05 – Hadith n°5 : « Il arrive parfois à mon cœur de se laisser recouvrir par un voile fin »

Le cinquième hadith : 

Al-Agharr Al-Mouzanî رضي الله عنه rapporte que le Prophète a dit : « Il arrive parfois à mon cœur de se laisser recouvrir par un voile fin. J’implore alors le pardon à Allah cent fois dans une même journée. » Rapporté par Mouslim.

Ce hadith nous incite à surveiller attentivement l’état du cœur – dans ses bons comme dans ses mauvais moments – à observer son activité ainsi que tout ce qui l’affecte.

Le Prophète lui-même dit : « Il arrive parfois à mon cœur de se laisser recouvrir par un voile fin. » Il guette ce qui se passe dans son cœur, le ressent, puis nous en informe en disant : « Il arrive parfois à mon cœur de se laisser recouvrir par un voile fin. J’implore alors le pardon à Allah cent fois dans une même journée. » Rapporté par Mouslim.

Ainsi, l’imam des musulmans surveille l’état de son cœur, connaît les choses qui peuvent l’affecter et ressent son état. Il dit alors : « Il arrive parfois à mon cœur de se laisser recouvrir par un voile fin (Youghân). »

Expliquons linguistiquement la signification du verbe arabe (Youghân) vis-à-vis du Prophète , avant d’expliquer le hadith, car le sujet est délicat.

Que signifie le terme Alghayn, [dont provient le verbe Youghân] ?

Le mot Ghayn est proche du sens du mot Ghaym (nuage fin). Youghân ‘alayhi, c’est-à-dire quelque chose qui recouvre le cœur et l’enveloppe.

Dans la langue arabe, Al-ghayn désigne ce qui couvre une chose. Tout ce qui s’interpose entre toi et quelque chose est appelé Ghayn en arabe. C’est pourquoi le nuage (Ghaym) est aussi appelé Ghayn, car il s’interpose entre toi et le ciel. Se référer aux ouvrages « Ma‘âlim as-sounan », « Matâli‘ al-anwâr ‘alâ sihâh al-âthâr », et « Charhou Mouslim » d’An-Nawawî.

Étant donné que ce hadith concerne le Prophète , certains savants ont préféré ne pas l’expliquer. Ils ont estimé que le sujet était sensible et qu’il valait mieux ne pas s’attarder à l’expliquer. Ils se sont limités à expliquer la signification linguistique du mot « Ghayn » puis se sont tus, par respect envers le Prophète . As-Souyoûtî a même dit : « Mon opinion est que ce hadith fait partie des hadiths équivoques, et qu’il ne convient pas d’approfondir l’explication. »

Al-Asma‘î (qu’Allah lui fasse miséricorde), un grand homme de science, fut questionné au sujet de ce hadith. Il répondit : « S’il s’agissait du cœur de quelqu’un d’autre que le Prophète ﷺ, j’en aurais parlé. » C’est-à-dire que si c’était le cœur d’un autre, j’aurais expliqué ce hadith. Mais puisqu’il s’agit du cœur du Prophète , je me tais. Il s’est donc contenté d’en donner l’explication linguistique. Il dit : « S’il s’agissait du cœur de quelqu’un d’autre que le Prophète ﷺ, j’en aurais parlé. Cependant, les Arabes disent que le mot Ghayn signifie un nuage fin (Ghaym). » Puis il se tut.

Toutefois, certains savants ont tout de même tenté d’expliquer ce hadith. Évidemment, que ne faut-il pas faire en l’expliquant ? Tenir des propos déplacés qui accuseraient le cœur du Prophète d’être touché pas quelque chose d’inapproprié. Que pouvons-nous donc dire ?

Faites-moi part des significations possibles de ce hadith. Nous savons qu’Al-ghayn, en langue arabe, désigne une chose qui recouvre ou tout ce qui fait obstacle entre deux éléments.

La question est maintenant de savoir : qu’est-ce qui a pu traverser le cœur du Prophète pour qu’il tienne ces paroles et nous informe qu’il implore le pardon à Allah cent fois ? Qu’est-ce donc ?

