Nous sommes heureux de vous présenter l’explication du livre « Les 4 règles » de l’Imâm Mouhammad Ibn ‘Abdi Al-Wahhâb رحمه الله par le grand savant ‘Abdou Ar-Rahmân Al-Barrâk حفظه الله aux éditions RIWÂQ.
Qu’Allah les récompense pour nous avoir donné l’accord de diffuser ce livre dans son intégralité. N’hésitez pas à le partager pour que cela profite au maximum inchâAllah.
Nous vous mettons à disposition le lien PDF dans lequel vous pourrez le télécharger dans son intégralité, et nous vous proposons également l’ensemble du livre en lecture sur cette page avec un sommaire qui vous permettra d’accéder à chaque partie du livre que vous souhaitez.
Sommaire :
Préface (des traducteurs)
Introduction
Avant-propos [du Chaykh ‘Abdou Ar-Rahmân Al-Barrâk]
Texte original des 4 règles [Introduction]
– Première règle
– Deuxième règle
– Troisième règle
– Quatrième règle
Commentaire des 4 règles
– Première règle
– Deuxième règle
– Troisième règle
– Quatrième règle
Préface (des traducteurs)
Louange à Allah.
Que la bénédiction et la paix soient sur notre prophète Mouhammad, sa famille et ses compagnons.
La foi est le socle de la religion, l’assise sur laquelle les musulmanes et les musulmans doivent construire leur vie. Elle est comparable à une source d’eau autour de laquelle tout semble reprendre vie, elle revivifie les cœurs. Elle nous protège dans un monde où le « ni dieu ni maître » résonne comme un cri de ralliement, où la modernité vénérée et exaltée a élevé l’homme au rang de divinité.
{Seigneur, dit Satan, puisque Tu m’as égaré, je m’emploierai à égarer les hommes, en embellissant, à leurs yeux, la vie sur terre.} [Sourate Al-Hijr, verset 39]
Allah a pourtant envoyé, en tout temps, Ses messagers avec la même révélation : {Adorez Allah et éloignez-vous du culte des idoles.} [Sourate des Abeilles, verset 36]
Tous disaient : {Ô mon peuple, adorez Allah, car vous n’avez d’autre divinité que Lui !} (1) [Sourate des Murailles, verset 59]
C’est de cette facette de la foi, le Tawhîd ou Unicité, que traite ce livre en dénonçant son contraire à savoir le Chirk (le polythéisme). Les arabes qui peuplaient la péninsule arabique avant l’avènement de l’Islam adoraient de nombreuses idoles ; chaque tribu, chaque peuple, chaque clan avait ses propres divinités. Ils étaient tous imprégnés des croyances héritées de leurs ancêtres.
{Et lorsqu’on leur dit : « Suivez ce qu’Allah a révélé ! » Ils rétorquent : « Non ! Nous suivons plutôt ce que nos ancêtres nous ont légué !} [Sourate de Louqmân, verset 21]
On trouve malheureusement, aujourd’hui encore, des relents de ces croyances primitives chez certains musulmans, conséquences probables de l’ignorance et du conformisme aveugle. Ainsi, nous avons choisi de traduire des écrits du Chaykh Mouhammad Ibn ‘Abdi Al-Wahhâb رحمه الله. Grand savant musulman, il vécut au douzième siècle de l’hégire (2).
Beaucoup le considèrent comme un réformateur, un de ces hommes auxquels cette prophétie du Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم fait allusion : « Allah سبحانه و تعالى envoie à cette communauté, à la tête de chaque siècle, des hommes qui lui revivifient sa religion. » Il a œuvré tout au long de sa vie à purifier la croyance et à la débarrasser des mythes et des mensonges qui la souillaient. Il a œuvré sans relâche afin de rétablir le pur monothéisme, la religion des bien-aimés d’Allah, Abraham et son descendant Mouhammad صلى الله عليه و سلم, la religion de tous les prophètes.
A ses écrits, nous avons ajouté les commentaires du Chaykh ‘Abdou-Ar-Rahmân Al-Barrâk, théologien reconnu pour son savoir. Ses explications sont d’une clarté et d’une pertinence remarquables. Nous nous sommes attachés à rester fidèles autant que possible au texte arabe tout en veillant à ne pas froisser la langue française. Les notes de bas de pages sont le travail du Chaykh ‘Abdou-Ar-Rahmân As-Soudais, élève de Chaykh Al-Barrâk, sauf celles que nous avons mises en italique et accompagnées de cette indication « [Ndt] » (Note du traducteur).
Nous avons utilisé pour la traduction du sens des versets coraniques, la version du professeur Mouhammad CHIADMI que nous avons comparée à celle du complexe du roi Fahd. Nous avons procédé à quelques modifications, peu nombreuses dans l’ensemble, lorsque cela nous a paru nécessaire. Nous espérons que ce travail sera bénéfique pour nos frères et sœurs francophones ne comprenant pas encore la langue arabe. Nous les encourageons vivement à faire tous les efforts nécessaires pour acquérir cet outil qui leur permettra d’avoir une meilleure compréhension de leur religion. Enfin, nous demandons à Allah de nous pardonner nos péchés, nos faiblesses et nos erreurs. Seigneur ! Nous T’implorons humblement, nous Te prions, soumis, afin que Tu nous couvres de Ta miséricorde et nous ouvres les portes de Ton Paradis.
Alexandrie, le 25 janvier 2013
Michaël ‘Abdou-Rahmân CHORRO
François ‘Abdou-Allah CURTILLET
(1) Ce verset revient plusieurs fois dans la sourate des Murailles (59, 65, 73, 85) mais aussi dans la sourate de Hoûd (50, 61, 84)
(2) Il est né en 1115 et mourut en 1206 de l’hégire ce qui correspond aux années 1703 – 1791 du calendrier grégorien.
Introduction
Louange à Allah, Seigneur des mondes. Qu’Allah couvre d’éloge Son serviteur et messager Mouhammad, et lui accorde le salut ainsi qu’à sa famille :
Voici les explications concises du Chaykh ‘Abdou-Ar-Rahmân Al-Barrâk des écrits suivants de l’Imâm, le réformateur, Mouhammad Ibn ‘Abdi Al-Wahhâb رحمه الله : « Les quatre règles », « Les trois fondements », « Actes annulatifs de l’Islam » et « Dissipation des ambiguïtés »(3).
Nos frères du bureau des recherches du site « La lumière de l’islam » ont pris le soin de les mettre par écrit afin de les présenter sous la forme de livres (4) dont pourront profiter les musulmans.
Ainsi, le Chaykh m’a demandé de les vérifier, ce que j’ai fait. J’ai corrigé ce qui devait l’être, modifié de nombreuses annotations, posé pour chaque livre une table des matières et dressé une liste des références bibliographiques. Puis, je l’ai lu à Chaykh qui a procédé à des modifications et a ajouté ou supprimé des passages…
Les voilà donc entre vos mains sous sa meilleure forme.
Qu’Allah récompense de la meilleure façon nos frères du site « La lumière de l’Islam » et plus particulièrement le Chaykh Mouhammad Al-Habdân, pour les efforts qu’ils ont fournis, l’attention qu’ils portent à la littérature de Chaykh, et leur désir de la rendre accessible à la communauté.
‘Abdou-Ar-Rahmân Ibn Sâlih As-Soudays
assdais@gmail.com
1/1/1431 H
(3) Nous présenterons prochainement les autres livres qui sont en cours de traduction
(4) Ces livres sont à l’origine des cours donnés par le Chaykh dans des mosquées
Avant-propos. Au nom d’Allah l’Infiniment Miséricordieux, le Très-Miséricordieux
Louange à Allah. Que la paix et bénédiction soient sur le Messager d’Allah :
J’ai autorisé les frères du site « La lumière de l’Islam » à mettre par écrit les explications que j’ai données des livres « Les quatre règles », « Les trois fondements », « Actes annulatifs de l’Islam » et « Dissipation des ambiguïtés » de l’Imâm, le réformateur, Mouhammad Ibn ‘Abdi-Al-Wahhâb رحمه الله.
Le Chaykh ‘Abdou-Ar-Rahman Ibn Sâlih As-Soudays les a révisées avant de me les lire, et je lui ai donné l’autorisation de les éditer.
Qu’Allah les récompense en bien et fasse que leurs efforts soient bénéfiques.
