2 virus, un même remède

As-Salam ‘alaykoum wa rahmatouLlah

Voilà maintenant chers frères et sœurs plusieurs semaines que nous avons vu notre quotidien changé et notre mode de vie réadapté, cela suite aux mesures qui ont été prises pour parer à cette épidémie.

En quelques jours nous avons fait beaucoup d’effort pour nous adapter, préserver notre santé et celle des autres.

Chers frères et sœurs, si nous avons été capables en ce laps de temps de faire autant d’effort pour préserver la santé de notre corps, ne sommes-nous pas capables, en tant que croyant d’en faire autant, si ce n’est plus pour celle de notre cœur ?

Cette dernière est pourtant tout aussi importante, elle est même plus importante que cette première.

Allah dit dans le Coran : {Les jours où ni les biens ni les enfants ne seront d’aucune utilité sauf qui vient à Allah avec un cœur sain.} [S.26, v.88-89] Ou encore dans ce hadîth du Prophète ﷺ qui dit : « Il y a dans le cœur un morceau de chair s’il est sain, c’est tout le corps qui est sain et s’il est corrompu, c’est tout le corps qui est corrompu, il s’agit du cœur. »

Dans cet autre hadîth rapporté par Mouslim le Prophète ﷺ dit : « Allah ne regarde ni votre corps, ni votre apparence, mais Il regarde votre cœur et vos œuvres. »

Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous allons voir que toutes ces règles que nous appliquons quotidiennement pour nous préserver de ce virus, nous pouvons les appliquer dans une autre mesure, d’une autre façon, pour la préservation de nos cœurs. Pour préserver nos cœurs des virus et des maladies qui le corrompent et le souillent.

Par exemple, toutes les mesures que nous avons prises ont nécessité la connaissance de ce virus, d’apprendre quels sont ses dangers, ses symptômes, etc. On a dû s’informer à son sujet. Et bien il en est de même pour le virus et les maladies du cœur. On se doit pour s’en prémunir de les connaître, de les apprendre. Allah dans le Coran dit : {Sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?} [S.39, v.9] Et bien comme tu t’es tourné vers les spécialistes de la santé, des gens en qui tu as confiance, et bien tu reviens aux savants, aux érudits de confiance, conformément à la parole d’Allah : {Demander aux gens de science si vous ne savez pas.} [S.16, v.43]

Et si l’ignorance des règles, des mesures ou la nonchalance dans la connaissance du virus sont une cause de perdition, sont un danger pour notre santé, il en est de même pour la corruption et la perdition des cœurs. Ibn Al-Jawzî disait : « Le diable n’a pas trouvé de porte ouverte plus grande que celle de l’ignorance. » C’est-à-dire, le diable n’a pas trouvé de porte ouverte pour faire dévier le serviteur que, la porte de l’ignorance.

Passons à cette deuxième règle, cette deuxième recommandation qu’on doit observer en cas d’épidémie, le fait de renforcer son immunité. L’ensemble des médecins le conseillent. Il faut renforcer l’immunité de notre corps. Et bien le croyant, lui, il va chercher également en plus de cela à renforcer l’immunité de son cœur.

Comment ? Et bien par le rappel d’Allah. Écoute ce hadîth. Le Prophète ﷺ nous a informé que le Prophète Yahyâ Ibn Zakariyyâ (Yahyâ fils de Zakariyyâ) dit à son peuple : « Je vous ordonne de multiplier le rappel d’Allah, c’est comme un homme dont les ennemis sont à ses trousses jusqu’à ce qu’il passe par une citadelle et s’y réfugie. Il en est de même pour le serviteur, il ne trouve protection contre le Diable que par le rappel d’Allah. » Ce hadîth est rapporté par Al-Moundhirî et fut jugé authentique.

Dans un autre hadîth, authentique également, il est rappelé que lorsque l’on dit la basmalah, quand on dit « BismiLah » (Au Nom d’Allah), alors le Diable devient de plus en plus petit, il se rapetisse. Donc le renfort de l’immunité du cœur s’opère par le rappel d’Allah Le Très Haut.