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« Par Allah ! Une nuit et une journée d’Abû Bakr sont meilleures que ‘Umar et toute sa famille. »

At-Talamankî a rapporté le hadith de Maymûn ibn Mihrân dans lequel il dit : « Lorsqu’Abû Mûsâ Al-Ach‘arî accomplissait le sermon du vendredi à Bassora – dont il était le gouverneur –, il priait sur le Prophète ﷺ puis il invoquait en la faveur de ‘Umar ibn Al-Khattâb.

Un jour, Dabbah ibn Mihsan Al-‘Anazî se leva et s’exclama : “Pourquoi n’as-tu pas cité son compagnon avant lui ? Le préfères-tu à lui – en faisant référence à Abû Bakr – ?” Puis il se rassit. Mais après avoir réitéré ces propos plusieurs fois, Abû Mûsâ s’irrita.

Il écrivit à ‘Umar رضي الله عنه pour l’informer que Dabbah le critiquait et agissait de telle sorte. ‘Umar écrivit à Dabbah pour qu’il se rende auprès de lui. Abû Mûsâ l’envoya.

Lorsque Dabbah arriva à Médine et qu’il se rendit auprès de ‘Umar, le garde annonça à ce dernier que Dabbah se tenait derrière la porte. 

‘Umar l’autorisa à entrer. Une fois à l’intérieur, il lui dit : “Tu n’es ni le bienvenu, ni comme chez toi !”

Dabbah répondit : “Concernant le lieu pour lequel on est la bienvenue, il appartient à Allah le Très-Haut. Et quant au fait d’être comme chez moi, je n’ai ici ni famille ni bien. Pourquoi as-tu approuvé que je quitte ma terre alors que je n’ai pas commis de péché et n’ai rien fait d’autre ?

– Que s’est-il passé entre toi et ton gouverneur ? demanda ‘Umar.

– Je vais t’en informer, émir des croyants. Lorsqu’il prononce le sermon [du vendredi], il loue Allah, Lui fait Ses éloges, prie sur le Prophète ﷺ, puis il invoque pour toi. Et ceci me mit en colère. Je lui ai donc dit : « Pourquoi n’as-tu pas cité son compagnon avant lui ? Le préfères-tu à lui ? » Puis il t’a écrit pour se plaindre de moi.”

‘Umar se mit à pleurer en disant : “Par Allah, tu es bien plus raisonnable et sensé que lui. Me pardonnes-tu mon erreur ? Qu’Allah te pardonne.”

Je répondis : “Qu’Allah te pardonne, ô émir des croyants.” ‘Umar pleura de plus belle et dit : “Par Allah ! Une nuit et une journée d’Abû Bakr sont meilleures que ‘Umar et toute sa famille. Veux-tu que je te raconte sa nuit et sa journée ?

– Oui, ô émir des croyants, répondis-je.

Concernant sa nuit : lorsque le Messager d’Allah ﷺ voulut quitter La Mecque pour fuir les polythéistes, il partit la nuit. Abû Bakr le suivit ; il marchait tantôt devant lui, tantôt derrière lui, parfois à sa droite et parfois à sa gauche. Le Messager d’Allah ﷺ, étonné, lui demanda : “Que fais-tu, Abû Bakr ? Je ne te reconnais pas dans ces agissements.”

Abû Bakr lui répondit : “Ô Messager d’Allah ! Quand je pense à d’éventuels embusqués, je me place devant toi. Et quand je pense à ceux qui nous poursuivent, je me place alors derrière toi. Et parfois je me place à ta droite et parfois à ta gauche. Je ne suis pas rassuré à ton sujet.”

Le Messager d’Allah ﷺ continua d’avancer sur la pointe des pieds, jusqu’à ce qu’ils s’écorchent. 

Lorsqu’Abû Bakr vit cela, il le porta sur ses épaules jusqu’à atteindre l’entrée de la grotte. Il le fit descendre et lui dit : “Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité ! Tu n’entreras pas tant que je n’y serai pas entré en premier. Une fois à l’intérieur, le Véridique trouva des terriers de serpents. Il décida de les obstruer avec son talon, mais les serpents se mirent à le mordre ou le frapper. Ses larmes coulèrent sur ses joues à cause de la douleur qu’il éprouvait, tandis que le Messager d’Allah ﷺ disait : 

﴿لَا تَحۡزَنۡ إِنَّ ٱللَّهَ مَعَنَاۖ﴾ 

{« Ne t’afflige pas, Allah est avec nous ! »} [At-Tawbah, v.40].