Dicté par
‘Abdou-Ar-Rahmân Ibn Nâsir Al-Barrâk
Texte original des quatre règles
Chaykh Mouhammad Ibn ‘Abdi-Al-Wahhâb رحمه الله a dit :
Au nom d’Allah l’Infiniment Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
J’invoque Allah le Généreux, Seigneur du Trône Sublime, pour qu’Il te garde ici bas et dans l’au-delà et te bénisse où que tu sois. [Je Le prie pour] qu’Il te permette d’être de ceux qui remercient quand on leur donne, patientent quand ils sont éprouvés et se repentent après avoir péché : ces trois qualités sont des signes du bonheur.
Sache, qu’Allah te mette sur la voie de l’obéissance, que la religion d’Abraham « Al-Hanîfiyyah », consiste à ce que tu adores Allah, seul, en pratiquant un monothéisme pur. Allah عز و جل dit :
{Et Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour M’adorer}
[Sourate des Ouragans, verset 56]
Maintenant que tu sais qu’Allah t’a créé pour L’adorer, saches que l’adoration ne peut être véritablement appelée adoration que si elle est nourrie du Tawhîd [unicité], tout comme la salât [prière rituelle] ne peut véritablement porter le nom de salât que si elle est précédée de la purification rituelle.
Ainsi, quand l’idolâtrie se mêle aux actes d’adoration, ces actes deviennent nuls, il en est de même quand le hadath (5) souille la purification rituelle : cette dernière perd sa validité.
Si tu sais que quand l’idolâtrie se mêle à l’adoration, elle la corrompt et annule les œuvres [de piété], condamnant ceux qui les pratiquent aux châtiments éternels de l’enfer, tu comprendras alors que ta préoccupation principale devra être la connaissance de ce principe. Puisse Allah te permettre de passer à travers les mailles de ce filet, c’est-à-dire l’idolâtrie au sujet de laquelle Il سبحانه و تعالى dit :
{Allah ne pardonne point qu’on Lui associe d’autres divinités ; mais Il pardonne à qui Il veut les autres péchés} [Sourate des Femmes, verset 111]
Et cela passera par la connaissance de quatre règles qu’Allah a citées dans Son Livre.
(5) Le Hadath est ce qui annule la purification rituelle (woudoû ou ghousl) [Ndt]
Première règle
Tu dois savoir que les mécréants que le Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم a combattus, affirmaient qu’Allah عز و جل est le Créateur, l’Administrateur, et que cela ne les a pas fait entrer en Islam ; la preuve est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{« Demande-leur : « Qui vous procure du ciel et de la terre votre nourriture ? Qui est le Maître de l’ouïe et de la vue ? Qui fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant ? Qui règle la marche de l’Univers ? » Ils répondront : « C’est Allah ! » Dis-leur : « Qu’attendez-vous donc pour Le craindre ? »} [Sourate de Jonas, verset 31]
Deuxième règle
Les polythéistes disent : « si nous les invoquons et nous adressons à elles c’est seulement pour qu’elles nous rapprochent [d’Allah] et intercèdent [en notre faveur]. »
La preuve de cette recherche de proximité est Sa Parole عز و جل :
{N’est-Il pas le Seul Digne d’être exclusivement adoré ? Quant à ceux qui ont adopté en dehors de Lui d’autres divinités, en disant : « Nous ne les adorons que pour qu’elles nous rapprochent davantage de Lui », en vérité, Allah tranchera le différent qui les oppose, mais Allah ne guide point dans la bonne voie l’infidèle perfide} [Sourate des Groupes, verset 3]
La preuve de cette quête d’intercession est Sa Parole عز و جل :
{En dehors d’Allah, ils adorent des idoles qui ne peuvent ni les servir ni leur nuire, en disant : “Voilà nos intercesseurs auprès d’Allah !”} [Sourate de Jonas, verset 18]
L’intercession est de deux sortes : l’intercession rejetée et l’intercession admise.
La première, l’intercession rejetée, consiste à ce que l’on demande à autre qu’Allah ce que Lui seul peut faire ; la preuve en est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Ô vous qui croyez ! Donnez en aumône une partie des biens que nous vous avons octroyés, avant que ne vienne un jour où il n’y aura plus rachat, ni amitié, ni intercession. Ce sont les négateurs qui sont les vrais injustes} [Sourate de la Vache, verset 254]
La deuxième, l’intercession admise, est celle que l’on demande à Allah. L’intercesseur devra recevoir l’honneur d’intercéder après en avoir demandé l’autorisation [à Allah], et Allah devra être satisfait des actes et des paroles de celui pour lequel il intercède ; Allah سبحانه و تعالى dit :
{Aucune intercession auprès de Lui ne peut être tentée sans Sa permission} [Sourate de la Vache, verset 255]
Troisième règle
Le Prophète صلى الله عليه و سلم est apparu au milieu de peuples qui pratiquaient des cultes différents : il y en avait qui adoraient des anges, d’autres des prophètes et des hommes pieux, certains vénéraient des arbres et des pierres, ou encore le soleil et la lune.
Or, le Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم les a tous combattus sans faire de distinction.
La preuve est Sa Parole عز و جل :
{Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’idolâtrie (6) et que tout culte soit rendu uniquement à Allah} [Sourate des Prises de guerre, verset 39]
La preuve au sujet de l’adoration du soleil et de la lune est Sa Parole سبحانه و :
{Parmi les signes d’Allah, il y a la nuit et le jour, le Soleil et la Lune. Ne vous prosternez ni devant le Soleil ni devant la Lune, mais prosternez-vous uniquement devant Celui qui les a créés, si vous Lui vouez un culte sincère} [Sourate des Versets détaillés, verset 37]
La preuve au sujet de l’adoration des Anges est la suivante :
{Allah ne saurait vous ordonner de prendre pour divinité les anges et les prophètes} (7) [Sourate de la Famille d’Imrân, verset 80]
La preuve concernant l’adoration des prophètes :
{Et lorsqu’Allah dit à Jésus : « Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux hommes : « Prenez-nous, ma mère et moi, pour divinités en dehors d’Allah ? » – « Gloire à Toi !, dit Jésus, il ne m’appartient pas de dire ce qui n’est pas une vérité pour moi. Si je l’avais dit, ne l’aurais-Tu pas su ? Car Tu sais ce qu’il y a en moi et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. En vérité, les mystères n’ont point de secret pour Toi} [Sourate de la Table, verset 116]
La preuve concernant la vénération des hommes pieux est Sa Parole عز و جل :
{Or, ceux qu’ils invoquent recherchent eux-mêmes à l’envi le moyen de se rapprocher le plus de leur Seigneur, espérant Sa miséricorde et redoutant Son châtiment} [Sourate du Voyage nocturne, verset 57]
La preuve de l’adoration des arbres et des pierres est Sa Parole :
{Que pensez-vous cependant d’al-Lât, d’al-‘Ouzzâ et de Manât, cette autre troisième divinité ?} [Sourate de l’Étoile, verset 19 et 20]
Il y a aussi ce récit d’Aboû Wâqid Al-Laythî رضي الله عنه qui dit : « Nous partîmes en expédition avec le Prophète صلى الله عليه و سلم à Hounayn. Nous avions, à cette époque, abandonné la mécréance depuis peu. Les polythéistes avaient un jujubier, au pied duquel ils avaient pris l’habitude de se tenir et d’accrocher leurs armes, et qu’on appelait Dhât Anwât. Ainsi, alors que nous passions devant un jujubier, nous dîmes : « Ô Messager d’Allah ! Désigne-nous un Dhât Anwât comme eux ont un Dhât Anwât … » (8), etc.
(6) Dans la traduction du professeur Mouhammad Chiadmi on trouve « sédition », dans celle du complexe du roi Fahd « association » [Ndt]
(7) La suite du verset : {[…] car ce serait vous prêcher le polythéisme, alors que vous êtes maintenant devenus musulmans.}[Ndt]
(8) Hadîth rapporté par Ahmed, At-Tirmidhî qui l’a authentifié et Ibn Hibbân
Quatrième règle
Les païens (9) de notre époque sont bien plus ancrés dans le polythéisme que les anciens. En effet, les anciens donnaient des associés à Allah en période de prospérité et Lui vouaient un culte exclusif quand ils étaient touchés par le malheur, alors que de nos jours le polythéisme de ces païens est permanent, aussi bien dans l’aisance que dans le malheur.
