvez plus d’alcool », les hommes auraient dit : « Nous ne le délaisserons jamais ! ». Et si dès le début Il avait révélé : « Ne commettez plus l’adultère ! », les hommes auraient dit : « Nous ne le délaisserons jamais ! » »

Allah interdit l’alcool lors de la 2ème année de l’hégire, soit 15 ans après le début de la prophétie, et Il rendit obligatoire l’aumône également durant la 2ème année hégirienne. De même qu’Il prescrit le voile légiféré lors de la 6ème année de l’hégire, soit 19 ans après le début de la prophétie.
Tout cela sont des commandements [divins] dont la révélation fut retardée jusqu’à ce que les cœurs se soient purifiés, adoucis et que la vérité s’y soit fermement ancrée, et soit sans équivoque.

Et pour montrer la noblesse du cœur, Allah fit qu’il soit un outil et un moyen [pour la personne] de connaître son Seigneur et d’être guidée vers Lui. Mais si Allah se mettait en colère contre un serviteur, le pire des châtiments qu’Il pourrait lui infliger serait de lui faire obstacle entre Lui (Allah) et son cœur. Et cet obstacle se traduirait par le fait qu’Allah lui interdise de Le connaître et [lui interdise] Sa proximité.

Voilà donc la raison pour laquelle prêter une attention particulière au cœur c’est prêter une attention à ce qui est le plus important sur ce qui l’est moins, et se préoccuper de la base sur ce qui est secondaire.

[1]Même si l’impact du cœur sur les membres est plus fort (Note du traducteur)
[2] Jugé très faible par chaykh Al-Albânî
[3] Sahîh Mouslim, n°432
[4] Sahîh Al-Boukhârî, n°52

Source originale : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction : Le Coeur des Croyants)

Lire la suite