Et comme l’a remarqué Ibn Al-Qayyim Al-Jawzî dans Madârij As-Sâlikîne, c’est le rappel d’Allah qui fait vivre les cœurs.

Passons désormais à une autre règle, une règle importante pour se prémunir des virus. Le respect des règles d’hygiène, de propreté. Comme le fait de se laver régulièrement les mains par exemple. Et bien l’hygiène du cœur et la purification des cœurs c’est par la demande de pardon (Al-Istighfâr) qu’elle s’opère, c’est par l’istighfâr qu’on purifie les cœurs.

Dans un hadîth rapporté par Ahmad et At-Tirmidhî d’après Aboû Hourayrah رضي الله عنه, le Prophète ﷺ dit : « Le croyant s’il commet un pêché, un point noir s’inscrit sur son cœur, s’il se repent, s’abstient et demande pardon, alors son cœur se poli, son cœur se purifie. » Ce hadîth fut jugé bon par Chaykh Nâsir Ad-Dîne Al-Albânî.

Certains savants furent questionnés, quel est le plus profitable pour la personne ? Est-ce qu’il s’agit du Tasbîh, du fait de dire « SoubhânAllah », de glorifier Allah ou c’est la demande de pardon ?

Ils répondirent : « Si le vêtement est propre alors le parfum, l’encens sont plus profitables, mais autrement s’il est sale alors c’est la demande de pardon qui profite plus. » Quand Ibn Al-Qayyim fit part de cette parole au Chaykh Ibn Taymiyyah celui-ci répondit : « Mais qui d’entre nous ne salit pas ses vêtements ? »

Penchons-nous alors sur une quatrième règle, quatrième directive qui consiste à éviter de se mélanger avec les personnes porteuses du virus. Le fait de rester avec les gens « sains ». Est-ce que cette directive a un équivalent dans la préservation du cœur ?

Et bien oui, une fois de plus. Rappeler vous ce hadîth d’Aboû Moûssâ où le Prophète ﷺ fit la comparaison entre la bonne et mauvaise compagnie avec le vendeur de parfum et le vendeur de charbon. Ou encore dans cet autre hadîth rapporté par Ahmad, Aboû Dâoûd et At-Tirmidhî dans lequel le Prophète ﷺ dit : « Ne fréquente qu’un croyant ! »

Et il est bon de remarquer ici que tout comme tu t’écartes des gens porteurs de virus, tu souhaites pour eux la guérison et invoques pour eux. Et bien cela est valable également pour les virus du cœur, les maladies du cœur. Si tu t’écartes des gens de crainte d’être touché par la maladie de leur cœur, par leur déviance, ça ne t’empêche pas d’invoquer pour eux et de souhaiter de tout ton cœur la guidée pour ces derniers.

Passons désormais à une autre règle, qui est étroitement liée à celle qui a précédée. Il s’agit d’éviter de fréquenter des endroits propices à la propagation des virus, comme les lieux par exemple qui sont fortement fréquentés. Et bien pour préserver ton cœur, tu t’écartes également de certains lieux nuisibles, qui sont des lieux de tentation. Comme par exemple, les lieux où les péchés sont commis aux yeux de tous.

Et comme le Prophète ﷺ le dit dans un hadîth rapporté par At-Tabarî, Aboû Nou’aym et Al-Bayhaqî : « Certes celui qui a réussi est celui qui s’est écarté des fitans (des tentations). » Aussi parfois lorsque la situation ne prête qu’à cela, on est comme c’est le cas en ce moment dans l’obligation de se confiner, rester chez soi. Et bien c’est ce que l’on appelle dans le cas de la préservation des cœurs « Al-‘Ouzlah », c.à.d. le fait de s’écarter, de se retirer, la retraite. C’est ce qu’ont privilégié certains salafs (pieux prédécesseurs) à des moments où les troubles étaient fortement répandus.