La preuve est Sa Parole عز و جل :
{Quand ils se trouvent à bord d’un bateau, c’est Allah qu’ils invoquent, en Lui vouant un culte sans partage. Mais dès qu’Allah les sauve en les ramenant sur la terre ferme, ils ne tardent pas à Lui donner des associés} [Sourate de l’Araignée, verset 15]
Fin
Qu’Allah couvre d’éloge Mouhammad et lui accorde le salut ainsi qu’à sa famille et ses compagnons
(9) Qui pratique une religion polythéiste ou fétichiste [Dictionnaire TLFi]
Celui, celle qui adore plusieurs dieux [Le Littré][Ndt]
Commentaire des 4 règles
Chaykh Mouhammad Ibn ‘Abdi Al-Wahhab رحمه الله a dit :
Au nom d’Allah l’Infiniment Miséricordieux, le Très Miséricordieux
J’invoque Allah le Généreux, Seigneur du Trône Sublime, pour qu’Il te garde ici bas et dans l’au-delà et te bénisse où que tu sois. [Je Le prie] pour qu’Il te permette d’être de ceux qui remercient quand on leur donne, patientent quand ils sont éprouvés et se repentent après avoir péché : ces trois qualités sont des signes du bonheur. (10)
Louange à Allah, qu’Allah couvre d’éloge notre Prophète Mouhammad et lui accorde le salut ainsi qu’à sa famille et ses compagnons :
Après avoir commencé son écrit en citant le nom d’Allah [Bismi Allah], chaykh invoque Allah en faveur des étudiants en science, comme il en a pris l’habitude dans tous ses ouvrages : « sache, qu’Allah te fasse miséricorde », « sache, qu’Allah te guide. » (11)
En disant : « J’invoque Allah le Généreux, Seigneur du Trône sublime », il se tourne vers Allah et cherche à se rapprocher de Lui en évoquant Ses Noms et Attributs. C’est une invocation qu’il formule en citant, [dans le but d’être exaucé] (12), la Générosité d’Allah et Sa qualité de Maître Souverain du Trône, Trône qui est la plus immense des créatures, la plus élevée et qu’Allah سبحانه و تعالى décrit de sublime, de glorieux et de noble.
Il dit سبحانه و تعالى :
{Il est le Maître Souverain du Trône sublime}
[Sourate du Repentir, verset 129]
{Le Maître Souverain du noble Trône}
[Sourate des Croyants, verset 116]
{Le Maître du Trône glorieux}
[Sourate des Constellations, verset 15]
D’après les lectures de Hamza, d’Al-Kassâî et de Khalaf Al-‘Âchir (13).
« Pour qu’Il te garde ici bas et dans l’au-delà » : c’est-à-dire qu’Il soit ton allié (14), et celui dont Allah est l’allié ici bas et dans l’au-delà sera protégé des tourments de ces deux demeures.
Il dit عز و جل :
{Quel excellent Maître et quel excellent Protecteur}
[Sourate des Prises de guerre, verset 40]
Il est aussi عز و جل :
{Le Protecteur des croyants}
[Sourate de la Famille d’Imrân, verset 18]
Ainsi, celui qui a Allah pour allié fait partie des croyants. Joseph [Yoûsouf] عليه السلام a dit :
{Seigneur ! Tu m’as donné une parcelle d’autorité et Tu m’as appris à interpréter les songes. Créateur des Cieux et de la Terre, Tu es mon Maître dans ce monde et dans l’autre. Fais que je meure en état de soumission totale à Ta volonté, et permets-moi de rejoindre le camp des vertueux}
[Sourate de Joseph, verset 101]
Quand Allah est l’allié de quelqu’un, Il lui améliore sa vie, la lui facilite et le libère de ses angoisses.
Il dit عز و جل :
{Notre soutien vous est acquis, aussi bien dans ce monde que dans la vie future}
[Sourate des Versets détaillés, verset 31]
Cette parole de Chaykh « Et te bénisse où que tu sois » veut dire : qu’Allah mette en toi une bénédiction [qui t’accompagne] où que tu te trouves. Cette bénédiction pour laquelle Jésus [‘Issâ] عليه السلام a fait l’éloge de son Seigneur, quand il a dit :
{Il a fait de moi un être béni où que je sois}
[Sourate de Marie, verset 31]
Cela implique la droiture. Le croyant pieux, fervent est porteur de bien où qu’il soit : avec sa famille et ses amis, on ne l’entend dire que ce qui est juste et il ne fait que le bien. Tu ne le verras jamais offenser, ni être indécent ou immoral, ni proférer la malédiction, mais tu le trouveras d’une haute moralité, contrairement à ces personnes –qu’Allah nous en préserve- qui font du mal à leur entourage et à leur famille en raison de leurs mauvais agissements et de leur propos désagréables.
Chaykh dit : « Qu’Il te permette d’être de ceux qui remercient quand on leur donne, patientent quand ils sont éprouvés et se repentent après avoir péché »
Car dans cette vie l’homme est amené à passer par ces situations : le bien-être, le malheur et la transgression.
L’état de bien-être englobe également la fidélité aux principes religieux : en vérité, le bienfait de la foi et de l’obéissance à Allah dépassent largement les avantages de ce monde. C’est donc la reconnaissance qui doit animer le musulman en échange du bien-être, ainsi que la patience face au malheur, la repentance et la demande de pardon quand il commet un péché.
Allah سبحانه و تعالى dit :
{A ceux qui, ayant commis un forfait ou une injustice envers eux-mêmes, invoquent Allah pour Lui demander pardon de leurs péchés, car qui peut absoudre un pécheur si ce n’est le Seigneur ?}
[Sourate de la Famille d’Imran, verset 135]
Le Prophète صلى الله عليه و سلم a dit : « Etonnant vraiment est le sort du croyant ! Tout lui est favorable. C’est un privilège qui lui est uniquement réservé. Si un bonheur le comble, il est reconnaissant et c’est un bien pour lui. Et si un malheur le frappe, il patiente et c’est là encore, un bien pour lui » (15)
Sa parole : « Qu’Il te permette d’être de ceux qui remercient quand on leur donne », c’est-à-dire : quand Allah gratifie un serviteur d’un bienfait, ce dernier en est reconnaissant et l’utilise dans l’obéissance à Allah سبحانه و تعالى.
« Quand ils sont éprouvés » par un malheur, ils patientent, tiennent leur langue et leurs membres, et s’abstiennent de faire ce qui n’est pas permis.
« Se repentent après avoir péché »
Allah a donné l’ordre de faire toutes ces choses et a fait l’éloge de ceux qui les pratiquent.
« Ces trois qualités sont des signes du bonheur », par Allah, c’est vrai ! Le fait de s’acquitter de son devoir dans toutes ces situations, est une source de bonheur et de réussite venant d’Allah.
Sois donc, ô musulman, reconnaissant, patient, repentant et pénitent (16).
Quelles belles invocations fait ici le chaykh pour l’étudiant en science !
Sache, qu’Allah te mette sur la voie de l’obéissance, que la religion d’Abraham « Al-Hanîfiyyah », consiste à ce que tu adores Allah, seul, en pratiquant un monothéisme pur.
Allah سبحانه و تعالى dit :
{Et Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent}
[Sourate des Ouragans, verset 56]Maintenant que tu sais qu’Allah t’a créé pour L’adorer, saches que l’adoration ne peut être véritablement appelée adoration que si elle est nourrie du Tawhîd [unicité], tout comme la salât [prière rituelle] ne peut véritablement porter le nom de salât que si elle est précédée de la purification rituelle.
Ainsi, quand l’idolâtrie se mêle aux actes d’adoration, ces actes deviennent nuls. Il en est de même quand le hadath (17) souille la purification rituelle : cette dernière perd sa validité.
Si tu sais que quand l’idolâtrie se mêle à l’adoration, elle la corrompt et annule les œuvres de piété, condamnant ceux qui les pratiquent aux châtiments éternels de l’enfer, tu comprendras que ta préoccupation principale devra être la connaissance de ce principe. Puisse Allah te permettre de passer à travers les mailles de ce filet, c’est-à-dire l’idolâtrie au sujet de laquelle Il سبحانه و تعالى dit :
{Allah ne pardonne point qu’on Lui associe d’autres divinités ; mais Il pardonne à qui Il veut les autres péchés}
[Sourate des Femmes, verset 48]Et cela passera par la connaissance de quatre règles qu’Allah a citées dans Son Livre.
Chaykh débute le sujet, comme à son habitude, en s’adressant à l’étudiant en science religieuse. Il emploie [l’impératif] « sache » dans le but d’éveiller l’attention, d’orienter, d’enseigner.
