L’oiseau se jeta sur le serpent ! Il se jeta sur lui, dénué de toute compassion. Il s’attaqua à la tête du serpent avec son bec, en le frappant encore et encore. Le serpent se mit alors à hurler, se lamenter et prétendre être victime d’injustice. Il s’adressa à tout ce public : « Regardez cet oiseau terroriste et oppresseur ! Il m’agresse, sème la destruction et la terreur ! » Mais l’oiseau continua de mutiler son corps sans prêter attention aux appels et aux larmes du serpent, devant un public ahuri et silencieux, comme à son habitude, trop occupé à analyser la situation. L’analyste politique dit alors : « L’oiseau a un plan secret, financé par une force externe. » L’analyste religieux dit à son tour : « C’est de l’extrémisme et une agression. » Et l’analyste économique dit : « C’est la faim qui pousse l’oiseau à picorer la chair du serpent. La faim, rien de plus ! » Le public continua de philosopher, au milieu des cris d’encouragement et d’indignation, de soutien et de blâme en un même instant.
Peu de temps après, l’oiseau s’éloigna laissant derrière-lui le cadavre figé du serpent, face à cet attroupement de spectateurs ahuris. Certains curieux vinrent avec des ciseaux pour ouvrir la partie gonflée du ventre du serpent. C’est là que tous s’étonnèrent et purent enfin découvrir la vérité. Ils virent l’oisillon de ce pauvre oiseau qu’avait ingurgité le serpent pendant son absence. Il l’avait ingurgité sans éprouver la moindre miséricorde et compassion. Il l’avait ingurgité alors qu’il pleurait, se plaignant de la perfidie des traîtres qui n’ont su manifester de la compassion face à sa faiblesse.
Le serpent avait oublié son crime ! Mais l’oiseau, lui, ne l’avait pas oublié. L’heure de la vengeance avait sonnée pour toutes les larmes et les châtiments subis par ces innocents, devant un public toujours plongé, comme à son habitude, dans leurs analyses, entre ceux qui approuvent et désapprouvent.
Il saisit la main de ce misérable torturé, prit le couteau avec lequel il ouvrit son dos. Tout le monde cria : « Quelle cruauté ! Quelle atrocité ! » Il les ignora et poursuivit son travail. Le sang coulait de cet homme torturé. Puis il retira le pus, nettoya la plaie et la désinfecta, puis il la cousit avec douceur afin que le malade puisse à nouveau se lever, guéri, au milieu de tous ces gens présents pour l’accueillir et le féliciter.
L’éloignement d’Allah est un pus dans le cœur qui doit être extrait.
L’attachement à ce bas monde est un pus dans le cœur qui doit être extrait. Or, le pus ne peut être retiré qu’avec la douleur.
Nous nous accrochons à cette vie mondaine ; Allah la fait alors trembler pour qu’elle nous échappe et nous dire : « Accrochez-vous à Moi ! Pas à elle ! »
Lorsque nous dormons dans une maison en toute quiétude puis qu’elle se met à trembler, nous réalisons alors qu’il ne peut y avoir de sécurité qu’en étant avec Allah.
Lorsque nous courrons derrière les richesses et le prestige, la terre se met à trembler sous nos pieds et nos rêves partent en fumée pour que nous réalisions qu’il ne peut y avoir de sécurité qu’en étant avec Allah.
Lorsque nous sommes avec Allah, la mort qui était pour nous un fantôme effrayant et qui nous terrifiait à l’idée de mourir, finit par se transformer en une cérémonie joviale où l’on rencontre ceux que l’on aime, en une cérémonie de remise de prix pour les vainqueurs.
Très souvent, l’extrême dureté nous fait mal et nous ignorons la miséricorde cachée derrière elle. Quant aux innombrables miséricordes déposées en plein cœur de la douleur, seuls les croyants peuvent les percevoir. C’est seulement la foi qui peut transformer la frayeur des tremblements de terre, ici-bas, en sécurité dans l’au-delà. Le Prophète de la miséricorde ﷺ a dit dans le hadith authentique : « Ma communauté est une communauté à qui l’on a fait miséricorde. Elle n’aura pas de châtiment dans l’au-delà ; son châtiment est dans cette vie mondaine à travers les troubles, les tremblements de terre et le meurtre. »
Et que vaut le tremblement de terre [mondain] comparé à celui de l’au-delà ? Il est semblable au tremblement d’une brindille humide causé par une brise légère face à un ouragan dévastateur.
C’est uniquement la foi qui t’apporte sécurité quand bien même tu serais face à la mort !
(Prie là où tu es. – Où ? Ici ? – Oui, oui, là où tu es. – Pose ça, au moins. Tu es épuisé. Utilise-le comme un coussin, ou couvre-toi avec. – Je veux juste faire mes ablutions et prier.)
C’est seulement la foi qui t’apporte quiétude même si tu te retrouvais sous les décombres !
(Donne-moi un hijab ! Donnez-lui un hijab pour qu’elle couvre sa tête ! Apportez un hijab ! Nous avons besoin d’un hijab ! D’accord, d’accord ! J’admire votre foi. Donnez-moi la main, ma grande sœur ! Venez ! Venez ici !)
C’est uniquement la foi qui remue les cœurs remplis de foi en Allah pour qu’ils creusent du bout de leurs doigts ensanglantés nuit et jour, afin de sauver des individus qu’ils ne connaissent pas, sans rien demander en retour.
Que peut donc apporter l’athéisme estropié face à ces vagues de miséricorde, d’amour, d’altruisme et de sacrifice ?! Que peut apporter l’athéisme estropié alors qu’il considère l’être humain comme un déchet chimique qu’une simple coïncidence aveugle a créée à partir d’une poussière cosmique perdue dans un univers effrayant et infini ?
Pourquoi l’athée se fatiguerait à sauver des déchets méprisables qu’il ne connaît pas sans rien en retour ? Il les considère comme de vulgaires déchets ! Aucun gouvernement ne paie ! Aucun organisme ne verse de récompense ! Alors pourquoi se fatiguerait-il ? Et que peut faire l’athéisme impuissant lorsque la mort t’encercle de toutes parts ?
C’est uniquement la foi qui t’apporte la certitude que la joie des Anges, alors qu’ils retirent l’âme du croyant qui a réussi son examen ici-bas, est plus grande encore que la joie éprouvée par les secouristes compatissants envers ceux qui ont pu être sauvés des décombres.
C’est uniquement la foi qui a détruit les obstacles, anéantit les frontières et a mêlé l’âme du musulman arabe à celui de son frère musulman turc, afghan, ouzbek, indien, africain, européen et américain, afin que nous soyons une seule nation qui ne se prosterne que pour Allah.
Implacables à l’égard des impies, pleins de compassion les uns envers les autres. {C’est Lui qui a uni leurs cœurs. Or, si tu y avais consacré toutes les richesses de la terre, tu n’aurais pu unir leurs cœurs comme Allah a pu le faire, car Il est Tout-puissant et infiniment Sage.} [S.8, v.63].