C’est l’amour de ce bas monde qui peuple l’Enfer de damnés, tandis que le renoncement à ce bas-monde remplit d’élus le Paradis.
La vie est le vin du Diable, celui qui s’en enivre ne se réveille que dans le camp des morts, pris de remords entre les perdants.
Dans cette vie, chaque humain n’est qu’un invité, son argent n’est qu’un prêt. Or, l’invité finira par partir et le prêt finira par être remboursé.
L’amour de cette vie est le plus grand des péchés, car son amour implique son exaltation alors qu’elle est insignifiante auprès d’Allah qui l’a maudite. Aboû Hourayrah رضي الله عنه rapporte qu’il a entendu le Prophète صلى الله عليه وسلم dire : « Certes, ce bas-monde est maudit et tout ce qu’il contient est maudit sauf l’évocation d’Allah, de même qu’un savant ou un étudiant. » [At-Tirmidhî n°2322, Ibn Mâjah n°4112 ; authentifié par Al-Albânî].
Par ailleurs, l’amour de cette vie nuit à la vie dernière. En effet, la vie d’ici-bas et la vie dernière sont comme deux épouses d’un mari polygame : en faisant plaisir à l’une, tu contraries inévitablement l’autre.
L’amour de ce bas monde s’interpose entre le serviteur et l’accomplissement de ce qui est utile pour l’au-delà. C’est pour cela que l’homme fait montre d’une grave inattention en se fatiguant dans l’acquisition de biens mondains et dans la construction de ce qui finira par tomber en ruines, tout en sachant que tout ceci est voué à l’extinction et à la disparition. Yoûnous ‘Abd Al-A’lâ a dit : « Ce bas monde est semblable à un homme qui s’endort et qui voit dans son sommeil des choses qu’il aime, et d’autres qu’il n’aime pas. Il continue ainsi dans son rêve jusqu’à ce qu’il en soit extirpé. » [‘Ouddatou As-Sâbirîn, p.190] Ce réveil n’est autre que la mort.
Il incombe au serviteur de prendre garde à cette vie trompeuse et dupeuse, car sa joie est mêlée de tristesse, sa limpidité mêlée d’impureté. Quand bien même le Créateur n’aurait pas fourni à propos de cette vie d’inquiétantes indications, qu’ll appuya par des exemples parlants, elle se sera chargée de réveiller le dormeur et de secouer l’inattentif. Mais que dire alors qu’Allah nous a montré qu’elle ne vaut pas auprès de Lui l’aile d’un moustique ? L’insouciant croit-il que cette vie est éternelle ?
Extrait tiré du livre : « L’insouciance », écrit par le noble chaykh Mouhammad Sâlih Al-Mounajjid حفظه الله وفرج عنه, p.62 à 64, Al-Hadith éditions