Par exemple certains ont dit : « Prends Allah comme compagnon et laisse les gens. » D’autres dirent : « Fuis des gens comme tu fuis du lion. » Soufiâne At-Thawrî disait : « C’est le temps de se taire et de rester chez soi. »

Nous conclurons, chers frères et sœurs par cette dernière prérogative qui consiste à être attentif aux symptômes précurseurs de la maladie et cela pour y remédier au plus tôt. Le cœur malade tout comme le corps ont des symptômes, qui par la grâce d’Allah vont alerter la personne qu’il faut faire des causes, qu’il faut remédier à la maladie. Et bien oui, la transgression des ordres d’Allah peut être douloureuse. La douleur de la transgression du péché est d’ailleurs un signe que le cœur est encore en vie.

Comme il est dit : « Et la blessure ne fait pas souffrir un mort. »

Parmi les symptômes également, qui montre que le cœur est malade, et qu’il est dans le besoin d’être guéri, d’être soigné, la dureté du cœur « Qaswatou-l-Qouloûb ».

Allah dit dans le Coran : {Puis leurs cœurs se sont endurcis et sont devenus comme une pierre ou plus durs encore.} [S.2, v.74] Et comme tu prends ta température pour savoir si tu as de la fièvre lorsque tu ressens ces symptômes, tu peux également prendre la température de ton cœur, comme le dit Ibn Al-Qayyim : « Cherches ton cœur dans trois endroits, lors de l’écoute du Coran, lors des assises de rappel, et lorsque tu t’isoles dans le rappel d’Allah. Si tu ne trouves pas ton cœur (c.à.d. si tu ne sens pas les douceurs de la foi, la quiétude du cœur) à ces endroits, alors demandes à Allah qu’Il te donne un cœur. » C.à.d. demande à Allah qu’Il te guérisse.

Qu’Allah nous préserve des maux du corps ainsi que des maux du cœur et qu’Il nous fasse don de cœurs vivants, éveillés, don de cœurs sains et solides.

Et je conclurai par cette parole qui dit que : « La pire des morts, c’est le fait de mourir, de décéder lorsque tu es encore en vie. »

As Salam alaykoum wa rahmatouLah.

Source : Le Coeur des Croyants et la chaîne Telegram : https://t.me/mahabatoun

Il tire leçon de toutes choses

(Il est en cela des signes pour ceux qui méditent.) (Al-Hijr, v.75) Ceux méditent (Al-Moutawassimoûn – المُتَوَسِّمُونَ) sont ceux qui réfléchissent et tirent des leçons. Ils auscultent les choses, les contemples et en extraient des préceptes. Ils observent minutieusement jusqu’à connaitre la réalité de ce qu’ils observent à travers leurs attributs. 

Les gens de science ont dit : « At-Tawassoum – التَّوَسُّم (L’observation minutieuse, la méditation) provient du terme Al-Wasm – الوَسْم (l’attribut, la caractéristique, l’empreinte…). Il désigne un caractère distinctif sur lequel on s’appuie. On dit : « J’ai observé/vu (Tawassamtou – تَوَسَّمْتُ) qu’il était quelqu’un de bien quand je vis cela à ses traits. »

On trouve également la parole de ‘Abd-Allah Ibn Rawâhah[1] au Prophète ﷺ : 

« Assurément, j’ai vu (تَوَسَّمْتُ) en toi tout le bien que je connais,

Et Allah sait parfaitement que mon regard est persistant. » 

On dit (اتَّسَمَ الرَّجُل) quand une personne s’est attribué un signe par lequel on le reconnait. 

(Al-Wâsim – الواسِم) désigne celui qui te regarde de la tête au pied. 

Donc, le terme (At-Tawassoum – التَّوَسُّم) a pour origine le fait de s’assurer d’une chose et d’y réfléchir. Il provient du terme (Al-Wasm – الوَسْم) qui désigne également le marquage au fer que l’on applique sur la peau d’un chameau ou d’un autre animal.