Allah fit ainsi descendre Sa tranquillité et Sa quiétude sur Abû Bakr.

Voici ce qu’est sa nuit.

Quant à sa journée : lorsque le Messager d’Allah ﷺ décéda, des Arabes apostasièrent. Certains dirent : nous prions, mais nous ne nous acquittons plus de l’aumône obligatoire. D’autres dirent : nous nous acquittons de l’aumône obligatoire, mais nous ne prions plus. Je me suis donc rendu auprès d’Abû Bakr, et je n’ai pas fait preuve de manquement en le conseillant. Je lui ai dit : “Ô Calife du Messager d’Allah ! Unis les gens et fais preuve de bonté envers eux.” Il me répondit : “Tu étais fort à l’époque préislamique et te voilà inquiet avec l’Islam ? L’âme du Messager d’Allah ﷺ a été reprise avec la révélation. Par Allah ! Même s’ils s’abstenaient de reverser un agal qu’ils avaient coutume de reverser au Messager d’Allah ﷺ, je les combattrais pour cela.” Et par Allah ! Il était clairvoyant dans sa décision.”

 ‘Umar écrivit ensuite à Abû Mûsâ pour le blâmer. »

Le hadith de Dabbah est l’un des hadiths les plus connus. (1) (2)

(1) Mon père a dit : « Il a été rapporté par Ad-Dînawarî dans son ouvrage « Al-mujâlasah » (t.5, p.380), numéro (2238), par Abû Al-Hasan ibn Bichrân dans son ouvrage « Fawâ-id », par Al-Bayhaqî dans son ouvrage « Ad-Dalâ-il » (t.2, p.476), par Al-Lâlakâ-î dans son ouvrage « As-Sunnah » (t.7, p.1354), numéro (2426) et rapporté par Al-Hâkim dans son ouvrage « Al-mustadrak » (t.3, p.7), numéro (4268), à propos duquel il dit : « C’est un hadith authentique. » Adh-Dhahabî approuva son jugement et dit : « Il est authentique avec une chaîne de transmission interrompue (Mursal). » (Kanzu-l-‘ummâl, t.12, p.491 – 494).
(2) « Minhâju-s-sunnah an-nabawiyyah » (t.2, p.185 et 186).

Source : « Abû Bakr le Véridique, le meilleur des Compagnons et le plus en droit au califat » (p.119 – 121)

Les quarante hadiths palestiniens – préparé par le chaykh Jihâd Al-‘Âyich

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Sommaire

 

« Ne devrais-je pas être un serviteur reconnaissant ? »

 

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‘Âichah rapporte avoir été questionnée à propos de la chose la plus étonnante qu’elle vit chez le Messager d’Allah ﷺ, elle répondit : “Une nuit, le Messager d’Allah ﷺ me dit : “Ô ‘Âichah ! Laisse-moi adorer mon Seigneur cette nuit.” Elle répondit : “Par Allah, tu sais ô combien j’aime ta compagnie et ce qui te réjouit !” 

Le Prophète ﷺ se leva, fit ses ablutions et pria. En prière, il ne cessa de pleurer jusqu’à mouiller son giron. Puis il pleura encore jusqu’à mouiller sa barbe. Et il pleura encore jusqu’à mouiller le sol.

C’est alors que Bilâl arriva pour appeler à la prière. Mais quand il vit que le Prophète ﷺ pleurait, il s’exclama : “Ô Messager d’Allah ! Pourquoi pleures-tu alors qu’Allah t’a déjà pardonné tes péchés antérieurs et futurs ?” Il répondit : “Ne devrais-je pas être un serviteur reconnaissant ? Cette nuit, un verset m’a été révélé, et malheur à celui qui le lit mais ne le médite pas : {Dans la création des cieux et de la terre, l’alternance du jour et de la nuit, il y a autant de signes pour des hommes doués de raison…} [S.3, v.190]. » [Rapporté par Ibn Hibbân, rendu bon par Al-Albânî].