« Qu’Allah te mette sur la voie » : c’est-à-dire qu’Allah te guide et te permette d’être sur le bon chemin : le chemin du savoir bénéfique et des actes de piété.
« Que la religion d’Abraham « Al-Hanîfiyyah » : c’est-à-dire que la Hanîfiyyah n’est autre que la religion d’Abraham عليه السلام.
Elle consiste à « ce que tu adores Allah, seul, en pratiquant un monothéisme pur », ce qui veut dire que tu dois L’adorer sans désirer par cette acte autre que Lui. Ton attachement religieux, ta soumission, ton assujettissement seront donc entièrement voués Allah :
{Dis : « J’ai reçu l’ordre de vouer un culte exclusif à Allah, et il m’a été ordonné d’être le premier des musulmans} [Sourate des Groupes, verset 11 et 12]
{Dis : « C’est Allah que j’adore, en Lui vouant un culte sans partage}
[Sourate des Groupes, verset 14]
Voilà ce qu’est la religion d’Abraham : Al-Hanîfiyyah. Elle consiste à se tourner vers Allah et à renier tout autre que Lui dans son adoration. C’est le culte qu’Allah a imposé à Ses serviteurs et pour lequel Il les a créés, Il dit سبحانه و تعالى :
{Et je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent}
[Sourate des Ouragans, verset 56]
Il a expliqué عز و جل qu’Il a créé les djinns et les hommes pour qu’ils L’adorent. L’adoration est donc le but et la cause de la création des djinns et des hommes.
Allah l’a imposée à tous les êtres humains par la voie de Ses Messagers qui ont tous dit à leur peuple :
{Adorez Allah ! Vous n’avez d’autre divinité que Lui}
[Sourate de Murailles, verset 59]
{Adorez Allah et éloignez-vous du culte des idoles !}
[Sourate des Abeilles, verset 36]
Puis chaykh attire l’attention sur un point important, il dit :
« Sache que l’adoration ne peut être véritablement appelée adoration que si elle est nourrie du Tawhîd [unicité]». En effet, quiconque adore en même temps qu’Allah un autre que Lui ne peut être un adorateur d’Allah ; et son culte n’est pas pris en compte car l’adoration ne mérite ce nom que si elle est accompagnée du Tawhîd.
Puis le chaykh nous donne un exemple, il dit : « tout comme la salât [prière rituelle] ne peut véritablement porter le nom de salât que si elle est précédée de la purification rituelle ». En d’autres termes, c’est comme lorsqu’une personne prie sans avoir fait la purification rituelle : sa prière est vaine, elle n’est pas valide.
Et s’il est bien connu que le Hadath, quand il survient, annule la prière rituelle, il faut également savoir que le Chirk [polythéisme], lui aussi, quand il entre dans l’acte d’adoration, l’annule. Il l’invalide au même titre que le Hadath invalide la prière. De plus, si ce Chirk est majeur, il annulera tous les actes d’adoration, comme Allah سبحانه و تعالى le dit :
{Si jamais tu donnes des associés à Allah, toutes tes œuvres seront réduites à néant}
[Sourate des Groupes, verset 65]
{Mais s’ils avaient donné des associés à Allah, toutes leurs oeuvres auraient été vaines}
[Sourate des Bestiaux, verset 88]
Par contre, s’il s’agit d’une sorte de Chirk mineur, l’annulation ne touchera que l’acte entaché d’ostentation [par exemple], sans annuler les autres pratiques exclusivement vouées à Allah.
Chaykh dit : « Si tu sais que quand l’idolâtrie se mêle à l’adoration, elle la corrompt et annule les œuvres de piété, condamnant ceux qui les pratiquent aux châtiments éternels de l’enfer, tu comprendras que ta préoccupation principale devra être la connaissance de ce principe. »
En effet, si tu as conscience du danger que cela représente, [tu ne pourras contester que] le bon sens et la sagesse incitent l’homme à apprendre à connaître ces pratiques redoutables, porteuses de mal, afin de s’en préserver. Quand une personne connait le danger du Chirk, elle cherche à s’en prémunir, elle s’en méfie et demande à son Seigneur de l’en protéger. Par contre, si elle ignore son danger, elle n’en tiendra pas compte et ne le craindra pas ; il se pourrait même qu’elle le pratique sans le savoir.
Il dit : « Puisse Allah te permettre de passer à travers les mailles de ce filet. » Il compare ici le Chirk à un piège. Celui qui y tombe périt, comme un oiseau qui se prend dans un filet. Puis, il explique quel est ce piège, en disant : « c’est-à-dire l’idolâtrie au sujet de laquelle Il سبحانه و تعالى dit :
{Allah ne pardonne point qu’on Lui associe d’autres divinités ; mais Il pardonne à qui Il veut les autres péchés}
[Sourate des Femmes, verset 48]
Voilà ce qu’est le Chirk majeur.
Le Chirk majeur se caractérise par trois spécificités :
Premièrement : il n’est pas pardonné
Deuxièmement : il implique la damnation éternelle
Troisièmement : il annule toutes les bonnes œuvres
Les textes suivants le prouvent, Allah سبحانه و تعالى dit :
{Allah ne pardonne point qu’on Lui associe d’autres divinités ; mais Il pardonne à qui Il veut les autres péchés} [Sourate des femmes, verset 48]
{Quiconque donne des associés à Allah, Allah lui interdira l’entrée au Paradis}
[Sourate de La Table, verset 72]
{En vérité, les infidèles parmi les gens des Écritures ainsi que les idolâtres seront voués au feu de la Géhenne où leur séjour sera éternel, car ces gens-là constituent les êtres les plus abjects de l’humanité} [Sourate de la Preuve, verset 6]
{Il t’a été révélé, ainsi qu’à ceux qui t’ont précédé : « Si jamais tu donnes des associés à Allah, toutes tes œuvres seront réduites à néant et tu seras du nombre des perdants}
[Sourate des Groupes, verset 65]
{Mais s’ils avaient donné des associés à Allah, toutes leurs oeuvres auraient été vaines}
[Sourate des Bestiaux, verset 88]
Nous implorons Allah afin qu’Il nous protège contre toutes les formes de Chirk : l’apparent et le caché, le mineur et le majeur.
L’Imâm dit رحمه الله : « Et cela passera par la connaissance de quatre règles qu’Allah a citées dans Son Livre »
C’est-à-dire que le danger du Chirk et l’obligation de s’en débarrasser, de s’en méfier, apparaissent clairement à travers ces quatre principes, principes qui s’apparentent à des questions liées au dogme.
(10) Le Chaykh a puisé la teneur de cette parole dans l’introduction de l’ouvrage « Al-Wâbil As–Sayyib » du grand savant Ibn Al-Qayyim.
(11) Voir pour le premier cas le « Madjmou’ rasâ’il fî At-Tawhîd wa Al-Imân » p. 47, 62, 64 et 94 et pour le deuxième cas « Al-Ousoûl At-Thalâtha » p. 6 et « Tafsîr Sourat Al-Fâtiha » p. 29
(12) Le terme utilisé ici en arabe est At-Tawassoul qui s’agissant de l’invocation consiste à lui joindre une cause d’exaucement [Ndt]
(13) Voir « At-Taysîr » p. 221 et « An-Nachr » tome 2, p. 339
Il existe plusieurs variantes de lecture du Coran ; les plus répandues sont Hafs et Warsh pour lesquelles la traduction du sens de ce verset serait : « Il est le Glorieux Maître du Trône » [Ndt]
(14) Peut être également traduit par « Protecteur » ou « Maître » [Ndt]
(15) Rapporté par Mouslim (n° 2999) d’après un récit de Souhaib Ar-Roûmî.
(16) Pénitent, pénitente : celui, celle qui se repent d’avoir offensé Dieu [Dictionnaire le Littré].