Quant au pronom démonstratif : (Il est en cela), il renvoie à tout ce que contient l’histoire qui a été précédemment citée à partir de la Parole du Très Haut : (Et informe-les au sujet des hôtes d’Ibrâhîm (Abraham)) (Al-Hijr, v.51). On y trouve de très nombreux miracles et leçons, parmi eux : 

  • La descente des Anges à la demeure d’Ibrâhîm عليه السلام pour l’honorer.
  • L’annonce de la bonne nouvelle qui lui a été faite concernant la naissance d’un garçon plein de savoir.
  • Allah l’informa du châtiment avec lequel les Anges frapperont le peuple de Loût.
  • Le secours d’Allah pour Loût par le biais des Anges
  • Il l’informa également qu’Il sauvera Loût عليه السلام et sa famille. 
  • Qu’Allah anéantira son peuple et sa femme car elle a soutenu son peuple.
  • La preuve de l’aveuglement de ceux qui se sont égarés de la voie droite.
  • La preuve de la Colère d’Allah sur ceux qui persistent dans la désobéissance des Messagers.
  • Que cette colère est une humiliation pour ceux qui n’ont pas craint les signes d’Allah, car ils ne savent pas observer et réfléchir.
  • Cette histoire est une remontrance aux polythéistes de La Mecque qui n’ont pas tiré de leçon.
  • Et qu’ils seront atteints [s’ils persistent] par ce qui toucha les communautés avant eux dont ils connaissaient leurs histoires et voyaient leurs vestiges.
  • Cette histoire est également une remontrance pour les désobéissants et insouciants qui empruntent la même voie.

Les hommes du discernement et de la sagacité :

Cette sagacité et ce discernement ne s’obtiennent qu’après avoir vidé le cœur des préoccupations mondaines, l’avoir purifié de la souillure des péchés, des comportements corrompus et des exagérations dans le domaine du licite. Dès lors, c’est la vérité qui parcourra le cœur, non les illusions. Car le cœur alternait entre la contemplation des signes d’Allah et la clarté des actes d’obéissances, c’est ainsi que la lumière se déversa sur lui[2]. Dans ce sens, on trouve la parole d’Ibn ‘Abbâs رضي الله عنهما : « Personne ne m’interroge sur une affaire sans que je sache si elle est érudite ou non. »

Il a été rapporté que Ach-Châfi’î et Mouhammad Ibn Al-Hasan étaient tous deux dans la cour autour de la Ka’bah quand ils virent un homme à la porte de la mosquée, l’un d’eux dit : « Je pense [que cet homme] est un menuisier. » Quant à l’autre de dire : « Je pense plutôt qu’il est forgeron. » Une personne présente s’empressa d’aller questionner cet homme qui lui répondit : « Auparavant j’étais un menuisier, mais maintenant je suis forgeron. »

Il a été rapporté de Joundoub Ibn ‘Abd-Allah Al-Bajalî رضي الله عنه qu’il arriva près d’un homme qui lisait le Coran, il s’arrêta et dit : « Celui qui lit [dans le but d’être entendu des gens], Allah fera entendre parler [en mal] de lui [le Jour de la Résurrection] ; et celui qui agit par ostentation, Allah le dévoilera [au gens]. » Nous lui dîmes : « C’est comme si tu avais désigné cette personne. » À cela il répondit : « En réalité, aujourd’hui celui-là vous lit le coran, et demain il sortira Haroûryan (Khârijî). » Effectivement, il devint par la suite la tête de ceux-là, son nom était Mirdâs.

Il a été rapporté d’Al-Hasan Al-Basrî que ‘Amr Ibn ‘Oubayd[3] entra auprès lui. Al-Hasan s’exclama : « Voici le maître des jeunes de Basorah, du moment qu’il n’innove pas. » Par la suite, cet homme (‘Amr) dit ce qu’il dit concernant le destin d’Allah (Al-Qadr) jusqu’à s’écarter totalement de ses frères. 

Il a été aussi rapporté qu’Al-Hasan dit à Ayyoûb (en parlant de ‘Amr) : « Voici le maître des jeunes de Basorah » sans ajouter l’exception.