Les cieux avec leur étendue, leur hauteur et tout ce qu’ils renferment comme le soleil et la lune, les étoiles et d’autres astres en orbite.

La terre avec ses profondeurs et son étendue, sur laquelle on y trouve mers, plaines et montagnes, des plantes, des arbres et des fruits, des animaux marins et terrestres, et toute une variété de minéraux.

Le changement et l’alternance entre le jour et la nuit, les différentes évolutions de la lumière du jour et l’obscurité de la nuit, la longueur des journées et des nuits ainsi que leur brièveté.

L’alternance entre la chaleur et le froid, l’ensoleillement et la pluie, l’aisance et la dureté. 

L’alternance des époques entre puissance et faiblesse, défaite et victoire, largesse et restriction, santé et maladie.

Tout ceci offre un espace aux serviteurs pour réfléchir, méditer et contempler les signes évidents et les preuves claires de Sa grandeur – exalté soit-Il. Quiconque médite ces signes ne pourra que témoigner de la grandeur d’Allah et réaliser qu’Il est l’Immense, le Tout-Puissant, le Créateur de toute chose.

Dans ce verset, Allah spécifia les personnes douées de raison claire et pure car ce sont eux qui tirent profit de ces signes évidents et qui les regardent avec leur raison et leurs cœurs, et pas seulement avec le regard. En effet, ces hommes qui méditent et ressentent la grandeur d’Allah reconnaissent que tout cela n’a pas été créé en vain, c’est pourquoi ils disent : {« Tu n’as pas, Seigneur, créé tout ceci en vain. »} [S.3, v.191]. Ce n’est pas une création dépourvue de sagesse, Allah dit : {Nous ne les avons créés que pour une juste raison} [S.44, v.39], l’adoration d’Allah.

En méditant les signes grandioses d’Allah dans le Coran et l’Univers, la crainte s’installe chez le croyant et le cœur du serviteur atteste de la grandeur du Seigneur. Le serviteur se retrouve ainsi entièrement soumis à son Créateur. Allah dit dans le verset suivant : {des hommes doués de raison qui, debout, assis ou allongés sur le côté, invoquent le nom d’Allah et méditent la création des cieux et de la terre, disant : « Tu n’as pas, Seigneur, créé tout ceci en vain. Gloire à Toi ! Préserve-nous des tourments de l’Enfer !} [S.3, v.191]

Tu remarqueras que l’on retrouve dans ce dernier verset l’adoration du cœur : {méditent la création des cieux et de la terre}.

De la langue : {“Tu n’as pas, Seigneur, créé tout ceci en vain. Gloire à Toi !”}.

Et du corps : {qui, debout, assis ou allongés sur le côté, invoquent le nom d’Allah}. 

Tout ceci montre que celui qui médite les signes d’Allah, c’est bel et bien tout son être qui se soumettra à Lui.

Le hadith de ‘Âichah met donc en garde contre celui qui lit ce verset mais ne le médite pas.

Souce : résumé et adaptation de l’explication du hadith du noble chaykh Mouhammad Al-Mounajjid – qu’Allah le libère.

Pourquoi le Prophète ﷺ n’a pas mangé d’uromastyx

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Le Prophète ne critiquait pas ce qu’on lui présentait comme nourriture, il ne la dénigrait pas ni pour son goût ni à cause d’un manque de perfection dans sa cuisson ou sa préparation.

D’après Abou Hourayrah رضي الله عنه : « Le Prophète صلى الله عليه وسلم n’a jamais dénigré un plat, s’il le désirait, il le mangeait ; sinon il le laissait. » [Rapporté par Al-Boukhari et Mouslim]

عن أبي هريرة – رضي الله عنه – قال : (ما عاب رسول الله – صلى الله عليه وسلم – طعامًا قط، إن اشتهاه أكله، وإن كرِهه تركه) ؛ متفق عليه

Donc s’il n’en voulait pas, il le laissait et se taisait. Mais lorsqu’on l’interrogeait sur cela, il en expliquait la raison. 