(17) Le Hadath est ce qui annule la purification rituelle (woudou ou ghousl)[Ndt]
La première règle
Le chaykh dit, qu’Allah lui fasse miséricorde :
Tu dois savoir que les mécréants que le Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم a combattus affirmaient qu’Allah عز و جل est le Créateur, l’Administrateur, et que cela n’a pas fait d’eux des musulmans. La preuve est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Demande-leur : « Qui vous procure du ciel et de la terre votre nourriture ? Qui est le Maître de l’ouïe et de la vue ? Qui fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant ? Qui règle la marche de l’Univers ? » Ils répondront : « C’est Allah ! » Dis-leur : « Qu’attendez-vous donc pour Le craindre ? »} [Sourate de Jonas, verset 31]
« Tu dois savoir que les mécréants que le Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم a combattus », c’est-à-dire les mécréants arabes ainsi que leurs congénères. Ils attestaient qu’Allah est le Créateur, le Pourvoyeur, Celui qui donne la vie et la mort, l’Administrateur des Cieux et de la Terre et de tout ce qu’ils contiennent. Or, cela n’a pas fait d’eux des musulmans, ils ne sont pas devenus de purs monothéistes. En effet, ils donnaient des associés à Allah dans leurs actes d’adoration. Ils prenaient d’autres divinités qu’Allah : ils les craignaient, les adoraient, imploraient leur secours.
Les preuves à ce sujet sont nombreuses dans le Coran, notamment cette parole d’Allah que Chaykh cite ici :
{Demande-leur : « Qui vous procure du ciel et de la terre votre nourriture ? Qui est le Maître de l’ouïe et de la vue ? Qui fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant ? Qui règle la marche de l’Univers ? » Ils répondront : « C’est Allah ! » Dis-leur : « Qu’attendez-vous donc pour Le craindre ? »}
[Sourate Jonas, verset 31]
Mais aussi ces autres versets :
{Si jamais tu leur demandes qui a créé les Cieux et la Terre, ils te répondront sûrement : « C’est Allah »} [Sourate de Louqmân, verset 25]
{Si tu demandes aux idolâtres qui les a créés, ils répondront certainement : « C’est Allah »} [Sourate de l’Ornement, verset 87]
Les anciennes communautés également reconnaissaient la Seigneurie d’Allah, comme le peuple de Noé qui disait :
{« Si Allah avait voulu, ce sont des anges qu’Il nous aurait envoyés. Nous n’avons rien entendu de pareil chez nos premiers ancêtres »} [Sourate des Croyants, verset 24]
Mais aussi ‘Âd et Thamoûd :
{Ils leur dirent : « Si notre Seigneur avait voulu nous exhorter, Il aurait envoyé des anges ! Aussi récusons-nous totalement votre message »}
[Sourate des Versets détaillés, verset 14]
Cela veut dire qu’ils reconnaissaient le Tawhîd Ar-Rouboûbiyyah [l’unicité de la Seigneurie], qui consiste à croire qu’Allah est le Créateur des Cieux et de la Terre et de tout ce qu’ils contiennent, le Pourvoyeur suprême des serviteurs, l’Administrateur de toute chose. Mais cela ne leur a pas pour autant ouvert la porte de l’Islam ; ils n’attestaient pas, malgré cette reconnaissance, qu’ « il n’y a de dieu qu’Allah ». Au contraire, quand le Messager صلى الله عليه و سلم leur été envoyé et qu’il les a invités à dire : « Il n’y a de dieu qu’Allah », ils refusèrent, car ils savaient que cette parole impliquait le rejet de tout ce qui est adoré en dehors d’Allah. Cette parole impliquait le discrédit de leurs idoles.
La parole « Il n’y a de dieu qu’Allah » ne signifie pas [seulement] « Il n’y a de créateur qu’Allah », même si elle comprend ce sens. En effet, si elle voulait dire uniquement « Il n’y a de créateur qu’Allah », les polythéistes l’auraient acceptée et auraient dit : « nous reconnaissons qu’il n’y a de créateur qu’Allah », mais ils savaient que le mot dieu [Ilâh] signifiait dans leur langue l’être adoré. Le sens de « Il n’y a de dieu qu’Allah » est donc : « nul ne mérite d’être adoré sauf Allah » et tout ce qui fait l’objet d’adoration en dehors d’Allah n’est qu’un tissu des divinités fictives.
Comprenant le sens de cette parole, ils savaient pertinemment qu’en la prononçant, qu’en l’acceptant, ils rejetaient leurs divinités ; c’est pourquoi ils disaient :
{« Veut-il réduire toutes les divinités à une seule ? Voilà une chose bien étrange ! »} [Sourate Sâd, verset 5]
On sait désormais que l’homme ne peut pas être un pur monothéiste par cette simple reconnaissance, et que ceci n’est pas ce qui est voulu de la parole « Il n’y a de dieu qu’Allah », contrairement à ce que beaucoup de gens ont compris au cours des derniers siècles. En effet, certains en sont arrivés à ne comprendre du sens de « Il n’y a de dieu qu’Allah » que le Tawhîd Ar-Rouboûbiyyah [Unicité Seigneuriale]. Ils disent : « Il n’y a de dieu qu’Allah » signifie qu’il n’y a de créateur et d’administrateur suprême qu’Allah, et que son sens se résume à l’affirmation qu’Allah سبحانه و تعالى est Celui dont l’action est salutaire, Celui qui peut causer du tort.
Ces derniers ignorent le sens de la parole « Il n’y a de dieu qu’Allah », en dépit du fait qu’ils la prononcent.
Par contre, les premiers polythéistes eux, savaient ce que signifiait cette parole, si bien qu’ils la refusèrent. Ils étaient donc mécréants parce qu’ils pratiquaient le polythéisme qui est l’opposé du pur monothéisme [Tawhîd] et parce qu’ils refusaient de croire le Messager صلى الله عليه و سلم, ce qui est contraire à l’attestation qu’il est bien le Messager d’Allah.
Deuxième règle
Les polythéistes disent : «si nous les invoquons et nous adressons à elles c’est seulement pour qu’elles nous rapprochent [d’Allah] et intercèdent [en notre faveur].
La preuve de cette recherche de proximité est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{N’est-Il pas le Seul Digne d’être exclusivement adoré ? Quant à ceux qui ont adopté en dehors de Lui d’autres divinités, en disant : « Nous ne les adorons que pour qu’elles nous rapprochent davantage de Lui », en vérité, Allah tranchera le différent qui les oppose, mais Allah ne guide point dans la bonne voie l’infidèle perfide} [Sourate des Groupes, verset 3]
La preuve de cette quête d’intercession est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{En dehors d’Allah, ils adorent des idoles qui ne peuvent ni les servir ni leur nuire, en disant : « Voilà nos intercesseurs auprès d’Allah ! »} [Sourate de Jonas, verset 18]
L’intercession est de deux sortes : l’intercession rejetée et l’intercession admise.
La première, l’intercession rejetée, consiste demander à autre qu’Allah ce que Lui seul peut faire faire ; la preuve en est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Ô vous qui croyez ! Donnez en aumône une partie des biens que nous vous avons octroyés, avant que ne vienne un jour où il n’y aura plus rachat, ni amitié, ni intercession. Ce sont les négateurs qui sont les vrais injustes} [Sourate de la Vache, verset 254]
La deuxième, l’intercession admise, est celle que l’on demande à Allah. L’intercesseur devra recevoir l’honneur d’intercéder après en avoir demandé l’autorisation [à Allah], et Allah devra être satisfait des actes et des paroles de celui pour lequel il intercède ; Allah عز و جل dit :
{Aucune intercession auprès de Lui ne peut être tentée sans Sa permission}
[Sourate de la Vache, verset 255]
La deuxième règle nous apprend que ces polythéistes ne croyaient pas leurs divinités capables de créer, de pourvoir à la subsistance, de donner la vie et la mort : pour eux, seul Allah en avait la capacité. La preuve se trouve dans cette parole d’Allah سبحانه و تعالى :
{Demande-leur : « Qui vous procure du ciel et de la terre votre nourriture ? Qui est le Maître de l’ouïe et de la vue ? Qui fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant ? Qui règle la marche de l’Univers ? » Ils répondront : « C’est Allah ! » Dis-leur : « Qu’attendez-vous donc pour Le craindre ? »} [Sourate de Jonas, verset 31]
Il dit aussi عز و جل :
{Si tu leur demandes qui les a créés, ils répondront certainement : C’est Allah !}
[Sourate de l’Ornement, verset 87]
Ils adoraient leurs idoles en prétendant qu’elles étaient des intermédiaires qui les rapprochaient d’Allah. Ils disaient : « on ne peut parvenir à Allah que par l’entremise des saints, de ceux qui Lui sont proches, de Ses messagers et de Ses anges, à l’instar des rois auxquels nul ne présente les besoins des sujets en dehors de la cour, des ministres ou des conseillers. »
Ils comparaient donc le Créateur aux créatures, mais Allah est bien au-dessus de ce que peuvent dire les fabulateurs !
