Si celui dont le cœur vit manquait son Wird[1] [quotidien] de lecture du Coran ou de prière, il ressentirait suite à cela une douleur plus intense encore que s’il perdait ses biens ; il se retournerait dans son lit comme s’il était allongé sur de la braise.
Mais que pouvons-nous dire pour celui qui, de base, n’a pas de Wird ?! Pire encore, que pouvons-nous dire pour celui qui manque sa prière obligatoire sans éprouver d’affliction, ni de peine ?! C’est comme si le Messager d’Allah ﷺ ne s’adressait dans le hadîth qu’à ceux ayant des cœurs vivant lorsqu’il dit : « Celui qui manque la prière du ‘Asr, c’est comme s’il avait perdu sa famille et ses biens.« [2] C’est comme s’il les avait perdus et qu’ils périrent. Seul celui dont le cœur vit ressent ces choses-là ; quant aux autres, ils en sont loin, très loin.
Hâtim était une personne sourde, généreuse et faisait partie de ceux dont le cœur vivait. Il se souciait que le bien ne lui échappe pas, et quand il voulait propager cette vie à ceux qui l’entouraient, il rapportait son expérience en disant : « Un jour, j’ai loupé la prière en groupe et Aboû Ishâq Al-Boukhârî est venu, seul, me présenter ses condoléances. Cependant, si c’était l’un de mes enfants qui était décédé, plus de 10000 personnes m’auraient présenter leurs condoléances. Car pour eux, la calamité dans la religion est plus anodine que celle qui est mondaine. »
Un autre se préoccupait de la communauté, il s’agit d’Ouways Al-Qaranî. Et malgré sa grande misère et son extrême pauvreté, il ressentait sa part de responsabilité envers tout musulman affamé [qu’il ne pouvait nourrir] et tout dénudé [qu’il ne pouvait vêtir], et il demandait à Allah de lui pardonner ce péché… Qu’en est-il de nous qui sommes dans l’opulence et les dépenses superflues ?! Soufiân Ath-Thawrî رحمه الله dit à son sujet : « Ouways possédait un ridâ (Un habit couvrant la partie haute du corps) qui, lorsqu’il s’asseyait, touchait le sol. Il avait pour habitude de dire : « Ô Allah, je m’excuse auprès de Toi pour chaque ventre vide et corps dénudé. Malheureusement, je ne possède que le vêtement que je porte, et je n’ai [de nourriture] que ce qui se trouve dans mon estomac. »
Nous avons au 20ème siècle un homme célèbre qui avait cet intérêt-là, Chaykh Rachîd Ridâ رحمه الله. Un jour, sa mère entra auprès de lui et le vit préoccupé, elle lui demanda : « Qu’as-tu ? Est-ce qu’un musulman de Chine est mort ?! »
Le troisième [d’entre eux] est attaché à la vie du cœur et à la bonne fin, mais il ne sait pas : va-t-il mourir sur le bien ? Ou va-t-il quitter cette vie mondaine sinistrement ? Ainsi, Yahya Ibn Mou’âdh رحمه الله a dit : « Le repentant, son péché l’attriste. L’ascète, son étrangeté le chagrine. Et le véridique, c’est la peur que disparaisse sa foi qui le désole. »
Et enfin le quatrième, ce sont ses manquements [religieux] qui le préoccupent, au point de pleurer. Il s’agit également de Yahya Ibn Mou’âdh qui dit : « Je ne pleure pas pour mon âme si elle venait à mourir, mais je pleure mon besoin [d’accomplir des adorations] s’il venait à disparaître. »
[1] Le Wird est une chose que la personne s’impose quotidiennement à suivre que ce soit dans la lecture du coran, les prières etc. (Note du traducteur)
[2] Sahîh Al-Boukhârî, n°552
Source original : http://www.kalemtayeb.com/ (Traduction et adaptation par Le Cœur des Croyants)