Dans un hadith authentique rapporté par Mouslim et d’après Khalid ibn Al-Walid رضي الله عنه, on posa à la table du Prophète صلى الله عليه وسلم un plat d’uromastyx (lézard du désert) [voir photo]. Le Prophète صلى الله عليه وسلم n’y toucha pas. Khalid ibn Al-Walid demanda alors : « Est-ce illicite ô Messager d’Allah ? » Il répondit :  « Non, mais on ne le trouve pas sur la terre de mon peuple, j’en ressens donc de la répulsion. » (c’est-à-dire que ce n’était pas dans les habitudes de son peuple d’en manger). Khalid ibn Al-Walid en mangea alors et le Prophète صلى الله عليه وسلم le regardait. 

عن عبدالله بن عباس رضي الله عنهما عن خالد بن الوليد رضي الله عنه : أنه دخل مع رسول الله صلى الله عليه وسلم بيت ميمونة، فأُتي بضب محنوذ، فأهوى إليه رسول الله صلى الله عليه وسلم بيده، فقال بعض النسوة : أخبِروا رسول الله صلى الله عليه وسلم بما يريد أن يأكل، فقالوا : هو ضب يا رسول الله، فرفَع يده، فقلت: أحرام هو يا رسول الله ؟ فقال: (لا، ولكن لم يكن بأرض قومي؛ فأجدني أَعافُه)، قال خالد : فاجتررتُه فأكلته ورسولُ الله صلى الله عليه وسلم ينظر

« […] de faire du Coran le printemps de mon coeur, la lumière de ma poitrine, la dissipation de ma tristesse et la fin de mes soucis » 

L’imam Ahmad rapporte dans son Mousnad un hadîth selon ‘Abd Allah Ibn Mas’oûd رضي الله عنه où le Prophète ﷺ dit :

« Pas une personne touchée par un souci ou une tristesse ne dit : « Ô mon Seigneur je suis Ton serviteur, fils de Ton serviteur, fils de Ta servante. Mon toupet est dans Ta Main. Ton jugement s’accomplit sur moi, Ton décret est juste à mon égard.

Je Te demande par tous les noms qui t’appartiennent, avec lesquels Tu t’es nommé, ou que Tu as enseignés à l’une de Tes créatures, ou que Tu as révélés dans Ton Livre, ou bien que Tu as gardés secret dans Ta science de l’invisible, de faire du Coran le printemps de mon coeur, la lumière de ma poitrine, la dissipation de ma tristesse et la fin de mes soucis »[1] sans qu’Allah ne lui retire ses soucis et sa tristesse et les remplace par un sentiment de bonheur. »

On lui demanda : « Ô Messager d’Allah ! Devons-nous l’apprendre ? » Il répondit : « Bien sûr, il convient à tous ceux qui l’entendent de l’apprendre. »

Nous l’avons certainement entendu de nombreuses fois dans des sermons (Khoutbah), des cours ou lu dans des livres… Mais il se peut que certains d’entre-nous ne se soient pas motivés à l’apprendre, ni par la mémorisation, ni par la compréhension de ses sens, ni en la disant lorsqu’un souci nous touche.

Et ces trois aspects sont trois sortes de négligence :

1) La personne se montre de base négligente dans la mémorisation de cette invocation, sa lecture et sa révision. 

2) Ou bien elle l’a mémorisée mais elle est passée outre la compréhension de ses sens et ne s’est pas arrêtée sur ses significations. 

3) Ou encore elle néglige le fait de la dire : si elle est tourmentée ou préoccupée elle s’active dans de nombreuses affaires mais il ne lui vient pas à l’esprit cette invocation bénie.

Il convient de nous remettre en question et de combattre notre âme afin qu’elle guérisse.

Cette invocation est bénie, il ﷺ nous a informé qu’il n’y a pas de personne touchée par un souci ou une angoisse et qui la prononce sans qu’Allah ne les lui retire et les remplace par une joie – et dans une autre version « un soulagement ».

L’inquiétude qui recouvrait son coeur et lui était douloureuse se transforme en une joie après cette invocation, elle se transforme en quiétude. Par la suite, il émane d’Allah le soulagement de ce qui touchait l’individu.

Et c’est le véridique qui ne prononce rien sous l’effet de la passion qui nous a indiqué cela, il ﷺ nous en a informé et nous a orienté vers cette invocation.