Ils prétendaient adorer ces statues dans le seul but qu’elles les rapprochent d’Allah et intercèdent en leur faveur. Chaykh donne ici la preuve de cela, en citant cette parole d’Allah سبحانه و تعالى :
{Quant à ceux qui ont adopté en dehors de Lui d’autres divinités, en disant : « Nous ne les adorons que pour qu’elles nous rapprochent davantage de Lui} [Sourate des Groupes, verset 3]
Voilà ce qui les poussait à adorer ces idoles.
La preuve qu’ils ont également espoir en leur intercession, est Sa parole سبحانه و تعالى :
{En dehors d’Allah, ils adorent des idoles qui ne peuvent ni les servir ni leur nuire, en disant : « Voilà nos intercesseurs auprès d’Allah ! »} [Sourate de Jonas, verset 18]
Donc, ils ne les adoraient pas en croyant qu’elles partageaient la Seigneurie [Rouboûbiyyah] avec Allah, mais ils les associaient à Allah en les divinisant [Ilâhiyyah].
A ce sujet, le Prophète صلى الله عليه و سلم dit à Housayn le père de ‘Imrân :
« Combien adores-tu de dieux à ce jour ? » Il répondit : « Sept : six sont sur terre et un est au ciel » – « Envers lequel d’entre eux places-tu tes espoirs et lequel suscite-t-il ta crainte ? ». Il répondit : « Celui qui est au ciel ? » (18)
Ainsi, pour eux, les divinités étaient multiples, mais le Créateur, le Pourvoyeur suprême, l’Administrateur, Celui qui donne la vie était unique.
Puis le Chaykh nous dit que l’intercession est de deux sortes :
La première, l’intercession rejetée, consiste à demander à autre qu’Allah ce que Lui seul peut faire, et c’est en cela qu’on foi les polythéistes. Pour eux l’intercession auprès d’Allah est pareille à celle entre les créatures : ils croient que les saints et les anges intercèdent auprès de Lui comme le font les ministres auprès des rois ou une personne auprès de son ami. Or, Allah rejette cette intercession, Il dit عز و جل :
{Ô vous qui croyez ! Donnez en aumône une partie des biens que nous vous avons octroyés, avant que ne vienne un jour où il n’y aura plus ni rachat, ni amitié, ni intercession. Ce sont les négateurs qui sont vraiment les injustes} [Sourate de la Vache, verset 254]
Cette intercession que les polythéistes pensent possible sans l’autorisation d’Allah, n’existera pas le jour de la résurrection.
En revanche, l’intercession d’une personne vivante et capable, à laquelle on demande d’invoquer [en sa faveur], est permise. Les compagnons demandaient au Prophète صلى الله عليه و سلم des invocations, aussi bien pour les choses de ce monde que pour celles de l’au-delà : il priait Allah pour qu’Il leur fasse descendre la pluie (19) ou pour qu’ils entrent au paradis.
Quand le Prophète صلى الله عليه و سلم a dit que soixante dix mille hommes de sa communauté entreront au paradis sans avoir de compte à rendre ni de châtiment à subir, ‘Oukâcha Ibn Mouhsin رضي الله عنه lui demanda : « Prie Allah, afin que je sois de ceux-là », le Prophète invoqua alors en sa faveur, en disant : « Ô Seigneur ! Fais qu’il soit parmi eux. » (20)
Ainsi lorsque le musulman prie pour son frère et qu’il demande à Allah de le rendre meilleur dans sa religion et sa vie d’ici-bas, il intercède en sa faveur.
La deuxième, l’intercession admise : cette intercession ne peut se faire qu’avec la permission d’Allah سبحانه و تعالى et à la faveur de ceux dont les œuvres Le satisfont, c’est-à-dire les partisans du Tawhîd. Le Coran indique clairement l’acceptation de cette intercession. Allah سبحانه و تعالى dit :
{Que d’anges dans les Cieux dont l’intercession n’aura aucune valeur, à moins qu’Allah ne l’ait autorisée et agréée en faveur de qui Il veut} [Sourate de l’Étoile, verset 26]
{Ils n’intercèdent qu’en faveur de ceux qu’il a déjà agréés} [Sourate des Prophètes, verset 28]
{Aucune intercession auprès de Lui ne peut être tentée sans Sa permission} [Sourate de la Vache, verset 255]
Ce qui veut dire que nul ne peut intercéder auprès d’Allah tant qu’Il ne lui en a pas donné la permission. C’est pour cette raison que lorsque l’on demandera au Messager صلى الله عليه و سلم d’intercéder, il ne commencera pas, dans un premier temps, par l’intercession. Il dit صلى الله عليه و سلم : « Je demanderai la permission [d’intercéder] à mon Seigneur. Il me l’accordera et m’inspirera des louanges, qu’à ce jour je ne connais pas, avec lesquelles je le glorifierai. Je le glorifierai avec ces louanges et me prosternerai devant Lui. On me dira alors : « Ô Mouhammad ! Lève ta tête et parle on t’écoute, demande on te donnera, intercède tu seras entendu » (21). Ce Hadîth montre qu’il ne pourra pas intercéder tant qu’Allah ne lui en donnera pas la permission.
Ce type d’intercession est celle du Messager صلى الله عليه و سلم, des prophètes, des anges et des croyants.
(18) Rapporté par At-Tirmidhî (3483) d’après un récit de ‘Imrân Ibn Housayn. At-Tirmidhî a dit que ce Hadîth était Gharîb et Ibn Al-Qayyim l’a authentifié dans son livre « Al-Wâbil As–Sayyib » p. 411.
(19) Boukhârî (n° 1013) et Mouslim (n° 897) ont rapporté d’après Anas Ibn Mâlik : « qu’un homme entra [dans la mosquée], pendant la prière du vendredi…. Le Messager d’Allah se tenait alors debout [sur le minbar] et prêchait. L’homme l’interpela en lui disant : « Ô Messager d’Allah ! Le bétail meurt et les cours d’eau sont à sec. Invoque Allah afin qu’Il nous envoie la pluie »
(20) Rapporté par Al-Boukhârî (n° 6541) d’après un récit d’Anas Ibn Mâlik et Mouslim (n°216) d’après un récit d’Aboû Hourayra
(21) Rapporté par Al-Boukhârî (7510) et Mouslim (192) d’après un récit d’Anas – Qu’Allah soit satisfait de lui –
Troisième règle
Le Prophète صلى الله عليه و سلم est apparu au milieu de peuples qui pratiquaient des cultes différents : il y en avait qui adoraient des anges, d’autres des prophètes et des hommes pieux, certains vénéraient des arbres et des pierres, ou encore, le soleil et la lune.
Or, le Messager d’Allah صلى الله عليه و سلم les a tous combattus sans faire de distinction.
La preuve est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’idolâtrie (22) et que tout culte soit rendu uniquement à Allah} [Sourate les Prises de guerre, verset 39]
La preuve au sujet de l’adoration du soleil et de la lune est Sa Parole عز و جل :
{Parmi les signes d’Allah, il y a la nuit et le jour, le Soleil et la Lune. Ne vous prosternez ni devant le Soleil ni devant la Lune, mais prosternez-vous uniquement devant Celui qui les a créés, si vous Lui vouez un culte sincère} [Sourate des Versets détaillés, verset 37]
La preuve au sujet de l’adoration des Anges est la suivante :
{Allah ne saurez vous ordonnez de prendre pour divinité les anges et les prophètes} (23)
[Sourate de la Famille d’Imrân, verset 80]La preuve concernant l’adoration des prophètes :
{Et lorsqu’Allah dit à Jésus : « Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux hommes : « Prenez-nous, ma mère et moi, pour divinités en dehors d’Allah ? » – « Gloire à Toi !, dit Jésus, il ne m’appartient pas de dire ce qui n’est pas une vérité pour moi. Si je l’avais dit, ne l’aurais-Tu pas su ? Car Tu sais ce qu’il y a en moi et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. En vérité, les mystères n’ont point de secret pour Toi} [Sourate de la Table, verset 116]
La preuve concernant la vénération des hommes pieux est Sa Parole عز و جل :
{Or, ceux qu’ils invoquent recherchent eux-mêmes à l’envi le moyen de se rapprocher le plus de leur Seigneur, espérant Sa miséricorde et redoutant Son châtiment} [Sourate du Voyage nocturne, verset 57]
La preuve de l’adoration des arbres et des pierres est Sa Parole :
{Que pensez-vous cependant d’al-Lât, d’al-Ouzzâ et de Manât, cette autre troisième divinité ?} [Sourate de l’Étoile, verset 19 et 20]
Il y a aussi ce récit d’Aboû Wâqid Al-Laythî رضي الله عنه qui dit : « Nous partîmes en expédition avec le Prophète صلى الله عليه و سلم à Hounayn. Nous avions, à cette époque, abandonné la mécréance depuis peu. Les polythéistes avaient un jujubier, au pied duquel ils avaient pris l’habitude de se tenir et d’accrocher leurs armes, et qu’on appelait : Dhât Anwât. Ainsi, alors que nous passions devant un jujubier, nous dîmes : « Ô Messager d’Allah ! Désigne-nous un Dhât Anwât comme leur Dhât Anwât … » (24), etc.