Il a été rapporté selon Ach-Cha’bî qu’il dit à Dâwoûd Al-Azadî, alors que ce dernier voulait polémiquer : « Tu ne mourras pas tant que ton visage n’aura pas été brûlé par le fer ». Et c’est effectivement ce qu’il se passa. 

Il a été rapporté qu’un groupe de la tribu Madh-hij (مَذْحِج) alla voir ‘Oumar Ibn Al-Khattâb رضي الله عنه. Parmi eux se trouvait Al-Achtar qui s’approcha de lui. ‘Oumar leva ses yeux, le scruta du regard puis demanda : « Qui est cet individu ? »- « Mâlik Ibn Al-Hârith » répondirent-ils. « Qu’a-t-il ?! Qu’Allah l’anéantisse ! Je vois clairement un jour très dur pour les musulmans à cause de cet homme[4]. » Et lors d’un trouble [qui toucha les musulmans], il fit ce qu’il fit. 

Il a été rapporté de ‘Outhmân Ibn ‘Affân رضي الله عنه qu’Anas Ibn Mâlik alla le voir après avoir été au marché, où il avait regardé une femme. Lorsque ‘Outhmân le vit, il dit : « L’un d’entre vous vient me voir alors qu’il a dans ses yeux les traces du fornicateur ?! » Anas lui dit alors : « Serait-ce une révélation après celle du Messager d’Allah ﷺ ? » Il répondit : « Non ! Mais un signe et une sagacité. » Et il disait vrai.

Et nombreux sont ce genre d’histoires parmi les compagnons et les suiveurs (At-Tâbi’în), qu’Allah les agrée tous.

Les différents sortes de discernement et de sagacité :

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Il est la cible commune

Assurément, le diable (Ach-Chaytân) comprit le rôle du cœur et son importance ; ainsi, il ne perd pas son temps dans de futiles batailles ou de marginales échauffourées, mais il focalise constamment toute son énergie pour un but unique.

Ibn Al-Qayyim رحمه الله a dit : « Lorsque l’ennemi d’Allah, Iblîs, su que tout tourne autour du cœur c’est alors qu’il vint à lui par le biais des insufflations et des passions, en lui enjolivant les paroles et les actes qui le détourneront du droit chemin, et en lui facilitant l’accès à des égarements qui l’empêcheront d’accéder à la réussite. Il plaça des pièges et des leurres à son encontre, et même si le cœur ne s’y prend pas il ne pourra échapper à certains dommages. »

Le cœur est donc l’objectif qui est commun entre le Roi سبحانه وتعالى et le diable, tous deux le visent[1]. Il est la zone du conflit, le champ de bataille et la zone de tension ; et résultera de ce combat soit la guidée du cœur et sa vie, soit sa dureté, sa mort et sa perdition.

Qu’il est donc étonnant celui qui prend le conseil de l’ennemi rejetant ainsi la recommandation du bien-aimé ﷺ, qui achète l’amitié du diable contre l’inimitié des Anges, et qui déclare la guerre à ce qui lui reste de sa foi en coopérant avec son pire ennemi !

Et c’est de cet étonnement-là qu’Ibn Al-Jawzî رحمه الله  exprime dans sa parole : « Comment peux-tu être apaisé en soutenant la partie de l’âme contre celle du cœur, alors que cette dernière est croyante et celle de l’âme mécréante ?! »[2]

Le cœur diffère des membres :

Si quelqu’un disait : « Mais les membres sont également visés par les Anges et les démons (Ach-Chayâtîn), alors quelle différence peut-il y avoir entre eux et le cœur ? »

[Pour y répondre], je citerai la parole d’Aboû Hâmid Al-Ghazâlî رحمه الله qui a expliqué cette différence indéniable qu’il y a entre eux :