Par Allah, cette parole est vérité ! Elle contient ce qui soulage les afflictions et guérit les angoisses. Elle aboutit au soulagement et à sa concrétisation comme notre Messager ﷺ nous en a informé.

Quant à nous, nous avons besoin de trois choses vis-à-vis de cette invocation que j’ai indiqué comme suit :

La première chose, c’est de la mémoriser.

La seconde, c’est d’en comprendre les sens.

Et la troisième, c’est de veiller (à la dire) si l’un de nous est touché par un souci ou une angoisse.

Lorsque nous observons cette invocation, nous constatons qu’elle repose sur quatre fondements indispensables pour remédier aux afflictions. Il convient de la méditer et de veiller à la comprendre quand nous la disons :

Le premier fondement : 

Concrétiser l’adoration d’Allah. 

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Il a peu oeuvré et a été grandement récompensé – Chaykh ‘Abd Ar-Razzâq Al-Badr

 

« Si je reste vivant jusqu’à ce que je termine mes dattes, ce serait une trop longue vie »

L’imam Mouslim رحمه الله a rapporté d’après Anas Ibn Mâlik رضي الله عنه, dans le récit sur la bataille de Badr. Lorsque les polythéistes s’approchèrent, le Prophète صلى الله عليه وسلم dit :

« Levez-vous vers un Paradis aussi large que les cieux et la terre. »
‘Oumayr Ibn Al-Hammâm s’exclama : « Ô Messager d’Allah !  Un Paradis aussi large que les cieux et la terre ? » Il lui dit : « Oui ». ‘Oumayr dit : « Bakhin bakhin ». Le Messager d’Allah صلى الله عليه وسلم demanda : « Qu’est-ce qui te pousse à dire bakhin bakhin ? » Il lui dit : « Non, par Allah, ce n’est que par espoir d’être parmi ses habitants. » Il صلى الله عليه وسلم lui-même dit : « Tu es certes parmi ses habitants. » Puis ‘Oumayr sortit des dattes de son sac et se mit à en manger, avant de dire : « Si je reste vivant jusqu’à ce que je termine mes dattes, ce serait une trop longue vie. » Il jeta tout ce qu’il avait comme dattes et se mit à combattre jusqu’à ce qu’il se fit tuer. »

Rapporté par Mouslim, n°1901

« Certes, la foi s’use à l’intérieur de l’un d’entre vous de la même manière que s’use l’habit… »

Al-Hâkim rapporte dans Al-Moustadrak ainsi qu’At-Tabarânî dans Al-Mou’jam que le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « Certes, la foi s’use à l’intérieur de l’un d’entre vous de la même manière que s’use l’habit. Alors, demandez à Allah qu’Il renouvelle la foi dans vos coeurs. »[1]

Il veut dire par là que la foi s’use dans le coeur comme s’use l’habit lorsqu’il se déchire et devient ancien. En effet, il arrive parfois que le coeur du croyant s’obscurcisse et devienne sombre à cause d’un nuage de péchés. Cette situation à été décrite par le Prophète صلى الله عليه وسلم dans un hadîth authentique où il dit : « Il n’est pas un coeur qui n’ait un nuage comme celui qui voile la lune. Tandis que la lune est lumineuse, lorsqu’un nuage passe devant elle, il l’obscurcit. Mais lorsqu’il la quitte, elle redevient lumineuse. »[2]

Donc, il arrive qu’un nuage passe devant la lune pour cacher sa lumière mais il part aussitôt et sa lumière illumine à nouveau le ciel. De même, parfois, le coeur du croyant est recouvert de nuages sombres de péchés qui voilent sa lumière. L’homme demeure alors dans l’obscurité et la mélancolie. Mais, lorsqu’il s’efforce de renforcer sa foi, en sollicitant l’aide à Allah Tout Puissant et Tout-Majestueux, ces nuages se dissipent et la lumière retourne à son coeur comme auparavant.

L’un des points fondamentaux qui permettent de comprendre la question de la faiblesse de la foi et son traitement, est la cognition que la foi augmente et diminue.