Il faut savoir qu’au moment où Allah a envoyé le Prophète صلى الله عليه و سلم appeler les hommes à l’adoration d’Allah, Seul sans associé, le Messager a trouvé des peuples très différents quant à leurs pratiques cultuelles et leur polythéisme : tous avaient leurs propres divinités. Allah سبحانه و تعالى dit :
{Ne soyez pas du nombre des idolâtres ; de ceux qui ont fait éclater leur religion en sectes différentes, en sorte que chaque secte se mit à prévaloir de sa doctrine}
[Sourate des Byzantins, versets 31 et 32]
Il y en avait qui adoraient le soleil et la lune, d’autres des anges ou des prophètes, certains vénéraient des hommes pieux et d’autres encore rendaient un culte aux arbres et aux pierres. Le Messager صلى الله عليه و سلم les a tous rendus mécréants. Il les a tous combattus sans faire de distinction.
Ainsi, nous ne dirons pas : « celui-là adore des anges et les anges ont un rang particulier, une certaine noblesse ». Non ! Tous ceux qui associent une autre adoration à celle d’Allah sont des polythéistes, des mécréants. L’adoration est un droit réservé à Allah, il n’est pas permis de la vouer à autre que Lui, ni à un ange proche ni à un prophète envoyé. Allah سبحانه و تعالى dit :
{Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition (25)}
[Sourate des Prises de guerre, verset 39]
C’est-à-dire jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de Chirk [polythéisme]. Allah a donné l’ordre de combattre tous les mécréants sans distinction.
Puis le Chaykh cite des versets qui prouvent l’existence de ces formes de Chirk, il dit : « La preuve au sujet de l’adoration du soleil et de la lune », c’est-à-dire la preuve que des gens adoraient le soleil et la lune, est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Parmi les signes d’Allah, il y a la nuit et le jour, le Soleil et la Lune. Ne vous prosternez ni devant le Soleil ni devant la Lune} [Sourate des Versets détaillés, verset 37]
Allah interdit que l’on se prosterne devant le Soleil et la Lune, et ordonne que l’on ne pose notre front au sol que pour Lui, qui les a créés. Lui seul mérite d’être adoré car Il est leur Créateur.
La huppe (26) dit au sujet de Bilqîs (27) :
{Et j’ai découvert qu’elle et son peuple adorent le Soleil au lieu d’adorer Allah}
[Sourate des Fourmis, verset 24]
La preuve que des personnes adoraient les anges et les prophètes, est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Allah ne saurait vous ordonner de prendre pour divinités les anges et les prophètes, car ce serait vous prêcher le polythéisme, alors que vous êtes maintenant devenus musulmans} [Sourate de la Famille d’Imrân, verset 80]
Ce verset prouve que certains polythéistes adoraient les anges et d’autres les prophètes.
La preuve que des gens adoraient des saints et des hommes pieux, est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Et lorsqu’Allah dit à Jésus : « Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux hommes : « Prenez-nous, ma mère et moi, pour divinités en dehors d’Allah ? » – « Gloire à Toi !, dit Jésus, il ne m’appartient pas de dire ce qui n’est pas une vérité pour moi. Si je l’avais dit, ne l’aurais-Tu pas su ? Car Tu sais ce qu’il y a en moi et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. En vérité, les mystères n’ont point de secret pour Toi. Je ne leur ai dit que ce que Tu m’as ordonné de leur dire, à savoir : « Adorez Allah, mon Seigneur et le vôtre ! »} [Sourate de la Table, verset 116 et 117]
Ce verset nous montre à la fois l’existence d’un polythéisme qui consiste à vénérer les prophètes, puisque Jésus est un prophète, mais aussi celle d’un polythéisme qui se manifeste dans l’adoration des êtres pieux, puisque sa mère était une femme pieuse.
La preuve que des personnes adorent des êtres pieux réside dans Sa Parole عز و جل:
{Dis : “Invoquez ceux que vous prétendez êtres des divinités en dehors d’Allah. Ils ne peuvent ni vous guérir du mal ni vous en préserver” Or, ceux qu’ils invoquent recherchent eux-mêmes à l’envi le moyen de se rapprocher le plus de leur Seigneur}
[Sourate du Voyage nocturne, verset 56 et 57]
Ces êtres adorés, que l’on invoque en dehors d’Allah, invoquent eux-mêmes leur Seigneur et recherchent à l’envi (28) le moyen de se rapprocher le plus de Lui. Ils espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. Comment pouvez-vous donc les adorer en dehors d’Allah ?
Certains ont dit que ce verset fut révélé au sujet de ceux qui adoraient les anges, ‘Ouzayr et le Messie (29). D’autres ont affirmé que des individus parmi les hommes adoraient des êtres parmi les jinns, puis que les jinns se convertirent à l’islam et que les hommes restèrent accrochés à leur religion (30).
La preuve que des hommes adorent des arbres et des pierres, est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Que pensez-vous cependant d’al-Lât, d’al-‘Ouzzâ et de Manât, cette autre troisième divinité ?} [Sourate de l’Étoile, verset 19 et 20]
Al-‘Ouzzâ était un arbre. On dit aussi qu’elle était représentée par trois gommiers (31) dans une vallée de palmier.
Manât était une statue située à Qoudayd, vénérée par les tribus d’Al-Aws et d’Al-Khazraj.
Al-Lât était un rocher blanc sculpté (ou gravé) situé à Tâif et sur lequel se dressait une maison entourée de rideaux protégée par des gardiens. Certains ont dit qu’Al-Lât était un homme qui préparait de la nourriture pour les pèlerins et qu’après sa mort les gens restèrent attachés à sa tombe. (32)
La preuve tirée de la Sounnah que des arbres étaient vénérés est ce Hadîth d’Aboû Wâqid Al-Laythî رضي الله عنه dans lequel il dit : « Nous partîmes en expédition avec le Prophète صلى الله عليه و سلم à Hounayn » : il s’agit de leur sortie avec le Messager صلى الله عليه و سلم de La Mecque en direction de Hounayn dans le but de combattre la tribu d’Hawâzin. Il dit : « Nous avions, à cette époque, abandonné la mécréance depuis peu », c’est-à-dire que le temps où ils vivaient dans la mécréance était proche, puisqu’ils sont devenus musulmans au moment de la conquête de La Mecque. Il dit : « Les polythéistes avaient un jujubier (33), au pied duquel ils avaient pris l’habitude de se tenir et d’accrocher leurs armes, et qu’on appelait : Dhât Anwât. Ainsi, alors que nous passions devant un jujubier, nous dîmes : « Ô Messager d’Allah ! Désigne-nous un Dhât Anwât comme leur Dhât Anwât », c’est-à-dire choisis-nous un jujubier sur lequel nous pourrons suspendre nos armes et auprès duquel nous chercherons la bénédiction. C’est par ignorance qu’ils dirent cela, et parce qu’ils venaient de quitter, depuis peu, cette mécréance dont ils ne s’étaient pas totalement déracinés. C’est la raison pour laquelle le Messager a durci le ton à leur égard, il dit صلى الله عليه و سلم : « Je jure par celui qui détient le sort de mon âme entre ses mains que vous avez dit la même chose que le peuple de Moïse : « Ô Moïse ! Fais-nous un dieu semblable aux leurs. » Vous prendrez, à n’en point douter, la voie de ceux qui vous ont précédés ». Il a durci le ton pour qu’ils se reprennent, qu’ils soient vigilants et sachent que ce genre de demande est un acte de mécréance, une erreur.
(22) Dans la traduction du professeur Mouhammad Chiadmi ont trouve « sédition », dans celle du complexe du roi Fahd « association » [Ndt].
(23) La suite du verset : {car ce serait vous prêcher le polythéisme, alors que vous êtes maintenant devenus musulmans} [Ndt].