« Ce qui touche le cœur est bien plus nombreux [que ce qui touche les membres].
Car les pensées [qui le heurtent] sont telles des flèches qui ne cessent d’atteindre leur cible, à l’instar d’une pluie se déversant continuellement sur lui nuit et jour. Tu n’es pas en mesure d’empêcher cela.
Et le cœur n’est pas du même rang que l’œil : car les paupières de l’œil se referment sur lui et peut ainsi se reposer, ou bien, il se trouve dans un endroit désert ou une nuit obscure et sera donc peu sollicité.
Il n’est pas non plus du même rang que la langue qui se trouve derrière deux voiles : les dents et les lèvres ; tu es en mesure de l’empêcher [de s’agiter] et de la contenir.
Mais ce n’est pas le cas pour le cœur ! Il est la cible de toutes pensées, tu ne peux les refouler et elles ne cessent de te toucher en tout temps et à tout moment. »

[1] Allah dit : {Il n’agrée pas la mécréance de Ses serviteurs, alors qu’Il agrée que vous fassiez preuve de reconnaissance.} [Az-Zoumar, v.7] Ainsi, Il veut que le cœur de Ses serviteurs soit pénétré par la foi, et ce, à l’inverse du diable qui ne souhaite que l’égarer  (Note du traducteur)

[2] Ce qui est voulu par sa parole : « Comment peux-tu être apaisé alors que tu soutiens le diable contre ton cœur et laisses ton âme suivre les passions qu’il (le diable) lui insuffle pénétrant ainsi ton cœur qui est une citadelle dans laquelle loge la foi et la connaissance d’Allah. » (Note du traducteur)

Source originale : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction : Le Cœur des Croyants)

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La mention d’Allah

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J’ai constaté que pour la plupart des hommes, les actes de dévotion ne sont que des habitudes, alors que pour les gens lucides toutes les habitudes constituent une réelle dévotion. L’insouciant dit : « Gloire à Allah » par habitude, alors que l’homme lucide ne cesse de réfléchir aux merveilles de la création ou à la grandeur du Créateur ; ainsi sa réflexion l’agite et il s’écrie : « Gloire à Allah ! ».
Qu’un homme examine une grenade et observe l’alignement de ses grains, les membranes qui l’empêchent de flétrir, le liquide autour du noyau et la membrane qui le recouvre pour le protéger. Qu’il observe aussi la formation du poussin au cœur de l’œuf, de l’être humain dans les entrailles de la mère, et d’autres créatures encore qui l’amèneront à vénérer le Créateur et il s’écrira : « Gloire à Allah ! »
Cette glorification sera le fruit de la réflexion, et c’est là la glorification des hommes lucides. Leurs pensées ne cessent de voler et leurs adorations se réalisent à travers leurs glorifications.
De même, ils réfléchissent sur des péchés abominables passés, et cette réflexion provoque une agitation interne, un malaise du cœur et un regret de l’âme, et cela les amènent à dire : « Je demande pardon à Allah. » Ce sont là la glorification et la demande de pardon. Les insouciants ne disent cela que par habitude, et il y a un fossé entre ces deux groupes.

Source : « Les pensées précieuses », d’Ibn Al-Jawzî, éditions Tawbah

« Ceci est la bonne nouvelle anticipée du croyant. »

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Mouslim a rapporté (2642) selon Aboû Dharr رضي الله عنه qui a dit : « On a dit au Prophète صلى عليه و سلم : « Que penses-tu d’un homme qui accomplit des oeuvres de bien et qui lui vaut l’éloge des gens ? » Il répondit : « Ceci est la bonne nouvelle anticipée du croyant. »

 


Louange à Allah.

L’anticipation de la bonne nouvelle du croyant réside dans le fait qu’il accomplit une oeuvre vertueuse en ne la vouant exclusivement qu’à Allah, n’espérant que Son Visage, puis que des personnes l’apprennent ou le voit, se mettent à lui faire des éloges provoquant chez lui de la joie et [l’espoir que ce soit] l’annonce d’une bonne nouvelle.
Ceci est l’anticipation de la bonne nouvelle du croyant.