Cette conception fait partie de la croyance même des gens de la Sounnah et de l’Unité, qui confirment que la foi est une déclaration verbale, une croyance adoptée par le coeur et un acte confirmé par les membres, qui augmente par l’obéissance à Allah et diminue par la transgression de Ses lois. Ceci est appuyé par des arguments émanant du Coran et de la Sounnah tels que : (C’est Lui qui a fait descendre la quiétude dans les coeurs des croyants afin qu’ils ajoutent une foi à le foi) (S.58, v.3)

(Et quand une sourate est révélée, il en est parmi eux qui disent : « Quel est celui d’entre vous dont elle fait croître la foi ? ») (S.9, v.124)

La parole du Prophète صلى الله عليه وسلم : « Quiconque est témoin d’un acte blâmable qu’il le corrige avec sa main. S’il ne peut le faire, alors qu’il le fasse avec sa langue. S’il ne peut le faire, que ce soit avec son coeur. Tel est le degré le plus bas de la foi. »[3]

L’effet de l’obéissance et de la désobéissance sur l’augmentation et la diminution de la foi est un fait connu et attesté. Si quelqu’un va au marché, regarde les femmes et écoute les cris et les futilités des gens, puis se rend au cimetière, réfléchit et voit son coeur s’adoucir, il trouvera une grande différence entre les deux situations. Donc le coeur change vite.

À propos de la relation de conception avec notre sujet, certains prédécesseurs ont dit : « L’intelligence du serviteur consiste à entretenir sa foi et à combler son manque. L’intelligence du serviteur consiste à savoir si sa foi augmente ou diminue. Et l’intelligence de l’homme consiste à savoir comment et d’où viennent les suggestions du diable. »[4]

Il est nécessaire de savoir que, si la diminution de la foi conduit à abandonner un devoir religieux ou à commettre un péché, il s’agit à ce moment là d’un grave laxisme. Celui qui en est éprouvé est blâmable ; il lui incombe de se repentir à Allah عز وجل et de remédier à son cas.

Lorsqu’une telle insouciance ne conduit ni à l’abandon des devoirs religieux ni à commettre un péché, mais se limite à une régression des actes subrogatoires, par exemple : il faut se contrôler et faire l’effort pour retrouver sa vigueur et sa force dans l’adoration. Ceci est tiré de la parole du Prophète صلى الله عليه وسلم : « Chaque oeuvre demande de la vigueur et toute vigueur à un temps. Alors, quiconque passe le temps de sa vigueur à appliquer ma tradition (Sounnah) sera sur le bon chemin. Par contre, celui qui passe le temps de sa vigueur à autre chose périra. »[5]

Avant d’aborder le traitement, il serait bien de faire une remarque : la plupart des gens qui ressentent un endurcissement du coeur, cherchent des remèdes extérieurs en comptant ainsi sur les autres. Or, s’ils le voulaient, ils pourraient se guérir eux-mêmes. Ceci est la vrai voie pour le traitement de cette maladie, car la foi est une relation entre le serviteur et son Seigneur.

[1] Rapporté par Al-Hâkim dans son Al-Moustadrak, t.1, p.4 ; Al-Haythamî a dit dans Majma’ Az-Zawâ’îd, t.1, p.52 : « Il est rapporté par At-Tabarânî dans Mou’jam Al-Kabîr et sa chaîne de transmission est fiable. Voir As-Silsilah As-Sahîhah, n°1585
[2] Rapporté par Aboû Nou’aym dans AL-Hilyah, t.2, p.196, voir As-silsilah As-Sahîhah, n°2268
[3] Rapporté par Al-Boukhârî, voir Fath Al-Bârî, t.1, p.51
[4] Rapporté par Ibn ‘Îssa dans son explication d’Al-Noûniyyah d’Ibn Al-Qayyim, t.2 p.140
[5] Rapporté par l’Imam Ahmad, t.2, p.210, voir Sahîh At-Targhîb, n°55

Source : « Comment augmenter ma foi » du noble Chaykh Mouhammad Sâlih Al-Mounajjid, Al-Hadîth éditions

Celui (ou celle) qui défend l’honneur de ses frères et soeurs

Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : « Celui qui défend l’honneur de son frère, Allah éloignera le Feu de son visage le Jour de la Résurrection. » (Rapporté et authentifié par At-Tirmidhî)