(24) Hadîth rapporté par Ahmad (218/5) ; At-Tirmidhî qui l’a authentifié (2180) et Ibn Hibbân (6702)
(25) Traduction du complexe du roi Fahd: {Et combattez-les jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association} [Ndt].
(26) Oiseau de la grosseur d’un merle, qui a une petite touffe de plumes sur la tête [Dictionnaire le Littré].
(28) A l’envi : Autant que possible en s’encourageant mutuellement et en tentant de surpasser les autres [Définition de Wiktionnaire] [Ndt].
(29) Réf : Djâmi’ Al-Bayân page 103, d’après une parole d’Ibn ‘Abbâs
(30) Réf : Sahîh Al-Boukhârî (n° 4714) d’après un récit d’Ibn Mas’oud .
(31) Arbre qui produit de la gomme (notamment acacia, eucalyptus, mimosa) [Dictionnaire TLFi] [Ndt].
(32) Réf : Djâmi’ Al-Bayân page 87
(33) Les jujubiers sont des petits arbres de la famille des Rhamnacées, originaires des pays tropicaux et subtropicaux de l’ancien et du nouveau monde [Wikipédia][Ndt].
Quatrième règle
Les païens (34) de notre époque sont bien plus ancrés dans le polythéisme que les anciens. En effet, les anciens donnaient des associés à Allah en période de prospérité et Lui vouaient un culte exclusif quand ils étaient touchés par le malheur, alors que de nos jours le polythéisme de ces païens est permanent, aussi bien dans l’aisance que dans le malheur.
La preuve est Sa Parole سبحانه و تعالى :
{Quand ils se trouvent à bord d’un bateau, c’est Allah qu’ils invoquent, en Lui vouant un culte sans partage. Mais dès qu’Allah les sauve en les ramenant sur la terre ferme, ils ne tardent pas à Lui donner des associés} [Sourate de l’Araignée, verset 15]
Fin
Qu’Allah couvre d’éloge Mouhammad et lui accorde le salut ainsi qu’à sa famille et ses compagnons.
En d’autres termes, certaines formes de polythéisme sont plus absurdes que d’autres. La nature de la mécréance varie elle aussi. Les athées et les négateurs sont plus profondément ancrés dans la mécréance que ceux qui reconnaissent la Seigneurie d’Allah سبحانه و تعالى, même quand ces derniers sont polythéistes. De plus, la mécréance de celui qui prêche l’incroyance et écarte les hommes du sentier d’Allah est pire que celle de celui qui ne prêche pas et qui garde cette incroyance pour lui-même.
Les païens de notre époque sont bien plus ancrés dans le polythéisme que leurs ancêtres. En effet, les anciens donnaient des associés à Allah en période de prospérité, c’est-à-dire dans des situations d’aisance et de tranquillité. Par contre, ils vouaient, le plus souvent, un culte exclusif à Allah quand ils étaient dans l’adversité. C’est ce que nous raconte Allah à leur sujet dans de nombreux versets, Il dit سبحانه و تعالى :
{Quand ils se trouvent à bord d’un bateau, c’est Allah qu’ils invoquent, en Lui vouant un culte sans partage} [Sourate de l’Araignée, verset 65]
{C’est Lui qui dirige vos déplacement sur terre et sur mer. Et quand vous vous trouvez au bord d’un navire qui vogue au gré d’un vent favorable, tous les hommes qui y sont embarqués s’en réjouissent. Mais qu’une tempête survienne déchaînant contre eux les vagues de toutes parts et les mettant en péril, aussitôt ils se mettent à implorer Allah avec la plus grande ferveur en disant : « Si Tu nous sauves de ce péril, nous Te vouerons une vive reconnaissance ! »} [Sourate de Jonas, verset 22]
{Et si un danger vous menace en mer, vous ne trouverez plus trace de ceux que vous invoquiez en dehors de Lui. Mais une fois qu’Il vous a ramenés à terre saints et saufs, vous vous détournez aussitôt de Lui, car l’homme a toujours été ingrat}
[Sourate du Voyage nocturne, verset 67]
Par contre, les polythéistes de notre époque donnent des associés à Allah en permanence, aussi bien dans l’aisance que dans la difficulté – qu’Allah nous en préserve -. Ils sont peut-être même, dans la difficulté, plus versés dans le polythéisme que ne l’étaient les anciens dans l’aisance, ce qui prouve la force de leur attachement à leurs divinités et à ceux qu’ils vénèrent. Ceci est bien connu chez les païens affiliés à l’Islam, comme les Râfidas (35). On dit d’eux qu’ils implorent plus intensément, face à l’adversité, le secours de ‘Ali et d’Al-Housayn – Qu’Allah les agrée -. Il en est de même pour les adorateurs de tombe comme ceux qui vénèrent Al-Badawî et leurs semblables en Egypte et ailleurs ; quand ils vivent une épreuve douloureuse, ils font appel à ces morts qu’ils idolâtrent (36).
Le Chaykh رحمه الله cite dans son livre « Kachfou Ach-Choubouhât » une autre facette du polythéisme extrême de nos contemporains. Il dit : « Les anciens suppliaient, en même temps qu’ils invoquaient Allah, des êtres proches d’Allah : des prophètes, des saints ou des anges ; ou ils imploraient des arbres et des pierres qui ne désobéissent pas à Allah et Lui sont soumis. Les hommes de notre époque, quant à eux, invoquent Allah et les personnes les plus perverties. Ceux qu’ils invoquent sont ceux dont ils évoquent les péripéties immorales telles que la fornication, le vol et l’abandon de la prière entre autre. Ainsi, celui qui divinise des êtres pieux ou ce qui ne désobéit pas comme le bois et la pierre, est « moins pire » que celui qui divinise ceux dont la perversité et la corruption sont visibles, et qui atteste de cette perversité » (37). Ils en arrivent même à vénérer des mécréants et des athées comme Ibn ‘Arabî At–Tâi î, figure emblématique du panthéisme (38). Il est des hommes qui lui vouent un respect démesuré et en font une divinité.
Nul doute, que celui qui exagère à l’égard des êtres auxquels le fait de vouer amour et respect fait partie de la religion, tels que les anges, les prophètes et les hommes pieux, est moins égaré et pratique un polythéisme moins extrême que celui qui fait preuve d’exagération à l’égard de pervers ou d’athées.
Cela prouve jusqu’à quel point le polythéisme s’est infiltré dans cette communauté.
Le Chaykh vise les païens qui s’affilient à l’Islam tels que les Râfidas et les soufis adorateurs de tombes : ceux qui ont adopté des tombaux comme idoles auprès desquels ils partent en pèlerinage et effectuent la circumambulation [Tawâf]. Ils implorent le secours de ceux qui y sont enterrés quand ils sont dans la difficulté, qu’ils soient proches ou loin de ces tombes. Nous demandons à Allah le salut et le bien-être.
Le musulman doit se méfier du polythéisme et demander à son Seigneur qu’Il le préserve de toutes les formes qu’il peut prendre. En effet, l’idolâtrie a attiré de tout temps de nombreuses personnes. C’est pour cette raison qu’Abraham Al-Khalîl عليه السلام a dit :
{Préserve-moi ainsi que ma descendance de l’adoration des idoles qui ont, Seigneur, égaré un grand nombre d’hommes ! Quiconque me suivra sera des miens. Mais quiconque me désobéira… Seigneur, Tu es Clément et Miséricordieux}
[Sourate d’Abraham, verset 35 et 31]
Qu’Allah couvre d’éloge notre Prophète Mouhammad et lui accorde de salut.
(34) Qui pratique une religion polythéiste ou fétichiste [Dictionnaire TLFi]
Celui, celle qui adore plusieurs dieux [Le Littré] [Ndt].
(36) Adorer des idoles ou rendre à des créatures des honneurs divins [Dictionnaire le TLFi][Ndt]
(37) Kachfou Ach-Choubouhât dont nous traduirons l’explication prochainement Inchâ Allah
(38) Le panthéisme est une doctrine philosophique et métaphysique qui identifie Dieu au monde, à l’univers, selon laquelle il existe dans tout, dans la nature même des choses et des êtres vivants.
Le panthéisme cosmologique, celui qui considère l’univers et Dieu comme étant identiquement le même être [Dictionnaire Le Littré] [Ndt].
Ping : L’EXPLICATION DU LIVRE « LES 4 RÈGLES » – Islam et culture