Elle a différentes formes, parmi elles :

  • La vision vertueuse qu’a le croyant lors de son sommeil, ou bien qu’une autre personne la voit pour lui.
  • Le fait qu’entre dans le coeur des gens de l’amour et de l’agrément à son égard.
  • Le fait qu’il ressente en son âme un repos et un épanouissement lors de l’accomplissement d’une oeuvre vertueuse.

Ainsi, cela, et tout ce qui y ressemble, sont des preuves de l’amour qu’Allah lui porte et de l’acceptation de son oeuvre. Allah lui octroie cette bonne nouvelle dans cette vie d’ici-bas par ces éloges-là, ce consentement et cet agrément qu’ont les gens pour lui. Et Il lui accordera dans l’Au-Delà une récompense abondante.

Al-Boukhârî a rapporté (3209) ainsi que Mouslim (2637) selon Aboû Hourayrah رضي الله عنه que le Prophète صلى الله عليه و سلم a dit : « Si Allah aime un serviteur Il appelle Jibrîl et lui dit : « Certes Allah aime untel, aime-le donc ! » Ainsi Jibrîl l’aime et il appelle les gens des cieux : « Certes Allah aime untel, aimez-le donc ! » Ainsi les gens des cieux l’aiment. Puis il lui est accordé sur Terre l’acceptation et le consentement. »

At-Tirmidhî rapporta également ce hadîth (3161) en ajoutant : « Et cela correspond à la parole d’Allah : {À ceux qui croient et font de bonnes œuvres, le Tout Miséricordieux accordera Son amour.} [Sourate 19, Verset 96]

An-Nawawî رحمه الله a dit : « La signification de sa parole (Puis il lui est accordé sur Terre l’acceptation et le consentement.) est : Il lui est accordé l’amour dans les coeurs des gens et leur agrément, ainsi les coeurs pencheront vers lui et l’agréeront. Et il est venu dans une autre version (Puis il lui est accordé l’amour). » Fin de citation.

Ibn Kathîr رحمه الله a dit : « Le Très-Haut nous informe qu’Il fait germer dans les coeurs de Ses serviteurs vertueux l’amour des serviteurs croyants qui accomplissent de bonnes oeuvres. Et cela est un commandement qui doit immanquablement se passer, il est inévitable. » Fin de citation. [Tafsîr Ibn Kathîr 267/5, Fath Al-Qadîr (504/3)]

Mouslim a rapporté (2642) selon Aboû Dharr رضي الله عنه qui a dit : « On a dit au Prophète صلى عليه و سلم : « Que penses-tu d’un homme qui accomplit des oeuvres de bien et qui lui vaut l’éloge des gens ? » Il répondit : « Ceci est la bonne nouvelle anticipée du croyant. »

An-Nawawî رحمه الله a dit : « Les Savants ont dit que la signification de cette bonne nouvelle qui lui est hâté, dû au bien qu’il a accompli, est une preuve de l’agrément d’Allah le Très-Haut à son égard et Son amour. C’est pourquoi Il le fait aimé à la création comme cela fut évoqué précédemment dans le hadîth, puis il lui est accordé sur Terre l’acceptation et le consentement. Et tout cela se concrétise si les gens le louent sans qu’il n’ait voulu s’exposer à leurs éloges ; alors que s’il les recherchait cela aurait été condamnable et mauvais. »

Ibn Al-Jawzî رحمه الله a dit : « Et la signification de cela est que si Allah accepte l’oeuvre (de la personne) Il place alors dans les coeurs l’acceptation et l’éloge des gens à son égard. Ainsi, ce qu’Il a placé dans les coeurs est une bonne annonce pour cette personne. Tout comme le fait qu’Allah, lorsqu’Il aime un serviteur, Il le fait aimer à Sa créature qui sont les témoins d’Allah sur Terre » Fin de citation [Kachf Al-Mouchkil, p.245]

As-Souyoûtî رحمه الله a dit : « C’est-à-dire que cette bonne nouvelle anticipée est une preuve de la bonne nouvelle qui est, quant à elle, retardée jusqu’à l’Au-delà. » Fin de citation [Charh As-Souyoûtî ‘alâ Mouslim, 556/5]

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La soumission devant la sagesse d’Allah

J’ai médité sur une chose étonnante qui est qu’Allah سبحانه و تعالى a conçu nos corps d’une manière parfaitement conforme à la Loi de la sagesse, montrant à travers cette création la perfection de Son pouvoir et la subtilité de Sa sagesse. Mais ensuite, Il détruit ces corps.

La raison resta désemparée, après qu’elle ait reconnu Sa sagesse, devant le mystère de cet acte ? Mais on l’a informée que ces corps seraient ressuscités et qu’ils n’ont été crées que pour qu’elle puisse traverser le passage de la connaissance et commencer dans le marché de la transaction ; et la raison fut rassurée par cela.

J’ai ensuite observé des choses de cet ordre, plus singulières encore, comme la mort d’un jeune homme qui n’avait atteint pas même une partie de la raison pour laquelle il a été créé ! Plus troublant encore, l’enfant arraché aux bras de ses parents qui se tordent de douleur. Le mystère de cet enlèvement n’est pas évident car Allah pouvait se passer de le prendre et qu’eux même avaient le plus grand besoin de sa présence. Plus singulier encore, la survie du vieillard sénile qui ne comprend pas pourquoi il est encore en vie et ne trouve en cela que souffrance. Du même genre est la parcimonie de la subsistance accordée au croyant sage et la largesse avec laquelle elle est accordée au méchant stupide. Devant ce genre de choses, la raison est désemparée et stupéfaite.

Je n’ai cessé d’observer l’ensemble des impositions religieuses, et lorsque les facultés de la raison ne parvenaient pas à en découvrir la sagesse, alors qu’elles proviennent de la sagesse de Celui qui les a commandées, la raison a constaté son impuissance à cerner l’ensemble de la chose, et elle s’est alors soumise en reconnaissant son impuissance, et ainsi elle remplit l’obligation qui lui est imposée.

Si on disait à la raison : « Tu connais la sagesse du Créateur en ce qu’Il a conçu. Le fait qu’Il le détruise peut-il porter atteinte à cette sagesse ? » Elle répondrait : « Puisque j’ai su à travers des preuves évidentes qu’Il est Sage, et que je suis incapable de comprendre les motifs de Sa sagesse, je me soumets en avouant mon impuissance ».

Source :  « Les pensées précieuses » de l’Imâm Ibn Al-Jawzî, Éditions Tawbah

Deux adoratrices médinoises

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‘Abd Allah fils de la soeur de Muslim Ibn Sa’d nous a informés de cette histoire:

 

« J’ai souhaité accomplir le pèlerinage, alors mon oncle maternel me confia la somme de dix mille dirhams en me disant : « Lorsque tu arriveras à Médine, recherche le foyer le plus pauvre de la ville et donne leur cet argent. »

Arrivé à Médine, je demandai à ce que l’on m’indique le foyer le plus pauvre de la ville, on m’indiqua alors la maison d’une famille. Je frappai à leur porte et une femme me répondit :

« Qui est là? »

Je lui répondis : « Un homme venant de Bagdad. On m’a confié dix mille dirhams, en m’enjoignant de les remettre à la famille la plus pauvre de Médine et c’est vous que l’on m’a décrit ainsi, alors prenez cet argent. »

Elle me répondit : « Ô serviteur d’Allah! Ton compagnon a mis comme condition que ce soit remis à la famille la plus pauvre, sache que nos voisins d’à côté sont plus pauvre que nous. »

Je les laissai donc pour me rendre chez ces derniers. Je frappai à leur porte et une femme me répondit. Je lui dis la même chose que j’avais dite à la précédente. 

Elle me dit : « Ô serviteurs d’Allah! Nous et nos voisins sommes au même niveau de pauvreté, partage-donc cet argent entre nous »

Source : Récits de Femmes Vertueuses, d’Ibn Al-Jawzî, éditions Al-Bayyinah